23/03/01
Henry Peyret, Giga Group: "Le
serveur d'applications devient le garant de la réactivité
de l'entreprise"
Analyste
senior du Giga Group, Henry Peyret a une passion : l'évolution
des architectures des systèmes d'information. EAI,
IAI, CRM, peu de sujets clefs échappent à
son champ d'action. Pour le Journal du Net Solutions, il
analyse l'évolution récente de l'une des briques
fondamentales des architectures : le serveur d'application.
JDNet
Solutions : Comment la notion de serveur d'application évolue-t-elle
dans le contexte de l'e-business ?
Henry Peyret : Avec l'e-business, le serveur
d'application devient une brique fondamentale d'un système
d'information au service de la réactivité
de toute l'entreprise. Cela vaut notamment pour les canaux
de communication électroniques avec les clients et
fournisseurs. C'est le serveur d'application qui est le
garant d'une bonne synchronisation entre l'entreprise et
ses partenaires. C'est d'ailleurs pourquoi je crois que
les divers progiciels (ERP, CRM) de l'entreprise vont progressivement
être réécrits pour s'appuyer sur cette
brique fondamentale.
Dans cette perspective, sur
quels critères différencier les serveurs d'application
?
Ces critères de différenciation
évoluent sensiblement. Auparavant, les éditeurs
se battaient surtout sur le terrain de la fameuse "scalability"
(aptitude à tenir la charge, ndlr). Sur ce point
les produits ne sont pas encore tous égaux mais le
débat s'est déplacé. La valeur ajoutée
du produit vient davantage désormais de ses modules
additionnels, pour s'intégrer à un portail,
apporter des aptitudes à la personnalisation, gérer
les communications sans fil, assurer le workflow des processus
business... Autant de modules logiciels destinés
à fluidifier les relations avec les partenaires et
les clients.
Tous les serveurs d'applications
courent après la conformité avec J2EE. Cet
engouement n'est-il pas excessif ?
Je ne crois pas. J2EE (nom qui fédèrent
l'ensemble des spécifications de l'univers Java,
ndlr) va réellement dans le sens de l'histoire car
il nous rapproche d'un vieux rêve: la réutilisation
des composants. Certes, on peut objecter qu'aujourd'hui
la portabilité des composants J2EE est limitée
: un composant qui fonctionne bien dans Weblogic (le serveur
d'application de BEA, ndlr) ne tournera pas forcément
tel quel dans l'environnement Websphere d'IBM. Mais nous
progressons...
A côté du clan
J2EE, Microsoft fait bande à part. Quelle est votre
perception de cet éditeur ?
Entre les deux côtés de l'Atlantique,
les avis sont très partagés. Les Américains,
très joueurs, sont convaincus que Microsoft va s'imposer.
En Europe, les clients sont plus sceptiques. Ils attendent
un engagement global sur une solution conçue autour
des technologies de Microsoft. Et l'éditeur essaye
d'ailleurs d''y répondre via des partenariats avec
Compaq, Unisys ou encore NCR.
Cela signifie-t-il que, comparés
à des Sun ou IBM, des acteurs exclusivement éditeurs
de logiciels auront plus de mal à s'imposer ?
Il est clair que des acteurs comme Sun, IBM
et aussi Hewlett-Packard (avec le serveur d'application
acquis auprès de Bluestone, ndlr) bénéficient
de la force du triptyque logiciels-matériels-services.
Cela dit, un acteur comme Bea, qui a toujours cultivé
son indépendance par rapport au matériel,
dispose d'une bonne légitimité. Et je pense
d'ailleurs que la concurrence se jouera entre les acteurs
que nous venons de citer. Il ne faut pas déduire
que les autres offres logiciels n'ont pas d'intérêt.
Elles jouent simplement dans une autre catégorie.
Ce qui ne les empêche pas d'être efficaces.
Directeur technique d'Euriware avant de rejoindre le
Giga Group il y a quelques mois, Henry Peyret est l'auteur
de nombreux articles et ouvrages sur les architectures des
systèmes d'information. Au cours de ses dix-huit
années d'expériences professionnelles, il
a tenu les fonctions d'architecte pour le compte de grandes
entreprises, notamment dans le domaine des télécommunications.
|