01/05/2001
Pierre-Yves Huruguen, Easyphone :
"La relation client est en train de changer"
Dès
sa création en 1993, Easyphone
fournit un logiciel middleware de couplage téléphonie/informatique
indépendant des plates-formes matérielles.
D'origine portugaise et devenu depuis néerlandais,
le groupe Altitude
Software, dont Easyphone est le représentant
français, édite depuis le début de
l'année une nouvelle solution, uCI 2000, consacrée
à la gestion des centres de contacts. Au total, l'entreprise
dispose de filiales dans 13 pays pour un effectif d'environ
500 employés dont 50 en France. Elle sert
un peu plus de 360 références représentant
près de 25 000 licences opérationnelles
dans 38 pays. Sur un chiffre d'affaires de 35 millions
de dollars au niveau mondial, l'Hexagone a généré
près de 20 millions de francs en l'an 2000.
Pierre-Yves Huruguen, le directeur général
d'Easyphone en France, décrypte la stratégie
de son entreprise, en compagnie de Thierry Petrens, le directeur
marketing EMEA d'Altitude Software.
JDNet
Solutions : Pourquoi avoir adopté le nom d'Easyphone
en France puisqu'au niveau mondial la société
s'appelle Altitude Software ?
Pierre-Yves Huruguen : Parce qu'il existe
une autre société du nom de Altitude en France,
et nous sommes en cours de négociation pour reprendre
le nom. Easyphone sera donc aussi bientôt Altitude
Software en France. Mais cela dépend de la négociation
et l'on ne peut présager de la longueur de la procédure.
Nous avons plus de 56 références en France
dont deux centres, ceux de Novacy et Internet Telecom, sur
la nouvelle solution uCI 2000 en Bêta version, qui
devrait être officielle à partir de février.
Qui
sont vos concurrents : Genesys, Aspect, Siebel...?
Genesys est clairement l'éditeur
le plus proche de notre positionnement. Cette société
se tourne vers le middleware CTI (couplage téléphonie/informatique),
mais en même temps, elle ne propose pas l'ensemble
de nos fonctionnalités, comme par exemple la gestion
de serveurs vocaux, l'enregistrement de conversations, le
scripting, la gestion de contenus interactifs sur différents
canaux et une interface de gestion complète des e-mails.
En fait, nous entendons partout le discours sur la vue à
360° des clients, mais le plus souvent, les prestataires
ne proposent que des services et pas de plate-forme.
Concernant Aspect, son outil touche essentiellement à
la gestion de la relation client. Or, nous ne sommes pas
éditeur d'une plate-forme de CRM, puisque ce n'est
pas notre domaine. De plus, leurs outils ne gèrent
pas les canaux de communication. Nous sommes souvent vus
comme concurrents mais nous sommes complémentaires.
Quant à Siebel, nous avons signé un accord
avec eux pour intégrer dans leur solution de 40 modules
la partie réelle de gestion des canaux qu'ils ne
possédaient pas. Comme nous sommes une plate-forme
indépendante, nous nous ouvrons aux technologies
tierces et nous disposons de tous les protocoles, par exemple,
vers tous les PaBX.
L'enregistrement
des conversations : est-ce légal dans un pays comme
la France ?
Nous fournissons l'outil, mais l'utilisateur
doit répondre aux attentes légales et doit
prévenir ses utilisateurs et ses ressources. Si nous
fournissions des voitures, il serait possible d'écraser
des piétons avec. C'est la même chose lorsque
nous vendons un serveur vocal, sachant qu'il est interdit
en France de l'utiliser pour pratiquer l'émission
d'appels. Evidemment, dans d'autres pays, c'est tout à
fait légal.
Quelles
sont les principales nouveautés de uCI 2000
?
Aujourd'hui, la solution propose de
répondre à la problématique du multicanal
avec une file d'attente universelle. De plus, les postes
des agents sont désormais des clients légers.
Quel que soit le canal employé par l'utilisateur,
l'agent disposera des informations sur tous les canaux et
d'un historique de la relation client. A l'heure actuelle,
peu de solutions proposent cette vision unique sur l'ensemble
des canaux. Or, nous sommes déjà opérationnels
sur deux sites en France et deux autres à l'étranger.
Prenons
par exemple Internet Telecom. Que recherchaient-ils ? Et
en combien de temps avez-vous déployé leur
plate-forme ?
Il est clair que leur principal objectif
était la gestion multicanal du fait de leurs clients,
qui mettent parfois leur marque sur des produits et services
que fournit Internet Telecom. Il s'agissait donc pour eux
d'offrir une assistance aux utilisateurs finaux à
travers tous les canaux possibles. D'autre part, ils recherchaient
une solution suffisamment ouverte pour s'intégrer
à l'existant.
La mise en oeuvre du site s'est résumée à
3 mois et demi pour l'ensemble des modules de la suite.
En amont, la réflexion avait déjà eu
lieu, ainsi que la rédaction du cahier des charges.
Le déploiement en lui-même n'a duré
que 5 ou 6 semaines, intégration au back-office
incluse.
Comment
assurez-vous un déploiement complet dans ces délais
relativement courts ?
