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18/04/01

Xavier Bringue, division Digital Media de Microsoft : "En matière de streaming, nous avons rattrappé notre retard "

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Microsoft Corporation dispose aujourd'hui d'une division Digital Media. Avec les récentes versions 7 et 8 de ses solutions Windows Media de production et de consultation de contenu multimédia en continu sur le web, le géant mondial du logiciel a entrepris de s'attaquer au secteur du streaming. A la veille du lancement de l'environnement Windows XP en octobre 2001, les standards propriétaires de la firme se sont imposés via les plate-formes Windows 2000 Server dans des proportions et à une vitesse impressionnantes face à leurs concurrents. De petit challenger sans prétention il y a un an, Microsoft en vient progressivement à menacer le marché du streaming d'un nouveau monopole...


JDNet Solutions : Microsoft ne s'est vraiment "attaqué" au secteur du streaming que très récemment par rapport à certains concurrents. Quelle place occupent vos technologies à l'heure actuelle ?
Xavier Bringue : Avec une division dédiée au niveau mondial, Microsoft Corporation emploie plus de 1 000 personnes sur ce coeur de métier particulier. Sans compter que d'autres personnes, attachées à d'autres branches de la société, travaillent pour ces activités. De plus, notre offre couvre aujourd'hui la totalité du spectre du streaming, en termes de logiciels bien sûr. Notre part de marché a évolué extrêmement vite. Si l'on regarde un an en arrière, cela représentait encore très peu. Le "feedback" d'acteurs qui n'étaient alors pas franchement pro-Microsoft (et qui ne le sont d'ailleurs toujours pas pour certains) nous a permis de constater une adoption massive de notre standard. Au cours des six derniers mois, 70% du marché des radio en broadcast sur le web a basculé vers du "tout Microsoft". Par ailleurs, à ma connaissance, tous les sites de VoD (vidéo à la demande) français sont sous Microsoft. Il faut bien noter qu'aujourd'hui, nous avons distribué 370 millions de players dans le monde, soit beaucoup plus que Real.


Quels sont précisément les champs d'action définis par Microsoft concernant son activité streaming ?
Nous avons trois types d'activités : Windows Media pour les encodeurs, l'indexation, les slides synchronisés et les plug-in permettant l'intégration avec les produits Adobe, Ulead ou autres ; la diffusion avec les services Windows Media tels que le serveur de streaming intégré à Windows 2000 Server, donc sans coût de licence ; et enfin la restitution du contenu avec les players gratuits ou installés en standard sur Windows mais aussi Mac ou Solaris... Au total, ce sont pas moins de 60 terminaux pour lesquels nous fournissons des logiciels de restitution de contenu streaming. Selon nos prévisions, nous atteindrons le nombre de 150 avant la fin 2001.


De quels types de terminaux s'agit-il ?
Parmi ceux-ci, on peut citer les balladeurs audio-numériques de Diamond, Sharp, Iomega ou Intel, les pocket-PC de type PDA (assistants personnels), certains téléphones mobiles comme les prochains téléphones Sagem, le terminal japonais Eggy et bien d'autres... Stinger, notre OS pour SmartPhones est en cours d'intégration par les constructeurs. Il contient une sorte de client Outlook mais aussi un player de streaming. De même, la version 2 de Mobile Internet Explorer intègrera le streaming Windows Media audio. On pourrait ajouter les platines CD de chaînes de salon comme celle de Kenwood ou encore certains autoradio mais également les téléviseurs TAK de Thomson Multimedia dont la version 2 intègrera elle aussi notre format. Du côté des consoles de jeu, nous développons même un plug-in pour GameBoy et la XBox intègrera Windows Media pour le streaming. Pas un acteur sur le marché n'aligne, comme nous, soixante terminaux tels que ceux-ci.


Voilà qui constitue une rupture avec les activités traditionnellement liées au PC de la part de Microsoft...
Bien sûr, aujourd'hui le PC continue de représenter 98% des terminaux... Mais je pense que le streaming va se déplacer d'un monde très fermé sur lui-même vers une accessibilité beaucoup plus large à travers : l'autoradio dans la voiture, le haut-débit au foyer, les mobiles, la télévision interactive ou encore les consoles. Ceci concerne l'utilisateur. Du côté du Back Office, ma vision est que nous allons entrer dans un modèle de syndication de contenus. A cela s'ajouteront sans doute des "méga services" du type Passport pour ce qui concerne Microsoft.


