03/02/2001
Arnaud Chain, Remedy: "Notre
coeur de métier est le service client"
Fondée
en 1990 sur le sol californien, Remedy
a démarré ses activités en tant qu'éditeur
de solutions ITSM (gestion des services informatiques) avant
de s'orienter en parallèle vers la gestion de la
relation client. Pour l'année 2000, la société
a déclaré un chiffre d'affaires de 288,5 millions
de dollars, en hausse de 26 %. Sur un effectif de plus
de 1 000 employés au niveau mondial, 200 sont
européens, dont 50 français. Implantée
dans 80 pays différents, Remedy y sert les intérêts
de près de 10 000 clients qui représentent
un parc installé de plus de 2 millions d'utilisateurs.
Parmi les clients français figurent notamment Alcatel
CIT, la Banque de France, EDF-GDF, Bouygues Telecom, Bull,
Esso, la RATP, Renault et La Poste. Les derniers contrats
signés incluent Casino et le PMU. Arnaud Chain, le
directeur général Europe du Sud de Remedy,
.
JDNet
Solutions : Vous êtes à la fois éditeur
dans le domaine du CRM et d'outils de helpdesk. Pourquoi
ce double positionnement ?
Arnaud Chain : Nous considérons le
client presque de la même façon lorsqu'il est
interne ou externe à l'entreprise. Traditionnellement,
le service client interne est appelé helpdesk, et
l'externe repose sur des solutions de type hotline qui font
partie du CRM. Or, notre coeur de métier est le service
client, et nous sommes leader sur cette partie.
Nous proposons donc deux offres distinctes. La première
s'adresse au service client interne et couvre notamment
la gestion des incidents, des problèmes réseaux
et la gestion de parc. La seconde est une solution de gestion
des interactions client, qui intègre aussi bien les
aspects d'automatisation des forces de vente que de gestion
des campagnes marketing. De ce côté-là,
nous venons aussi de lancer une nouvelle offre dédiée
à la personnalisation des sites web.
Proposez-vous un même
noyau technologique de base dans vos deux lignes de progiciels
?
ARS, notre moteur de workflow, est appliqué
à l'ensemble de nos solutions. Il s'agit de notre
technologie de base, que nous avons commencé à
élaboré dans nos premiers outils sortis en
1990-1991. Au départ, notre objectif consistait à
fournir un outil de développement d'applications
gérant les processus, avec l'ensemble des composants
nécessaires pour construire un workflow. Le premier
domaine d'application de cette technologie s'est avéré
être le helpdesk.
A l'époque, ces applications n'étaient pas
réalisables avec un environnement de type PowerBuilder.
Les L4G, les langages de quatrième génération
pour les applications transactionnelles, comprennent des
langages spécifiques au workflow comme ARS (Action
Request System). Dans le contexte des L4G, une tâche
est divisée en sous-tâches, lesquelles vont
se subdiviser en plusieurs étapes, ce qui permet
par exemple d'engager des processus d'escalade.
En quoi ARS est-il différent
d'un autre L4G ?
ARS est un langage de développement
consacré au workflow sur les bases de données
standards du marché. Dans ce cadre, nous nous focalisons
sur l'écriture des règles de workflow, alors
que les autres L4G s'intéressent d'abord à
la structure de données. Notre démarche est
donc inverse, car ce n'est qu'après avoir défini
le workflow que nous créons la structure de données.
Pourquoi procédez-vous
de la sorte ?
Les applications de front-office présentent
des modèles de données qui évoluent
très rapidement. Dans les faits, la personne qui
déclenche le processus est le plus souvent extérieure
à l'entreprise. Et le commercial qui veut se tenir
au courant des derniers changements a besoin d'une communication
suivie et non par étapes. Or, pour que cela soit
possible, il faut soit créer une vue consolidée,
soit actionner son propre workflow physiquement en appelant
les personnes concernées au téléphone.
Dans le domaine du front-office, qui intègre notamment
la gestion de la relation client, l'intérêt
du workflow est que chaque personne concernée peut
obtenir en même temps les mêmes réponses.
Dans les applications de back-office, en revanche, le workflow
est simplissime car les processus ne nécessitent
pas vraiment d'intervention humaine.
Allez-vous proposer un portail
d'entreprise personnalisé pour permettre aux utilisateurs
de bénéficier justement d'une vue consolidée
?
Nous sommes en train de le construire et
sa commercialisation est prévue pour le deuxième
trimestre 2001. Pour l'instant, nous avons déjà
toutes les technologies qui permettent de le faire tourner,
mais nous n'avons pas encore défini l'interface.
