25/04/01
Diaz
Nesamoney & Marv Mouchawar: "Avant d'en venir aux applications
analytiques, les entreprises doivent se doter d'outils opérationnels"
Fondé en 1993, Informatica
est un éditeur de plates-formes décisionnelles
qui a évolué d'une offre d'entrepôts
de données (datawarehouse ou datamart), vers à
présent la couverture de la chaîne complète
des applications analytiques. D'une manière générale,
les données sont extraites de différentes
sources (bases de données, applications...) à
partir d'outils d'ETL (Extraction transfer loading) et sont
stockées dans l'entrepôt de données.
A l'intérieur de celui-ci, elles sont ensuite analysées
sous forme de cubes multi-dimensionnels OLAP (Online analytical
processing) ou à l'aide d'outils prédictifs
de data mining, et sont enfin reproduites sous forme de
tableaux de bord personnalisés grâce aux logiciels
de reporting.
Aujourd'hui, l'éditeur propose d'aborder la chaîne
de façon packagée selon les différents
domaines applicatifs, avec comme premiers intégrés
Informatica eCRM, eBusiness Operations, eProcurement et
eMarketplace. Diaz Nesamoney, son président et COO
(Chief operating officer), appuyé par Marv Mouchawar,
vice-président senior et directeur général,
nous ont éclairé sur les tendances du marché
et de leur nouvelle plate-forme lors de leur dernière
visite à Paris.
JDNet
Solutions : Comment répondez-vous au besoin en applications
analytiques exprimé par le clients ?
Informatica : Il y a quelques années,
le marché du datawarehousing et de la business intelligence
consistait en des solutions complètement propriétaires.
En 1999, l'arrivée de l'e-business a changé
la donne. Et avec de nouveaux processus comme la vente en
ligne, le besoin en analyses est devenu plus significatif.
Or, il faut un ou deux ans pour implémenter une chaîne
complète décisionnelle si celle-ci est propriétaire.
C'est pourquoi, actuellement, de nombreux clients veulent
des solutions pré-packagées.
|
Marv
Mouchawar
Vice-président senior
|
La
réduction de la complexité et des coûts
d'intégration est un formidable moteur pour le marché.
En réponse à cela, nous avons racheté
la société Influence Software en 1999, qui
a développé depuis plusieurs années
des applications analytiques pré-packagées
en utilisant et en s'appuyant sur notre propre technologie
de datawarehouse. Une fois l'acquisition menée à
son terme, nous avons ensuite travaillé sur l'extension
de la solution vers une plate-forme d'applications positionnées
sur la chaine d'intégration croisée entre
l'entreprise et ses clients ou partenaires.
2001 sera-t-elle l'année
des technologies décisionnelles ? Et en particulier
en France comme l'ont suggéré certains analystes
fin 2000 ?
Le rôle d'outils comme les nôtres
est de donner à l'entreprise la possibilité
de croiser des informations en provenance de domaines différenciés,
comme par exemple la rentabilité commerciale par
rapport à un produit qui va être mis sur le
marché. Un certain nombre d'entreprises sont mûres
pour cela, mais une majorité doit aussi se doter
des moyens opérationnels qui vont avec. C'est à
dire les applications de gestion de la relation client (CRM)
ou de gestion de la fonction ayant trait aux achats dans
l'entreprise (e-procurement).
En France comme ailleurs, les sociétés ne
sont pas si en avance, et nous ne rencontrons pas une demande
aussi forte que vous le suggérez.
Les applications analytiques
packagées intéressent-elles aussi les PME,
compte tenu notamment de la baisse des prix ?
De
ce côté-là, il convient d'effectuer
la distinction entre la business intelligence et les applications
analytiques. Il est vrai que les prix baissent du côté
de la BI qui regroupe pour nous les outils classiques d'analyse
et de reporting, mais c'est avant tout du fait de certains
concurrents. En ce qui nous concerne, nous fournissons des
applications analytiques packagées qui permettent
d'avoir tous les rapports en main avec les métriques
les plus adaptées. Il est clair que le prix est plus
élevé que de simples outils de business intelligence.
Mais si l'entreprise choisit d'acheter des outils d'ETL
et de BI, leur implémentation par de nombreuses ressources
au sein d'une SSII ou d'un cabinet de conseil durera un
ou deux ans. Dans une approche packagée, une importante
réduction des coûts intervient sur ce poste
car les métriques correctes sont déjà
pré-paramétrées. Il faut savoir que,
par exemple, la rentabilité par client peut déjà
prendre plusieurs mois à définir. Or, nous
fournissons des centaines de ces métriques.