Dès aujourd'hui, selon vous, qu'est-ce qui explique une percée aussi rapide de Microsoft dans le secteur ?
La différenciation se fait sur la base de la qualité de nos codecs : nous obtenons l'équivalent de la qualité des fichiers mp3 avec un poids divisé par trois. Pour un fichier mp3 en 128 k, l'équivalent au format Windows Media peut être atteint en 48 k. A 64 k, nous arrivons à une qualité CD. En matière de vidéo, le gain de performance entre les versions 7 et 8 est de 30%. Désormais, sur un écran de télévision, nous sommes proche du format VHS à 250 k et proches du DVD à 500 k. Nous avons donc rattrappé notre retard et même dépassé nos concurrents. Par ailleurs, les codecs sont les nôtres... ce qui n'est pas le cas de Real, par exemple, car ils utilisent des technologies appartenant à des tiers.


Vous mettez en avant le caractère propriétaire de votre technologie. N'est-ce pas aussi un handicap sur Internet ?
Nous avons été les premiers à intégrer deux formats vidéo : Mpeg 4 et Iso Mpeg 4. Mais le format Windows Media est 40% plus performant que l'Iso Mpeg 4. Nous laissons donc le choix à nos clients entre la technologie Iso Mpeg 4 et Windows Media... Par ailleurs, Napster est passé par là : notre format inclut maintenant une solution de sécurisation des contenus. Sur les 370 millions de players Windows Media utilisés, les versions 6.4 et 7 représentent 300 millions et sont compatibles DRM (Digital Rights Management, système de protection des droits d'auteurs au format numérique). A l'heure actuelle, on sait combien ceci constitue un élément clé de la décision. Enfin, nous avons des parts dans la société Akamaï, un partenariat mondial avec Digital Island, l'hébergement est assuré par notre partenaire Exodus et nous bénéficions des grosses plates-formes média de France Télécom et d'autres opérateurs. Pour illustrer à ce propos l'avantage de notre format, je vous informe que Colt répercute les différences de prix entre formats dans ses propres tarifs...


Quels sont vos principaux axes de développement sur le marché du streaming dans les mois qui viennent ?
Nous nous attachons actuellement à assurer la montée en charge de notre plate-forme : aujourd'hui, sur un seul et même serveur, il est possible d'effectuer 9 500 stream simultanés. Avec la version 9 de Windows Media, nous prévoyons une forte convergence technologique car tous les produits seront concernés... et ceci coïncidera avec le lancement de Windows XP Server. Or, Windows Media va être le fer de lance du lancement d'XP en octobre. Avec le haut-débit, enfin, on entrera das une logique de volume, ce qui n'est pas possible pour l'instant. Excepté pour le contenu X, c'est un facteur essentiel au développement de la diffusion streaming grand public. A ce sujet, Microsoft fera dans les prochains mois des annonces concernant sa contribution au déploiement du haut-débit... D'un point de vue transversal, il s'agit d'un axe stratégique pour Microsoft.



Xavier Bringue a débuté sa carrière au sein d'Apple Computer en tant que chef de produit sur la technologie QuickTime (lancement en 1991 de cette technologie sur le marché français). Il a ensuite travaillé pour le Groupe Sagem en tant que responsable marketing des produits de communication pour micro-ordinateurs. A ce titre, il a travaillé sur les premières offres combinant modems ou cartes Numeris avec accès à Internet par abonnement. Xavier Bringue a ensuite rejoint le Groupe Alcatel pour participer à la mise sur le marché au plan mondial du premier terminal Internet grand public non PC, le Webphone WebTouch One, et à la conception des futures générations de produit (haut débit, multimédia, mobile, home networking). Il a finalement accepté en janvier 2000 de rejoindre Microsoft Corporation en tant que Business Development Europe Digital Media car le poste faisait appel à toutes les composantes précédemment évoquées : multimédia, accès Internet, terminaux non PC, etc.


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