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12/07/2000

Bob Lewis, Infonet : "Nous attendons GPRS/UMTS, le Wap est trop faible."

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Fondé il y a 30 ans dans le giron de l'importante SSII américaine CSC Computer Science, l'opérateur de télécommunications Infonet entretient à présent un réseau international de presque un million de kilomètres, accessible depuis 3 500 villes dans 180 pays. Constitué à environ 76 % de fibre optique, celui-ci relie ses 63 centres à l'échelle mondiale à travers des liaisons voix, IP, Frame Relay et ATM.
De 480 millions de dollars en 2000-2001, le chiffre d'affaires d'Infonet devrait passer à près de 700 millions de dollars à la fin de l'exercice en cours.
Au sein d'un effectif mondial de 2 200 personnes, les 35 collaborateurs en France se répartissent entre les agences de Courbevoie (92) et Lyon.
Bob Lewis, le P-D.G. de la filiale française et vice-président Europe du Sud, nous expose la stratégie de l'opérateur qui s'oriente aujourd'hui vers de nouveaux domaines.


JDNet Solutions : quelle est l'étendue actuelle de vos activités ?
Bob Lewis : Nous sommes positionnés sur l'intégration des réseaux globaux pour nos clients. Au même titre que les communications et le trafic des clients entre un pays et l'autre, les logiciels et les applications sont très importants. C'est pourquoi nous couvrons un large éventail de services, de l'hébergement à la messagerie multi-clients en passant par la sécurité et l'identification grâce aux infrastructures PKI avec les standards RSA et IPSec. D'abord nous définissons les applicatifs et nous analysons le réseau, puis nous offrons des services Internet, intranet et extranet associés à une connectivité large bande. Nous pratiquons aussi l'intégration du réseau avec ceux des partenaires, et nous l'adaptons bien sûr en fonction de l'applicatif.

En fonction de quels critères décidez-vous qu'un réseau est approprié à tel ou tel type d'applicatif ?
Une entreprise qui utilise un ERP comme SAP, Oracle ou Peoplesoft aura besoin d'une garantie en terme de bande passante. Il lui faudra un débit permanent de 64 Kbps, par exemple, pour cette application uniquement. Evidemment, c'est différent pour les architectures Notes et les accès Internet, où le temps de réponse est plus long mais moins critique.
Dans le même temps, il faut aussi tenir compte du facteur géographique. Certains clients ont besoin d'une bande plus large dans un pays plutôt qu'un autre. En réponse à ces divers aspects, nous donnons la possibilité à nos clients de partager leur
réseau. Quelques utilisateurs sur des milliers peuvent ainsi bénéficier d'une garantie de débit suffisamment haut pour des applications à mission critique comme de la vidéoconférence ou des progiciels de gestion de la production.

Qui sont vos clients, en particulier dans l'Hexagone ?
En France, nous entretenons une forte relation avec les éditeurs de logiciels, notamment Business Objects et l'éditeur de jeux-vidéo Infogrames. Nous avons plus de 500 clients français sur Frame Relay, x.25 et IP, ce qui n'inclut pas les utilisateurs finaux connectés à travers les routeurs.
Nous travaillons aussi avec National Instruments qui fabrique des ordinateurs spécialisés pour les laboratoires scientifiques et qui disposent de sites à Londres, aux Etats-Unis et en Asie-Pacifique. Ils utilisent notre mélange de services pour élaborer une solution très intéressante avec une connectivité par Frame Relay. Grâce à cette technologie, ils peuvent bénéficier d'un service haut de gamme qui permet d'établir des priorités entre les applications sur le réseau.
En Europe, nous comptons aussi AOL parmi nos clients pour la gestion de leurs 12 centres d'appels, et nous leur fournissons un service de redirection de leurs internautes en fonction des questions, du niveau de réponse requis et de la langue appropriée.

Quelle dimension le modèle ASP prend-il au sein de vos activités ?
Pour l'instant, nous sommes restreints dans ce domaine à des applications de gestion des centres d'appels mais nous allons diversifier notre offre dans les mois à venir. En fait, l'ASP représente un petit pourcentage de notre business plan.