Nous allons y inclure un principe de notification avec la
mise à disposition d'informations de façon
proactive. Par exemple, si le support technique d'une société
de services a rencontré un problème dans l'implémentation
d'un logiciel chez un client, le service commercial le sait
automatiquement.
N'existe-t-il pas d'autres façons,
plus simples, d'arriver aux mêmes résultats
?
L'objectif est de générer la
structure de données en temps réel. Prenons
l'exemple d'une société de trading en ligne,
dont les règles changent tout le temps. Le modèle
de données doit savoir évoluer très
vite, et ne doit donc pas être bâti sur du rigide.
En fait, les outils eux-mêmes doivent être adaptables
très rapidement. Car parfois, il suffit d'entrer
un nouveau produit dans la base pour qu'intervienne toute
une chaîne d'incidents.
Dans le cadre d'un rachat, il faut intégrer la nouvelle
structure dans la société existante. Cela
sous-entend la mise en place d'un circuit différent
car la structure née de la fusion est différente
d'auparavant. De fait, l'une des principales forces de nos
applications réside dans le fait qu'elles sont construites
sur la base d'un langage où le workflow est présent
au premier plan. Dans le contexte d'un L4G classique, il
faut rentrer dans la complexité de l'application,
ce qui rend difficile les modifications. Comme il s'agit
de code compilé avec des triggers et des procédures
stockées dans la base, les applications de back-office
deviennent rigides. En ce qui nous concerne, nous déterminons
quels sont les invariants et nous menons une réflexion
de type "qu'est ce qui ne va pas changer ?".
En
ce qui concerne la gestion de la relation client, qu'est
ce qui différencie votre offre de celles d'acteurs
majeurs comme Siebel ou Vantive ?
Nous pouvons répondre à un
besoin rapide, comme celui des sociétés de
trading en ligne. Par exemple, nous fournissons une application
permettant de suivre les interactions clients dans les centres
de contacts. Grâce à notre architecture, nos
partenaires peuvent mettre en place le centre de contacts
en trois mois là où la plupart des produits
concurrents réclament entre 6 et 9 mois
pour l'implémentation.
D'une part, cela vient du fait qu'ARS s'interface rapidement
avec l'ensemble du système d'information. Il faut
pouvoir se coupler à la gestion de fax, des e-mails,
etc., et les développeurs reconnaissent tous la facilité
d'interfaçage des produits Remedy.
En matière de helpdesk,
quelle est votre cible ?
Notre approche est davantage tactique que
liée aux contrats produits. L'e-business a passé
les étapes de la maturité pour en arriver
aujourd'hui au stade des grands projets. Avec notre technologie
ARS, nous savons nous adresser aux grands comptes.
Du côté de la gestion des services informatiques,
les grandes entreprises sont clairement notre cible, en
particulier sur des projets de consolidation. Très
souvent, l'informatique interne s'est développée
service par service, mais dans les grands comptes la problématique
est plus globale. Il ne suffit pas de gérer les incidents
et les changements, mais aussi les ressources informatiques.
Cela suppose donc une gestion de parc et un helpdesk avec
un mode réactif. Enfin, deux éléments
plus intelligents sont aussi devenus indispensables. Il
s'agit de la gestion des contrats de service avec la définition
d'un niveau de qualité minimal, et de la gestion
des changements en amont. Car si la veille de la mise à
jour d'un logiciel, le routeur a changé, des problèmes
importants risquent de se poser. Dans ce cadre, nous nous
couplons à des applications comme HP OpenView
qui assurent la supervision des réseaux.
Enfin, les PME ne constituent pas, pour nous, la priorité
actuelle. Notre offre commerciale est aujourd'hui mal adaptée,
d'un point de vue tarifaire notamment, pour opérer avec
succès sur ce secteur. Par ailleurs, d'autres fournisseurs
concurrents, disposant d'offres plus appropriées ont plus
de pertinence sur ce marché.
Avant d'intégrer
l'équipe de direction de l'éditeur américain
Remedy en 1999, Arnaud Chain a occupé différents
postes à responsabilités commerciales et marketing, aussi
bien chez Gemplus où il a assumé la fonction
de directeur marketing de 1990 à 1992, que chez Oracle France
entre 1992 et 1999. Il rejoint alors Remedy, où il
passe 18 mois au poste de directeur marketing Europe avant
d'être nommé directeur général
Europe du Sud . A 39 ans, sa mission consiste aujourd'hui
à développer et asseoir la présence de l'éditeur
sur la partie sud du vieux continent, en particulier dans
les grandes entreprises et sur le marché de la gestion de
la relation client.
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