22/02/01
Alexandre Dayon, Instranet :
"Nos extranets sont comme des hypercubes..."
Créée
en mai 1999, la start-up Instranet
est l'oeuvre de ses deux fondateurs, Alexandre Dayon et
Jean-Noël Grandval, tous deux issus de la direction
de Business Objects. Dès le départ, le nouvel
éditeur de logiciels consacrés à la
gestion de contenus web a développé une technologie
innovante s'inspirant notamment des systèmes d'information
décisionnels. Après 9 mois de commercialisation,
sa plate-forme équipe un nombre croissant de grandes
entreprises telles que Vivendi, Axa Corporate Solutions,
France Télécom, PSA ou la SSII Sopra. Forte
d'un effectif de 65 employés, Instranet déclare
un chiffre d'affaires de 9,1 millions de francs pour
2000. Ses deux fondateurs présentent la stratégie
de leur entreprise et dévoilent quelques clefs de
leur technologie innovante.
JDNet
Solutions : Comment vous définissez-vous ?
Instranet : Nous sommes un éditeur
de logiciels de type portail d'entreprise, et notre cible
s'apparente aux sociétés du classement Fortune 1000.
Nous sommes positionnés sur le segment de la gestion
des contenus web, un marché approchant le milliard
de dollars en 2001. Et dans ce cadre, nous nous concentrons
sur l'extranet.
Pourquoi avoir choisi le domaine
spécifique des extranets ?
L'extranet est une tendance importante aujourd'hui.
Elle permet par exemple à notre client Zurich Insurance
de mettre à disposition d'une centaine de ses importants
clients plus de 200 produits d'assurance. Au départ,
cette entreprise américaine proposait des flux d'informations
très désorganisés avec un mélange
de courrier postal, de mails, etc. Et ce sont ses clients
qui lui ont demandé de fédérer ses
processus d'information. Or, notre plate-forme Instranet
2000 s'y prête bien puisqu'elle couvre la publication
des informations, leur organisation et leur livraison personnalisée
en fonction de règles métier.
Comment procédez-vous
techniquement pour construire le portail extranet ? Et quel
est l'élément différenciateur de votre
solution ?
Dans le contexte d'une entreprise multiforme
comme Cisco par exemple, nous faisons face à une
source très complexe représentée à
travers les règles métier, et à une
destination donnée qui correspond à un client.
En procédant à l'extraction des règles
de gestion du système d'information, nous concevons
des méta-données qui servent à décrire
le modèle d'organisation du contenu. Au lieu d'être
une hiérarchie simple de liens, le site web devient
alors un hypercube. Les trois dimensions hiérarchisées
peuvent être le client sur un plan horizontal, la
description des produits sur un second vertical de côté,
et la description de l'organisation de l'entreprise sur
le troisième vu de face. En plus de cela, nous apportons
une dimension supplémentaire d'intégration
avec les applications, qui permet à l'extranet d'être
synchronisé par exemple avec les progiciels CRM et
ERP de l'entreprise.
Des hypercubes : il s'agit
donc bel et bien d'une reprise de votre expérience
des technologies décisionnelles enrichie chez Business
Objects ?
Nous appliquons en effet notre expertise
multi-dimensionnelle à la gestion des contenus web.
Mais ce que nous proposons peut aussi s'apparenter à
des "spreadsheets", c'est-à-dire des tableurs
de pointe qui produisent des données sous différents
angles. Lorsque nous créons les dimensions d'un cube,
celles-ci peuvent être liées par l'existence
d'une donnée qui peut être par exemple le chiffre
d'affaires de l'entreprise. Mais chaque dimension en soi
reflète des événements du business
qui ne sont pas liés.
Fournissez-vous le cube préconfiguré
? Sinon, quelle démarche une entreprise doit-elle
adopter pour construire son site ?
Nous vendons le cube sans aucune dimension.
Pour le client, le premier principe consiste à définir
la plate-forme web et quels seront ses axes. A ce moment-là,
il doit se poser trois questions : quelles sont les
règles d'organisation thématique du contenu
? Qui sont les émetteurs de ce contenu ? Et quelles
sont les règles de sécurité à
mettre en place ? Ces dernières peuvent aussi servir
à la dimension client pour personnaliser les vues
en fonction des profils.
Pourquoi avoir choisi cette
technologie des hypercubes ?
L'intérêt des hypercubes, qui
est une technologie que nous avons brevetée, est
considérable par rapport à un système
de fichiers hiérarchisés. L'une des raisons
qui pousse les entreprises à acquérir notre
plate-forme est la capacité du modèle multidimensionnel
à piloter des règles de gestion complètes.
Tous nos prospects avaient essayé de résoudre
des problématiques d'information complexes à
des niveaux différents et n'y étaient pas
arrivés. A partir de la même plate-forme, nous
leur proposons un site web pour chacun de leur grand client
en fonction des règles de gestion.
Sur quels standards votre solution
s'appuie-t-elle ?
Nous nous appuyons sur XML pour le stockage
des informations dans des bases relationnelles. Tout le
code en soi s'appuie sur des servlets Java. Au niveau de
la publication, nous utilisons du HTML dynamique dans le
navigateur, et des tags JSP 1.1 qui appellent ensuite des
composants EJB. L'affichage des pages est ainsi "browser-based"
et ne nécessite pas le téléchargement
d'applets. Concernant le modèle de sécurité,
notre produit supporte le protocole LDap v3. Du côté
des bases de données relationnelles, nous sommes
compatibles avec Oracle et en cours de finalisation avec
DB-2.
Quelles sont vos prochaines
orientations techniques et fonctionnelles ?
La nouvelle version d'Instranet 2000 comprend
273 fonctions différentes. A l'avenir, nous
allons enrichir les parties correspondant au workflow de
publication, au tracking et au profiling, et à la
syndication de contenus. Ce dernier point concerne par exemple
la possibilité de répliquer les bases dans
différents centres. Un autre de nos objectifs consiste
à améliorer la simplicité de mise en
oeuvre des gestions parallélisées de contenus
et des mises en place de règles afin que la plate-forme
puisse s'autoconfigurer elle-même. Cette démarche
a pour but de faciliter la réponse à des questions
comme : je veux copier des tranches du cube qui peuvent
se croiser, comment dois-je procéder ? Enfin, nous
allons aussi bien évidemment coller de plus en plus
aux principaux standards.
Tous deux fondateurs d'Instranet, Alexandre Dayon
et Jean-Noël Grandval en sont respectivement
le président et CEO, et le vice-président
et directeur général Europe/Asie-Pacifique.
Avant de se lancer en 1999, ils se sont tous deux connus
chez Business Objects où ils ont collaboré
ensemble pendant près de cinq ans. Ingénieur
diplômé de l'Ecole supérieure d'électricité,
Alexandre Dayon en était dernièrement le vice-président
produits à la tête d'une équipe de 200 ingénieurs
répartis entre Paris et San José dans la Silicon
Valley. De son côté, Jean-Noël Grandval
était vice-président pour l'Europe du Sud
chez l'éditeur phare du marché de la business
intelligence avant d'être nommé directeur général
de BMC Software France, poste qu'il a quitté pour
créer Instranet. Auparavant, il avait occupé
divers postes commerciaux chez Tymshare pendant 10 ans,
puis chez Oracle pendant 6 ans.
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