Quelles sont vos orientations technologiques privilégiées ?
Nous nous orientons plutôt vers le développement des produits mobiles qui jouent un grand rôle dans la mise à disposition des outils de l'entreprise vers ses collaborateurs distants.
Aujourd'hui, près de 2 millions d'utilisateurs professionnels sont dans ce cas. Or, nous ne nous intéressons pas seulement au GSM, mais aussi et surtout au GPRS et à l'UMTS qui représente pour nous la prochaine étape. Depuis 30 ans, nous avons réalisé des bénéfices chaque année et nous concourons pour une licence UMTS.
L'IP aussi est très important pour nous, et notre backbone européen assure près de 25 % du trafic IP du continent. Nous entretenons de nombreux accords de peering, et plus de 100 ISP européens nous achètent de l'infrastructure réseau.


En tant qu'opérateur de télécommunications, qu'est-ce qui vous différencie des autres ?
Nous venons juste de lancer un tarif intéressant et différent des autres concernant les communications vocales. Pour un prix très bas, le call changing apporte une tarification unique selon le pays de destination dans actuellement 44 pays différents. Un même appel vers la Grande-Bretagne, qu'il soit passé depuis Singapour, les Etats-Unis ou même l'Australie, ne coûte que 22 cents par minute suivant ce principe.

Etes-vous opérateur pour la boucle locale ?
Pour cela, nous travaillons avec d'autres opérateurs que nous choisissons en fonction du rapport le plus intéressant en terme de prix et de services. Plutôt que d'acquérir des licences pour la boucle locale, nous avons investi entre 300 et 400 millions de dollars dans notre infrastructure réseau cette année principalement sur le backbone en fibre optique.

Avez-vous des activités d'hébergement en France ?
Pour le moment, nos centres d'hébergement sont situés en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis. Nous sommes en train d'en ouvrir d'autres, mais nous n'avons pour la France aucune date spécifique arrêtée. Nous avons prévu cela pour 2001.

Quelle est votre politique en matière de qualité de service ?
Nous sommes très forts dans le domaine des SLA (Accords sur la qualité de service) avec un service de classe supérieure qui respecte la garantie contractuelle. Nous intervenons jusqu'au 6ème niveau dans des délais fixés de 2, 4 ou 6 heures. De plus, nous avons toujours deux lignes qui arrivent à chaque noeud pour la redondance.

Concernant le monde mobile, allez-vous offrir des services Wap ?
Les opérateurs qui n'offrent que le réseau sont ceux qui manquent le véritable avenir du wireless. Ceci dit, les applicatifs utilisateurs comme les achats d'actions ou la location de billets de théâtre ne sont pas directement notre métier. Le plus important, c'est de fournir l'infrastructure et la plate-forme qui rendent possible ces applicatifs.
Nous sommes en train de regarder le rôle que nous allons jouer de ce côté-là. Nous nous montrons très intéressés par les logiciels dans les mobiles, mais pas par le fait d'offrir, comme Vivendi, des applications de jeux.
Pour des logiciels plus professionnels, nous travaillons avec tous les constructeurs et les organisations qui connaissent le réseau.

De quel type d'applications pourrait-il s'agir ?
On peut imaginer, par exemple, des outils pour accéder à SAP, Oracle ou J.D.Edwards. La gestion de la production ne figure actuellement pas dans les produits mobiles, mais l'intégration entres les ordinateurs et ces nouveaux supports va changer le traitement des données.
Mais avec le GSM actuel, si vous essayez de brancher votre portable à ces outils c'est aujourd'hui quasiment impossible. Des solutions existent mais cela ne fonctionne pas. C'est pourquoi le marché du Wap est très faible aujourd'hui. Nous attendons le GPRS qui est beaucoup plus efficace et qui va commencer très bientôt dans les pays nordiques avec des constructeurs comme Nokia et Ericsson.

Avez-vous d'autres évolutions prévues ?
En gros, nous travaillons à des évolutions principalement dans les domaines de l'hébergement de sites web, de la sécurité et de l'ATM.


Bob Lewis, 44 ans a rejoint Infonet en juin 2000 en tant que P.-D.G. France. Il avait en charge depuis 1999 l'élaboration de la stratégie de commerce en ligne d'Apple en Europe. De 1997 à 1999, il a été consultant au sein du cabinet américain Edgar, Dunn & Company. Auparavant, il a passé 4 ans chez IBM Europe, à Paris où il avait en charge le développement du marché européen de commerce électronique et de la création de nouveaux canaux de distribution de produits et de services de veille technologique. Il a passé les 10 premières années de sa carrière chez IBM Angleterre comme chef des ventes, puis responsable de réseaux de distribution. Bob Lewis est diplômé de l'University College et du PGCE Institute of Education de Londres.


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