05/02/2001
Places
de marché b-to-b : Ovum déchiffre les tendances d'un marché
immature
Dans
le contexte actuel de retour à une économie plus pragmatique,
Ovum
tente de calmer le jeu au sujet des places de marché,
qui n'apparaissent ni découler d'une invention soudaine,
ni être déjà parvenues à maturité. Ainsi, le cabinet d'études
et de conseil britannique, qui vient de publier un
livre blanc sur le sujet, estime que le montant total
des transactions menées à l'intérieur de ces zones d'échanges
b-to-b devrait croître de 16,9 milliards de dollars en
2001, à près de 1 200 milliards de dollars en 2006.
Dans le même temps, les revenus des opérateurs des places
de marché devraient passer de 1,6 milliards à 42,2 milliards
de dollars d'ici cinq ans.
Pour Ovum, la consolidation ne devrait pas s'engager tout
d'un bloc. En effet, si elle aura bel et bien lieu entre
celles répondant aux besoins de secteurs verticaux ou
de grandes fonctions horizontales dans un contexte international,
les places de marché localisées sur un plan géographique
devraient progressivement se multiplier. Ici, de nombreuses
opportunités restent à inventer, et la consolidation est
beaucoup plus incertaine car différente selon les zones
considérées. De même, la situation apparaît également
incertaine pour les marchés de niche où la concurrence
peut parfois s'avérer très faible.
Opérateurs,
MSP : attention aux revenus en baisse
Malgré tout, la faible augmentation des revenus
des opérateurs de places de marché au regard de
l'explosion des transactions en ligne tend à montrer que
nombre d'entre eux seront forcés de mettre la clef sous
la porte ou de se faire racheter. En même temps, il apparaît
aussi plus clair que les principes de tarification vont
évoluer. D'après Ovum, la rémunération au pourcentage
sur les transactions va chûter, entre 2001 et 2006, de
29 % à 15 % de leurs revenus.
En parallèle, la facturation des services à valeur ajoutée
paraît constituer un modèle plus rentable car il ne freine
pas le recrutement des participants aux transactions (fournisseurs
et acheteurs). Ceci devrait ainsi représenter 32 % des
revenus de la place de marché en 2006, contre seulement
22 % aujourd'hui. Mais d'un autre côté, les bénéfices
issus de ce poste sont partagés par les fournisseurs tiers
de ces services, les fameux MSP (Marketplace service providers).
Au final, la différence pourrait être créée par
le nombre de souscripteurs de ces services. A priori,
plus le nombre de participants augmente en même
temps côté acheteurs et côté
fournisseurs, et plus les revenus sont élevés.
8 modèles
à la loupe, aux destins divergents
En
dépît d'une certaine complexité issue du positionnement
multiple de nombreux acteurs, Ovum identifie et classe
8 modèles d'affaires pour les places de marché selon leurs
chances de survie. Plusieurs critères interviennent dans
cette segmentation : services proposés, focus horizontal
ou vertical, couverture géographique, types de biens et
services échangés... Les chiffres entre parenthèse
correspondent au classement attribué par Ovum.
Parmi les trois modèles les plus solides, le premier étudié
est celui de la marketplace ASP (1), qui fournit
aux entreprises un set d'applications intégrées prêtes
à l'emploi. Dans ce contexte, où le retour sur investissement
apparaît plus rapide que dans d'autres cas, un opérateur
auxilliaire s'occupe de la gestion globale et les services
à valeur ajoutée peuvent émaner de différents éditeurs.
Ensuite, le modèle vertical approfondi (2) correspond
à une place de marché publique qui répond aux besoins
critiques d'un segment spécifique, d'où proviennent tous
les participants triés sur le volet. Incitatifs, de nombreux
services et modes de transactions peuvent y être opérés,
impliquant plusieurs types de revenus différents.
Enfin, le troisième modèle des plus efficaces correspond
à la collaboration privée au sein d'une chaîne logistique
(3). Une communauté est établie entre plusieurs acteurs
qui échangent entre eux des informations stratégiques
pour tous. Ici, nul besoin de complexité technologique,
l'idée étant de créer des espaces culturels collaboratifs
avec diffusion des données critiques uniquement vers les
interlocuteurs désirés. Mais bien que la sensibilisation
semble moins nécessaire car les enjeux apparaîssent souvent
compris, les revenus générés restent toutefois très
limités.
Avenir
incertain pour les "horizontales généralistes"
Puis,
le cabinet britannique passe en revue les deux modèles
intermédiaires présentant un avenir encore incertain.
La place de marché de type consortium (4) entre
des multinationales, perçue par beaucoup comme le modèle
d'avenir, ne récolte qu'un score assez moyen auprès d'Ovum.
L'important potentiel financier, ainsi que le porte-feuille
de fournisseurs amenés par les actionnaires seraient en
effet contrebalancés par des risques de non-conformité
aux règles anti-trust, et de coups bas internes entre
des géants souvent concurrents.
Parmi les publiques, la place de marché horizontale
spécialisée (5) dans certains types de produits revêt
un intérêt un peu plus grand pour Ovum que la généraliste
(6). Il y est en effet plus facile d'y trouver ce que
l'on cherche, puisque les catalogues sont spécialisés.
Cette dernière, qui figure parmi les 3 pires modèles,
n'intéresse pas vraiment les fournisseurs. Pour
qu'elle fonctionne, beaucoup d'acteurs doivent être
présents afin que, par des méthodes de sourcing, l'entreprise
puisse choisir le plus compétitif face à son besoin. Mais
trop nombreux, les fournisseurs rencontrent une concurrence
féroce et ne voient qu'un intérêt limité à dépenser temps
et argent pour des contrats parfois chimériques.
Le même constat se pose à l'inverse lorsque l'opérateur
est un grand fournisseur. Il s'agit alors de la place
de marché privée horizontale (8). Dans
ce cas précis, ce sont les utilisateurs qui sont
contraints d'effectuer leur choix de présence au
sein d'un nombre toujours croissant de ces sites marchands
b-to-b. Comme la précédente, les PME n'y
voient aussi qu'un intérêt limité,
car il convient d'abord de posséder en interne
les outils opérationnels servant à gérer
la fonction des achats (e-procurement). Enfin, et ce n'est
pas une surprise, le portail vertical allégé
(7) ne produit pas en général suffisamment
de valeur ajoutée pour attirer les entreprises.
Sans clients suffisamment motivés, pas de fournisseurs,
et donc pas de revenus pour l'opérateur.
Revenus
des opérateurs de places
de marché - prévisions 2006
(Selon le modèle
d'affaires, en millions de dollars)
|
Type
de place de marché
|
Revenus
estimés
|
1.
Marketplace ASP |
17,625
|
2.
Verticale et approfondie |
33,966
|
3.
Collaboration privée au sein d'une chaîne
logistique |
2,264
|
4.
Consortium industriel |
16,983
|
5.
Publique, horizontale et spécialisée |
9,058
|
6.
Publique, horizontale et généraliste |
4,529
|
7.
Verticale et allégée |
6,793
|
8.
Privée et horizontale |
5,661
|
|
|