Avec une architecture client léger,
il est facile de déployer des postes agents sans
avoir des coûts importants liés notamment aux
achats de matériels. De plus, il est simple de passer
d'un environnement Windows NT vers Unix, car il n'y a rien
à changer au niveau de la solution en place. Nous
avons en effet choisi la technologie Java et la seule contrainte
nécessaire est de posséder un navigateur,
sans même télécharger d'applet. Rappelons
qu'uCI 2000 est également installé dans des
environnements hétérogènes avec des
postes MacOS, ou même OS/2 Warp qui est très
présent dans le monde bancaire.
Votre
solution comporte-t-elle un datamart, et quelles sources
de données peuvent y être consolidées
?
Nous captons tout l'événementiel
au sein des bases système, qui ne sont pas propriétaires
et peuvent aussi bien fonctionner sur Oracle que Sybase,
Informix, SQL Server et DB2. Cela nous permet de consolider
les statistiques quel que soit le canal, et nous dépassons
en cela le cadre des ACD. Nous proposons réellement
une vue à 360° en même temps sur les canaux
en self-service comme les sites web, les serveurs vocaux
et l'e-banking, que sur les services assistés par
agent qui comprennent la voix, l'e-mail, le chat (discussion
en temps réel), la collaboration web et les points
de vente. C'est pourquoi nous raisonnons en centres de contacts,
et même en points de contacts clients.
Pourquoi
intégrer les réseaux d'agences à ce
processus ?
Le concept de relation client est
en train de changer. Toutes les personnes d'une entreprise
peuvent devenir un point de contact du client. C'est le
cas des agences traditionnelles. En général,
la plupart des personnes qui y travaillent ne disposent
pas de l'information en temps réel sur le client
qu'elles reçoivent. Aujourd'hui, nous leur donnons
la possibilité d'avoir cette information. Typiquement,
un client navigue sur le web, achète sur un site
et envoie sa confirmation de commande par mail. Puis, l'après-midi,
il passe à l'agence et demande où en est sa
requête. Or, à une époque où
le client devient de plus en plus volatile, il est important
de pouvoir satisfaire sa demande.
uCI
2000 est-elle en même temps une plate-forme décisionnelle
?
Nous fournissons des outils de statistiques,
mais pas d'analyse décisionnelle. Pour cela, nous
nous interfaçons avec les solutions du marché.
Le principe de notre solution est d'être la glue dans
la construction d'une interaction client unifiée.
Quelque part, nous représentons une espèce
de super-middleware. Car 80 % de la problématique
ne tient pas dans le paramétrage des produits mais
dans l'intégration des outils les uns avec les autres.
Quelles
vont être vos prochaines orientations technologiques
?
Nous allons mener trois grands types d'actions :
- La première consistera à proposer des solutions
verticalisées. Nous avons déjà commencé
avec une plate-forme pour les opérateurs de télécommunications
comportant la présentation de facture sur Internet,
la facturation sécurisée et l'activation de
services. Ces fonctions s'adressent aux gestionnaires de
flottes mobiles et peuvent être appliquées
au client final. Le second produit vertical est prévu
pour le premier trimestre 2001, et sera une solution destinée
aux banques.
- En second lieu, nous allons intégrer des solutions
mixtes web et client/serveur dans une même application.
Cela comporte un intérêt pour les personnes
qui possèdent des solutions existantes avec des scripts
en client/serveur et qui voudraient les faire migrer vers
un client léger. Nous avons aussi des outils de développement
de scripts qui nous ont permis de redévelopper complètement
le système de CRM de clients allemands, et ce pour
moins cher que le fait de racheter un outil de gestion de
la relation client.
- Enfin, notre troisième orientation concerne l'intégration
vers les commutateurs IP et les routeurs. Nous nous intéressons
de près à la technologie UnPaBX (ou non-PaBX).
Il s'agit de switching entièrement IP, et pour cela,
nous nous désolidarisons des anciens matériels
PaBX et nous nous rendons plutôt vers la convergence
que proposent, par exemple, les nouveaux routeurs Cisco.
Tout l'intérêt de cette technologie réside
dans le fait que, demain, nous allons pouvoir faire de la
voix sur IP en supprimant le double câblage. Il s'agit
clairement de l'évolution majeure pour l'année
2001.
uCI
2000 sera-t-elle aussi bientôt proposée suivant
un mode ASP (location d'applications en ligne) ?
Oui, et je pense que nous aurons une
offre en janvier. Nous sommes en cours de négociation
avec notre prestataire, lui-même partenaire d'un opérateur
de télécommunications assez connu. Nous allons
clairement lancer une offre ASP dans les jours qui viennent.
Quant à savoir si nous allons héberger nous-même
ce genre de solutions, je peux simplement vous dire que
c'est à l'étude.
Pierre-yves Huruguen, 39 ans, a débuté sa carrière
fraîchement diplômé de l'ESIEE en 1984
au sein du département commercial de la société Lbernard.
En 1986, il rejoint AMS comme responsable export sur la
zone Europe du Sud. Puis, il intègre l'équipe de
l'éditeur Computer Associates en 1989 en tant que
responsable commercial grands comptes, avant de devenir
en 1991 directeur commercial sur la ligne de solutions d'industrialisation
de centres informatiques. En 1999, il est promu vice-president
de la division en charge des sociétés d'intégration et d'infogérance.
En octobre 2000, il intègre le groupe Altitude Software
(Easyphone en France) en tant que directeur général France
avec pour mission de développer les opérations de la filiale.
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