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24/04/01

Les technologies de Streaming : quels débits, quels modèles ?

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Annonces retentissantes, applications délirantes, investissements massifs et modèle économique... à déterminer. Le moins que l'on puisse dire est que le streaming aura largement contribué aux récents bouleversements économiques du Net. Alors que les haut-débits ne se généralisent pour l'heure que dans le monde des entreprises, nombre d'acteurs ont franchi le pas ou s'apprêtent à le faire, sans retenue : le Net doit offrir des contenus audio-visuels pour dépasser le cadre strict des images et du texte dont il se compose aujourd'hui. Nouvel emballement risqué, mode déjà révolue ou véritable marché d'avenir ? Ce dossier rassemble les interviews, témoignages et analyses de nombreux acteurs du secteur afin d'opérer un état des lieux objectif.

Sans attendre les hauts débits
On ne sait s'il faut considérer l'explosion du streaming comme tardant à venir ou, au contraire, précoce. En effet, avant même que le web ne devienne ce qu'il est aujourd'hui, un certain Bill Gates voyait en Internet un outil lui permettant de prédire le déploiement imminent de vastes réseaux de diffusion audio-visuelle interactive. Evoquant la vidéo à la demande (VoD) sans employer alors le terme de streaming, celui-ci avait finalement dû se résoudre - sur les conseils de son entourage - à tenir compte de la notion encore peu usitée de "goulots d'étranglements"
...

Autrement dit, on réalisait alors, aux alentours de 1995, que le réseau n'avait pas du tout les capacités suffisantes pour acheminer de telles quantités d'informations. Aujourd'hui encore, visionner une vidéo sur le Net consiste pour la quasi totalité des internautes à regarder une suite d'images floues et très peu fluides dans une case de quelques centimètres sur le moniteur de leur PC. Motif : plus que le réseau, qui n'absorberait par ailleurs toujours pas les quantités d'informations nécessaires à une qualité digne de la télévision, ce sont les débits dont disposent les utilisateurs qui constituent une limite infranchissable.

Des réseaux de serveurs au service du streaming
L'accès d'une majorité d'internautes à des connexions haut débit serait-il dès lors la condition sine qua non de la prochaine révolution du Net ? Les marchés n'attendent pas. Pour preuve, on constate que la priorité va pour l'heure à l'amélioration des gros "tuyaux" qui constituent le réseau des réseaux. Les opérateurs France Télécom, Eutelsat ou Cisco, par exemple, étendent de jour en jour les capacités de nos réseaux. Des sociétés telles qu'Akamaï, Digital Island, Madge Web ou encore Inktomi travaillent plus particulièrement à rendre les contenus audio-visuels disponibles le plus rapidement possible depuis n'importe quel point du globe. Elles détiennent les CDN ("Content Delivery Networks") composés notamment de serveurs de stockage (ou "caching").

Quiconque souhaite aujourd'hui diffuser des contenus multimédia évolués (ou "Rich Media"), de la musique ou de la vidéo sur Internet doit donc faire appel à ces acteurs de plus en plus incontournables. Dans le cas où le diffuseur héberge lui-même le contenu, les risques d'encombrement de ses serveurs font que la qualité de réception en pâtit sensiblement. La récente annonce d'une start-up américaine, Digital Fountain, pourrait pourtant remettre en cause le modèle des réseaux de serveurs relais : ce nouveau système consisterait en un serveur unique capable de diffuser un contenu encodé de manière à être interprété plus "intelligemment" par le plug-in adéquat, côté utilisateur.

Standardisation en vue
Depuis que la société Real Networks a inventé le concept même de streaming en 1994, les internautes savent qu'il leur suffit de s'équiper de petits logiciels de lecture ("players" ou "plug-in") ajoutant les fonctions nécessaires à leur navigateur. Dès lors, plusieurs standards ont tenté de s'imposer : Real Media, toujours leader, mais également QuickTime, venu du monde Apple, et Windows Media, plus récemment introduit par Microsoft. Ces formats de compression des contenus (ou "encodage") rivalisent dans l'objectif principal de réduire le poids des contenus concernés et donc leur consommation de bande-passante, notion la plus prisée d'entre toutes sur le réseau des réseaux.

On soulignera également le fait que le W3C (World Wide Web Consortium) oeuvre dans le sens d'une normalisation des formats de diffusion : le standard de synchronisation des contenus multimédia Smil (pour "Synchronyzed Multimedia Integration Language") a obtenu le statut ultime de recommandation. En effet, l'ajout d'éléments interactifs tels qu'une présentation sous forme de diaporama nécessite une synchronisation de contenus vidéos, audios et autres le cas échéant. Par ailleurs, l'adoption du format de compression Mpeg 4, bien plus performant que son prédecesseur Mpeg 2, paraît désormais vouée à se généraliser, notamment depuis que Real Networks à décidé de l'intègrer à ses produits.

L'arrivée progressive dans les foyers de connexions aussi rapides que celles dont disposent aujourd'hui les entreprises devrait (enfin) permettre une réelle explosion du secteur. C'est le pari qu'ont fait - parfois à leurs dépens - diverses sociétés de services telles que Kamera, Empreinte Multimédia, Pointe Noire Production, Dbee, Clipsoft, NTV Factory ou Perfect Technologies. Plus sollicitées par le secteur de la communication interne ou B to B, elles comptent un jour permettre à un nombre croissant de sites grand-public de diffuser du contenu équivalent à celui des traditionnelles chaînes de radio ou de télévision (qualité "broadband"). A voir... et à entendre.

[Pascal Bories , JDNet]


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