28/11/00
Pierre-Alain Lecointe, Coda France
: "Les entreprises sont en retard pour l'Euro"
Distributeur
et installateur du progiciel Coda
Financials de l'éditeur du même nom dans
l'Hexagone, Coda
France représente un effectif d'une cinquantaine
de personnes pour un chiffre d'affaires 1999 de 76 millions
de francs et un bénéfice net de 8 millions
en france. Pour l'an 2000, la société prévoit
une croissance de l'ordre de 40 %. Coda Financials,
l'ex-division de progiciels financiers de l'éditeur
Baan (acquis
depuis par Invensys),
a été rachetée en début d'année
par la SSII Science
Systems (voir article
du 9 février 2000).
Pierre-Alain Lecointe, directeur général de
Coda France, responsable des activités de Coda Financials
sur l'hexagone, fait le bilan de cette opération,
présente ses nouveaux produits, et soulève
quelques unes des problématiques liées à
l'Euro.
JDNet
Solutions : Pouvez-vous nous définir le métier de
Coda ?
Pierre-Alain Lecointe : En tant que Coda France,
nous sommes spécialistes en gestion comptable et
financière et nous ne distribuons que le progiciel
Coda Financials. Du côté des achats et de la
facturation, notre maison-mère reste dans un domaine
non-industriel. Notre outil e-Billing, sorti cet été,
fait partie de la gamme Financials, mais n'est pas un module
ERP. Il s'adresse au domaine des achats orientés
frais généraux.
Nous faisons également partie du monde du Web et
nous sommes certifiés auprès de différentes
normes, comme ebisXML de l'organisme XMLBasda et Microsoft
Biztalk. Le fait que nous soyons certifiés Microsoft
permet à l'utilisateur de nos solutions d'effectuer
des liens vers des sites d'achats Internet et le back-office.
Car l'intégration constitue l'une des problématiques
majeures dans le domaine de l'e-commerce.
Qui
sont vos clients ?
Nous démarrons à partir
de PME de 500 personnes avec un chiffre d'affaires
dépassant les 500 millions de francs, jusqu'aux
grands comptes. Au niveau de nos secteurs historiques, nous
sommes très présents dans la banque et la
finance, dans le négoce et la distribution, ainsi
que dans les services, en particulier les médias
et les transports. A présent, nous avons de nouveaux
secteurs cibles comme le tourisme, où nous avons
notamment signé avec le pôle Tourisme du groupe
Accor.
Dans la banque, nous pouvons citer plusieurs filiales du
groupe BNP-Paribas, Indocam, la banque Hervé et le
Crédit Foncier. Il y a trois mois, nous avons aussi
signé avec Fortis eBanking et aussi Fimatex, le trader
de la Société Générale. Parmi
nos autres clients, nous avons aussi Castorama, Norauto,
Euromaster, Ikea, Car'Glass, Picard Surgelés, M6,
NC Numéricable, Bayard Presse et enfin l'éditeur
Flammarion.
Etes-vous
satisfaits d'avoir quitté Baan et d'avoir rejoint
Science Systems?
Oui, et pour deux raisons. Tout d'abord,
Science Systems est en meilleure santé financière
que ne l'était Baan, et ses capacités d'investissements
dans nos produits sont plus élevées. Et cela,
même si nous étions leur seule division à
dégager des bénéfices.
Ensuite, Science Systems se focalise également sur
la gestion et la finance, et l'offre Coda Financials était
dispersée dans celle de Baan, qui dispose d'une quantité
importante de progiciels différents à son
actif.
Quelles
sont les nouveautés techniques de Coda Financials
v8 ?
Nous avons surtout beaucoup appuyé
sur les apports en terme de performances, et nous pouvons
à présent manipuler de grosses bases dans
de bonnes conditions. Pour 50 millions de lignes d'écriture
par an, les gains de performance sont de l'ordre de 50 %
par rapport à la v7.
Dans le domaine fonctionnel, nous avons apporté des
améliorations inter-sociétés pour mieux
gérer les grands groupes multi-établissements.
Dans ce cas, les lourdeurs de configuration ont été
réduites en effectuant une seule fois les paramétrages
d'une société modèle afin de gagner
du temps en maintenance et mise en place de la solution.
Enfin, nous sommes désormais certifiés Euro
au niveau 2, et nous sommes très peu d'éditeurs
dans ce cas. Par rapport au niveau 1 (gestion de l'Euro
en tant que tel, des arrondis...), celui-ci prend en compte
la monnaie européenne dans l'interface et certifie
la gestion de la transformation des écritures ainsi
que de l'historique.
Quelles
sont, selon vous, les problématiques sous-tendues
par rapport au passage à l'Euro ?