D'autre part, nous fournissons l'analyse des données
client sur toute la chaîne de valeur, qui intègre
entre autres les performances des fournisseurs et la rentabilité
par client. Dans la majorité des très grandes
entreprises du Global 2000, la baisse des coûts en
rapport avec les achats représentent plusieurs milliards
de dollars. En s'appuyant sur nos applications pour trouver
le meilleur fournisseur, nos clients peuvent parvenir à
ces économies, et c'est là que ces logiciels
prennent tout leur sens.
Qui sont vos clients ?
Notre portefeuille comprend près de
1 100 entreprises qui font presque toutes partie
des 2 000 plus importantes au monde et sont en
majorité situées en Amérique du Nord.
La plate-forme a été lancée en juin
2000 aux Etats-Unis et n'est commercialisée en Europe
que depuis le premier trimestre 2001. Parmi nos clients,
nous pouvons citer de grands noms comme Motorola, Cisco,
General Electric et Hewlett-Packard. Ces multinationales
utilisent nos applications pour standardiser leurs métriques,
dans une perspective orientée clients. De plus, elles
ne sont pas intéressées par une application
mais par l'ensemble, car elles souhaitent faire correspondre
des domaines différents et les unifier au lieu de
traiter chacun d'eux dans des canaux séparés.
Que représente, selon
vous, le concept d'EAI décisionnel ? Etes-vous présent
sur ce segment ?
Notre produit peut être utilisé
dans un contexte EAI (Enterprise application integration),
mais nous ne ciblons pas ce marché. Evidemment, nous
sommes capables d'intégrer des données en
provenance de différentes applications et de produire
une vue unifiée. Mais pour les entreprises qui vont
plus loin dans cette voie, nous supportons des middlewares
comme MQSeries.
Utilisez-vous XML pour répondre
à la problématique des données non
structurées ?
Notre produit est tout à fait capable
de traiter des données XML. Depuis plus d'un an,
nous avons sorti un outil qui gère les flux XML en
entrée et en sortie, et nous l'avons intégré
à la nouvelle version déclinée en packages.
Nous savons traiter des données non structurées
de cette façon, tout comme les entreprises qui utilisent
des portails pour relier des données non structurées
à des données structurées.
Allez-vous,
de votre côté, sortir une offre de portail
orienté vers l'aide à la décision ?
Nous fournissons notre propre technologie
de reporting pour livrer les métriques à l'utilisateur
final. L'année dernière, nous avons aussi
racheté Zimba Technology dont l'activité consistait
à développer des outils de ce type pour diffuser
les rapports sur des terminaux mobiles et des supports vocaux.
A côté, nous pouvons co-exister avec n'importe
quelle plate-forme de portail d'entreprise, à laquelle
nous nous intégrons en vue de délivrer l'information
finale au format HTML.
En second lieu, il convient de préciser que notre
but n'est pas de fournir des rapports, mais des métriques.
Et après, nous produisons des rapports. L'important,
ce sont les métriques, car celles-ci peuvent permettre
de construire n'importe quel rapport sous une forme personnalisée.
Au final, ceux-ci peuvent être inclus dans tous les
portails existants.
Quelles sont les principales
tendances que vous allez suivre sur
le plan technologique ?
La principale évolution concerne l'ajout
de fonctions pour couvrir davantage de domaines présents
au sein de la chaîne de valeur. En, parallèle,
nous allons travailler encore davantage sur les aspects
liés à la personnalisation en fonction des
canaux de diffusion, et à l'extension des possibilités
de paramétrage. Nous fournirons les métriques,
et l'utilisateur pourra adapter leur présentation
à ses besoins à travers, par exemple, l'écran
de son mobile. Dans ce cadre, utiliser des interfaces XSL
peut être un moyen parmi d'autres.
Aussi, nous pensons que les applications analytiques offrent
de grandes opportunités pour les entreprises qui
veulent perfectionner leurs décisions. C'est pourquoi
nous avons réalisé quatre acquisitions dans
ce domaine, et nous espérons continuer en fonction
des options qui se présenteront sur le marché.
Avant d'être co-fondateur d'Informatica en 1993
et d'en assumer la présidence et la direction opérationnelle
par la suite, Diaz Nesamoney était responsable
des produits
de gestion de données chez Unisys, l'un des grands
concurrents d'IBM à la fois sur les plans matériel,
logiciel et services. Il est titulaire d'un "MS Degree"
en science informatique de l'Institute of Technology and
Science de Birla. De son côté, Marv Mouchawar
a démarré sa carrière chez Andersen
Consulting, sur des projets d'applications client/serveur,
après avoir reçu un diplôme de Master
of Science en ingénierie industrielle à l'université
de Stanford. Avant de fonder Influence Software en 1996,
rachetée en 1999 par Informatica, il était
directeur des applications d'entreprise chez Autodesk, et
a été à ce titre responsable de la
première implémentation de SAP R/3 au siège
de l'éditeur en Amérique du Nord.
|