20/04/01
Alain
Conrard, Sage : "Nous destinons les services ASP exclusivement
aux toutes petites entreprises"
Editeur
de logiciels de gestion destinés aux PME, Sage ne
pouvait rester à l'écart de la problématique
ASP. Qu'il aborde avec une position ferme : pour Sage, l'ASP
ne peut concerner que les toutes petites entreprises. Explications
de texte avec Alain Conrard, directeur du marketing produits.
JDNet
Solutions : Vous définissez l'ASP comme le moyen
de fournir des applications en ligne aux petites entreprises.
Les PME ne vous intéressent plus?
Alain Conrard : Avec ses gammes de produits,
Sage continue de couvrir les besoins des PME qui comptent
entre 1 et 2000 salariés. Mais nous observons aussi
que sur 3,5 millions de PME françaises seulement
30% sont effectivement équipées d'un logiciel
de gestion de comptabilité. Et, parmi les 2,5 millions
d'entreprises qui ne sont pas dotées d'un logiciel,
95% sont en fait des toutes petites entreprises (TPE) de
moins de dix salariés. C'est pour elles, et seulement
pour elles, que l'ASP peut avoir du sens. D'autant plus
qu'elles présentent déjà une forte
culture d'externalisation des données. Pour preuve
: 60% de ces TPE font appel à un expert compable
ou à un centre de gestion pour leur comptabilité.
Pourquoi
les PME ne pourraient-elles pas elles aussi être séduites
?
Contrairement aux TPE, les PME se montrent
assez réticentes quand on leur propose d'externaliser
une partie de leurs données. Et puis, plus de 90%
des entreprises qui comptent entre 10 et 19 salariés
possèdent un logiciel de comptabilité. Je
ne vois pas bien pourquoi elles basculeraient sur un mode
ASP qui remettrait en cause des investissements déjà
réalisés.
Et pourquoi une TPE, qui jusqu'à
présent se passe d'un logiciel, accepterait de payer
pour accéder à une application en ligne ?
Nous ne croyons pas que "faire de l'ASP"
se résume à mettre une application existante
en ligne. Si les TPE n'utilisent pas de logiciels de gestion,
ce n'est pas seulement parce qu'elles n'ont pas les ressources
techniques pour le faire mais aussi parce qu'elles manquent
de compétences pour maîtriser les processus
administratifs et légaux. Des applications en ligne
conçues pour des TPE doivent donc présenter
des interfaces et des séquencements de saisies didactiques
et simplifiés. Et surtout, ce service doit être
délivré et accompagné par un prestataire.
Il est clair que Sage ne peut pas faire cela tout seul.
Sur quels partenaires comptez-vous
vous appuyer ?
Sur les interlocuteurs privilégiés
de ces petites entreprises, à savoir les experts-comptables.
Ils nous semblent les mieux placés pour aider les
TPE à franchir le pas. Concrètement, voilà
ce que nous proposons : l'expert comptable achète
un back office composé des logiciels de nos gammes
classiques puis des lots d'utilisateurs qui ouvrent l'accès
à E-paye et E-comptabilité, les deux services
applicatifs, actuellement en test, et que nous proposerons
d'ici à cet été.
Qui hébergera ces applications
?
L'expert-comptable est libre de choisir son
hébergeur mais généralement il se sent
un peu démuni dans ce domaine. C'est pourquoi nous
sommes en train de signer un accord avec un gros hébergeur
qui sera pour cette activité notre partenaire privilégié.
E-paye et E-comptabilité
sont des logiciels dérivés de vos gammes existantes
?
Non. Il s'agit d'applications totalement
nouvelles et écrites spécificiquement pour
être exploitées en ligne. Leur modèle
tarifaire est aussi spécifique : pour E-Paye il faut
compter 90 francs par mois et par utilisateur du service
pour traiter cinq bulletins de paye ; pour E-Comptabilité,
le prix est également de 90 francs par mois et par
utilisateur. Bien entendu, les tarifs sont dégressifs
puisque nous proposons des lots de 50, 200 ou encore 500
utilisateurs.
Les experts comptables ne sont
pas vos seuls partenaires. Des intégrateurs ASP travaillent
aussi avec vous.
C'est exact. En fait, il existe quatre canaux
de distribution pour les services ASP : les experts comptables,
les intégrateurs-hébergeurs de services ASP
comme Virtual
Computer, les portails et enfin des acteurs du domaine
bancaire.
Quand prévoyez-vous le
décollage du marché des ASP ?
C'est un mouvement qui s'amorce pour les
trois ans à venir. Je crois que le début de
l'année 2002 devrait voir un décollage réel
de ce marché.
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