Le problème majeur est que
les entreprises sont en général en retard
dans leur migration vers l'Euro, qui n'est pas vécue
comme une opportunité mais plutôt comme une
contrainte de plus. Peu d'entreprises, chez nos clients
et prospects, disposent d'un plan établi de migration
en cours. On a l'impression que les grandes entreprises
vont se réveiller cet été, voire même
au premier trimestre 2002. Auquel cas, nous allons inévitablement
retrouver les problèmes de ressources humaines qui
se sont manifestés lors du passage à l'an 2000.
Comment
y répondez-vous ?
Nous pratiquons deux choses pour nos
clients. Nous disposons d'une méthodologie de conversion.
Suivant celle-ci, les projets de migration sont de l'ordre
de 10 à 15 jours et nous poussons
nos clients à régler ce point dès maintenant.
Puis, à l'égard de nos prospects équipés
d'une autre solution, nous installons la dernière
version de Coda Financials en Euros, nous appliquons notre
méthodologie de reprise de l'existant, et nous ajoutons
un mois au projet d'implémentation qui dure en général
environ 3 mois. Enfin, nous essayons aussi de proposer
des routines de migration pour des produits tels que ceux
de Geac,
GFI ou
Comptarel de Scod.
Nous anticipons une vague un peu forte et du coup, nous
avons identifié les progiciels pour lesquels les
utilisateurs ont besoin de changement.
Quelles
méthodes pratiquez-vous pour réduire les délais
d'intégration ?
Il y a deux ans, il fallait 6 mois
pour implémenter Coda Financials. Depuis, nous avons
fait beaucoup d'efforts, et à partir de la v4 le
délai est passé à trois mois grâce
au préparamétrage dans les entreprises complexes.
Il n'est pas possible de descendre en dessous si l'on veut
correctement mener le projet à son terme, en pratiquant
notamment les formations associées.
Autrement, il sera bientôt possible de choisir notre
offre sous forme ASP et dans ce cadre, le préparamétrage
sera complet. Mais du coup, les états de gestion
seront spécifiques et il ne sera pas possible d'en
sortir, du moins dans un premier temps.
Avez-vous
des préconisations en terme d'EAI ?
Nous suggérons l'emploi de
deux types d'outils. Si l'entreprise est équipée
en client/serveur traditionnel, nous préconisons
les progiciels middleware Genio de Hummingbird
ou Règle du Jeu de Sopra.
Lorsque l'architecture se base sur les standards du web,
nous préconisons la norme XML pour accéder
à d'autres applications. Ici, il s'agit de notre
vision du futur.
Dans le dernier cas, si le client est équipé
de logiciels Internet qui ne supportent pas XML, nous n'avons
pas de solution directe. Il faut employer des API ou des
connecteurs EJB et le délai d'intégration
peut parfois être augmenté de trois mois dans
le cadre d'interfaces complexes.
Vous
allez proposer une offre ASP. Quelle est votre stratégie
dans ce domaine ?
Pour notre première offre ASP
destinée à nos clients et prospects directs,
nous avons monté un partenariat avec Aspeserve. Le
client a le choix entre de l'ASP pur et dur et du simple
hébergement d'applications. Par exemple, celui qui
possède déjà les licences ne prendra
que de l'hébergement. Le prix se monte à 1 000 francs
par utilisateur et par mois plus ou moins 300 francs
selon les options.
En parallèle, nous avons une deuxième stratégie
dont nous n'effectuons pas encore de promotion forte en
France. Nous allons proposer à de petites PME qui
éditent leurs propres portails verticaux d'y intégrer
la comptabilité comme service. Par exemple, nous
travaillons hors de France avec un portail dentaire qui
offre des formations, de l'aide au diagnostic, mais aussi
de la gestion de comptabilité de cabinet dentaire.
Mais en ce qui nous concerne, nous n'avons de relations
qu'avec les ASP.
Quelles
autres évolutions de votre offre pouvons-nous attendre
?
En gros, nous sommes comme tout le
monde en train de finaliser la mise à niveau des
versions "e-" de nos produits par rapport aux
versions client/serveur. Et nous allons compléter
celles-ci de fonctions peu développées en
client/serveur, comme la gestion des stocks. Tout cela fait
partie des projets de développements en cours.
Pierre-Alain Lecointe, 41 ans, est le directeur général
de Coda France depuis 1993. En 1998, il cumulait cette fonction
avec celle de vice-président Europe du Sud de l'éditeur
de progiciels de gestion intégrés Baan dont
Coda était l'une des divisions. Diplômé
de l'Essec, il a commencé sa carrière chez McCormack & Dodge
(DBS puis Geac), et a également démarré la filiale
française de l'éditeur de progiciels pour la gestion
de la production (GPAO) Marcam en 1991, devenu depuis Wonderware.
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