Le virus HomePage s'essouffle... mais continue d'inquiéter

Le virus "Homepage", qui envahit depuis mercredi les messageries électroniques et lance automatiquement des connexions vers des sites pornographiques, a infecté 44.500 ordinateurs jeudi, mais ralentissait sa propagation, ont indiqué jeudi des sociétés de sécurité informatique. Selon l'éditeur d'anti-virus Trend Micro, mercredi, premier jour de diffusion de "Homepage", 75.000 machines avaient été infectées. "Lorsque nous avons lancé l'alerte rouge concernant ce virus, mercredi en début d'après-midi, une passerelle internet sur sept en Europe avait déjà vu passer ce virus", indique Marc Blanchard, directeur technique de Trend Micro.

Des utilisateurs plus sensibilisés
Les passerelles internet sont constitués par les fournisseurs d'accès internet et les réseaux des grandes entreprises. Ce virus, qui montre une nouvelle fois l'importance des problèmes de sécurité sur internet, a été revendiqué jeudi au journal américain Wired par trois jeunes Néerlandais, qui affirment avoir créé ce virus pour augmenter le nombre de pages vues sur quatre sites pornographiques. "Homepage", qui n'affecte en rien les ordinateurs infectés, n'est dangereux que par sa propagation, puisqu'il envoie automatiquement un message à chaque adresse d'Outlook, et lance aussi automatiquement le navigateur internet sur un des quatre sites pornographiques choisis.

Comme le virus "Anna Kournikova", apparu en février dernier, "Homepage" met à profit la grande popularité de Outlook, le logiciel de messagerie de Microsoft, pour se multiplier. Il est lui aussi écrit dans une forme du langage Visual Basic Script (vbs), ce qui permet de l'identifier aisément, et de nombreux utilisateurs d'internet ont ainsi évité d'être infectés, en désactivant la lecture des e-mails dont le nom se termine en "vbs". "Ce virus nous permet de constater des progrès dans l'éducation à la sécurité, particulièrement dans les entreprises", affirme Marc Blanchard. Néanmoins, si le réseau internet n'est pas réellement affecté par la multiplication de messages générés par le virus, les serveurs de mail de nombreuses entreprises se sont retrouvés engorgés.

Une recrudescence des attaques ?
Mais surtout, selon plusieurs spécialistes, Homepage, avec son coté "virus marketing viral" (se propageant d'une adresse électronique vers des dizaines d'autres), pourrait annoncer une recrudescence des attaques de virus. Il trahit en effet une réunification de deux mondes jusqu'à présent séparés, celui des hackers (pirates internet) et celui des développeurs de virus. "Homepage" a été écrit avec un code de développement crypté (nommé WBSWG), souligne l'éditeur d'anti-virus F-Secure, alors que depuis huit mois les pirates sont à la recherche de nouveaux codes virus à tester. Ainsi, l'outil de codage employé aura fait la preuve de la dangereuse efficacité d'un virus crypté.

En outre, "Homepage" a montré que lorsque les techniques de propagation de virus seront bien au point, des virus vraiment néfastes, comme le récent Kakworm, qui oblige à reformater complètement le disque dur de l'ordinateur, pourraient être diffusés massivement, souligne Panda Software. L'éditeur Trend Micro faisait ainsi remarquer que "Homepage" est capable de s'envoyer automatiquement à des mailing-lists (listes de diffusion), donc à des milliers d'adresses, même si ces listes ont été effacées des adresses d'Outlook, mais se trouvent encore dans la corbeille des éléments supprimés.