07/11/2000
Un
député socialiste reprend l'assaut contre les
brevets logiciels
"Ne
pas modifier en novembre 2000 l'article 52 de la Convention
de Munich afin de ne pas activer le cheval de Troie qui sommeille
actuellement à l'OEB où de nombreux brevets
Internet accordés abusivement à des entreprises
non-européennes peuvent menacer du jour au lendemain
la nouvelle économie française." Telle
est la première des six doléances exprimées
dans un e-mail envoyé par le député socialiste
Jean-Yves Le Déaut à la presse et à 8 ministres
du gouvernement Jospin, dont le premier ministre lui-même.
Selon le député de Meurthe & Moselle, 75 %
de près de 10.000 brevets en 10 ans, qu'il
estime à la limite de la légalité, auraient
ainsi été déposés par des entreprises
non-européennes.
Alors que la Loi précise que les logiciels sont soumis
au régime des droits d'auteur au même titre que
les oeuvres littéraires, l'Office européen des
Brevets (OEB) pratique depuis quelques années une jurisprudence
contraire. Selon cette dernière, les éditeurs
de logiciels ont désormais la possibilité de
déposer leurs produits en tant que brevets, dans la
mesure où ceux-ci représentent "des inventions,
nouvelles, impliquant une activité inventive et susceptibles
d'application industrielle" (voir Les
Conseils de l'Avocat du mois d'avril). Outre le fait de
présenter un danger vis-à-vis des développeurs
européens que défend Jean-Yves Le Déaut,
la question de la brevetabilité des logiciels soulève
de nombreux problèmes. En effet, si la jurisprudence
de l'OEB évolue dans ce sens, le "droit à
diffuser ses propres oeuvres originales" prôné
par le député n'a plus de raison d'être.
En conséquence, la communauté Open Source se
verrait encadrée au profit d'importants éditeurs,
réduisant considérablement les possibilités
d'innovation.
En avril dernier, Jean-Yves Le Déaut avait participé
au dépôt d'une proposition
de loi sur les standards ouverts et l'accès libre
au code source des logiciels, en coopération avec deux
autres députés socialistes, Christian Paul et
Pierre Cohen. Dans le texte présenté à
l'assemblée était introduit le thème
du "droit à la compatibilité", exprimant
la possibilité pour un développeur, éditeur
ou libre, de choisir les standards avec lesquels ses applications
sont compatibles. Si une telle proposition vient à
être votée, la concurrence devrait s'en trouver
renforcée au bénéfice du consommateur.
Mais d'un autre côté, si la brevetabilité
des logiciels est étendue, en se basant sur les pratiques
d'éditeurs comme Microsoft, les standards pourraient
bien avoir à en souffrir. Plus qu'un retour en arrière,
une telle décision pourrait ainsi nuire fortement aux
intérêts de la nouvelle économie. [François
Morel, JDNet]
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