14/05/01
Face
à l'opposition de Microsoft à GNU, la FSF monte au créneau
"Nous
pensons que le partage des sources peut contribuer à améliorer
nos produits dans un contexte où il devient nécessaire
d'adapter au mieux leur développement à un système d'information
hétérogène", nous expliquait Guillaume Tourres, chargé
des relations extérieures de Microsoft
France, dans un récent entretien à JDNet Solutions
(voir notre article
du 9 mai 2001). D'où la décision de la firme de Redmond
de poursuivre ses initiatives d'ouverture dans ce domaine.
Rappelons que ce plan concerne en particulier un accès
au code de Windows 2000 (client et serveur), Windows XP
et Windows CE.
"Mais attention, il ne s'agit surtout pas de libérer notre
code source", insistait Guillaume Tourres. "Chez Microsoft,
nous pensons qu'une diffusion massive de l'Internet de
troisième génération nécessite un modèle rentable économiquement.
Pour ce faire, une valeur doit être associée à nos outils.
C'est pourquoi nous refusons l'idée d'une licence GNU
GPL, qui est une sorte de droit de propriété inversé".
L'état major de Microsoft ajoutant de concert : "la sauvegarde
de la propriété intellectuelle demeure un gage de la pérennité
de l'innovation et donc du succès".
La FSF
Europe s'insurge
Suite à la publication de cette prise de position,
la réaction de la Free
Software Foundation Europe (Fondation Européenne pour
le Logiciel Libre) n'a pas tardé. "Le discours
tenu démontre une incompréhension totale du mouvement
du logiciel Libre", indiquent ses dirigeants dans un document
publié vendredi 11 mai (quelques heures après que nous
ayons contacté son vice-président, Loïc Dachary).
Selon ce texte, l'annonce de Microsoft est purement marketing.
Seul fait nouveau : avoir rebaptisé "partage
de source" une pratique ancienne de l'industrie du
logiciel propriétaire baptisée "licence source". Le tout
sans en modifier les modalités d'applications.
"Microsoft espère apparemment (
) que ce changement de
nom aura pour conséquence d'apporter à ses logiciels les
qualités du Logiciel Libre", lancent les responsables
de l'organisation, avant d'ajouter : "c'est oublier que
ces qualités sont la conséquence directe des quatre libertés
fondamentales du Logiciel Libre et que celles-ci sont
toutes déniées à divers degrés par les licences source
de Microsoft." Parmi ses liberté, la FSF affiche : celle
d'utiliser une application, celle de l'étudier (fait d'avoir
accès au code source), celle de la copier et enfin celle
de la modifier.
"L'incompréhension qui transparaît (...) s'illustre particulièrement
dans l'affirmation que la licence GNU GPL, [...] est une
sorte de droit de propriété inversé" pointent les responsables
de la FSF Europe. "L'emploi du mot inversé suggère une
idée qui est à l'opposé de ce qu'offre GNU GPL :
l'abandon de tout droit." Or le droit d'auteur s'exerce
sur un point particulier précise le document : la licence
permet en effet à l'éditeur de garantir les libertés qu'il
a choisi d'associer à son logiciel.
"Le porte-parole de Microsoft fait l'amalgame entre le
droit d'auteur et l'activité économique qui consiste à
tirer profit de la propriété d'un logiciel ", poursuivent
les dirigeants de l'organisation. "Dans son esprit, comme
dans celui de beaucoup, le droit d'auteur est uniquement
destiné à permettre à l'auteur de monnayer l'accès au
logiciel." Or, les quatre libertés fondamentales du libre
garantiraient aux applications une insertion dans un tissu
économique leur permettant de tirer profit de nombreuses
sources de revenus. A savoir : le packaging, la distribution,
le développement, le conseil, la formation, la maintenance,
etc..
Des points
de vue plus nuancés
De son côté, Caldera,
distributeur et éditeur de solutions Linux, prend la défense
de Microsoft. Selon son PDG, Ransom Love, la firme de
Redmond a raison d'affirmer que GNU GPL n'a pas de sens
d'un point de vue commercial. Celui-ci reconnaissant volontiers
la faiblesse de cette licence pour un modèle de revenu
fondé sur une diffusion commerciale de logiciels
Open Source
C'est aussi pour cette raison que l'éditeur
réfléchit actuellement à l'adoption dans les prochains
mois d'un modèle non GNU GPL. Selon ses porte-parole,
ce dernier devrait être basé sur BSD : une licence garantissant
un certain contrôle sur les éventuelles réutilisations
des sources d'un logiciel. Sans préciser quelle version
de la BSD serait finalement choisie (l'originale n'étant
pas reconnue par la Free Software Foundation, à la différence
de certaines de ses déclinaisons), les responsables de
Caldera précisent cependant qu'ils n'abandonneront pas
totalement le modèle de la FSF.
Tout dépend
de la problématique côté utilisateur
Du côté du Club
informatique des grandes entreprises françaises (CIGREF),
on comprend la crainte de Microsoft vis à vis d'un modèle
lui faisant de plus en plus d'ombre. "Nous restons réticents
à tout monopole", insiste pourtant son porte-parole Armel
Guillet. "Pour nous, le Libre ou l'Open Source sont des
modèles qui font sens dans la mesure où ils offrent des
produits transparents et aisément adaptables."
Selon le club, les outils propriétaires édités par des
groupes tel que Microsoft fournissent également nombre
de qualités. Parmi elles figurant notamment la sécurité,
des garanties à l'achat, et des réseaux d'assistance et
de formation performants. "Ils offrent également un meilleur
niveau de maturité", ajoute Armel Guillet, avant de conclure
: "en fait, tout dépend des besoins. Un logiciel Open
Source comme Linux répond tout à fait à une problématique
de type Web. Mais pour un environnement bureautique, mieux
vaudra choisir d'autres solutions."
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