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13/06/01

Comment le ministère de l'emploi comprime les données avant de passer au tout IP

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A partir de 1998, le cabinet du Premier Ministre à Matignon a décidé que tous les ministères devaient progressivement passer aux technologies web. Depuis, pour le seul ministère de l'emploi et de la solidarité, près de 40 sites Internet et 7 ou 8 intranets ont poussé comme des champignons. Il faut dire qu'autour de l'administration centrale dans le septième arrondissement de Paris gravitent 26 directions régionales des affaires sanitaires et sociales (Drass), dont 4 pour les départements d'outre-mer. Dans le même temps, celles-ci chapeautent 96 directions départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass).

Une infrastructure vieillissante qui doit évoluer
Au total, le potentiel d'utilisateurs des intranets actuels représente donc environ 15 000 personnes, dont seulement 4 000 à Paris. Mais il ne s'agit bel et bien que d'un potentiel, et pour relier tous ces collaborateurs de l'administration entre eux, ainsi qu'avec une centaine d'applications disparates et le plus souvent distantes, le réseau est resté jusque-là basé en grande partie sur l'ancien protocole multi-niveaux x.25. A l'intérieur de ce dernier, le trafic IP est encapsulé depuis la mise en oeuvre du schéma directeur de 1993. En parallèle, la majeure partie des applications hébergées sur des mainframes a longtemps continué de fonctionner en mode client/serveur. Or, il est de notoriété qu'une telle infrastructure provoque des ralentissements considérables vis-à-vis du transport des données.

Passage au tout IP prévu d'ici la fin de l'année 2001
C'est pourquoi depuis 1998, année du virage vers les technologies web, l'abandon de l'infrastructure x.25 et des systèmes centraux est devenu l'un des principaux objectifs. Car actuellement, seuls quelques milliers de postes ont accès aux intranets, et la messagerie ne déssert pas plus de 5 000 ou 6 000 boîtes aux lettres électroniques. Et pour arriver à ce score, il aura tout de même fallu faire appel aux solutions middleware de compression/décompression réseau de l'éditeur Boostworks.

"X.25 va effectivement disparaître et nous prévoyons un passage au tout IP pour le deuxième semestre 2001", dévoile Eric Baudry, responsable de production au sein du ministère, du côté de la solidarité plus que de l'emploi. A ce titre, l'essentiel de sa fonction informatique consiste à superviser les serveurs Unix et les applications qu'ils hébergent. "Le but est de remplacer toutes les applications mainframes et Unix client/serveur dans les années à venir", poursuit-il. "De fait, les nouvelles applications que nous développons à présent sont conformes aux technologies web. Certaines vont ainsi connaître une extension de leur périmètre, comme l'application de gestion des naturalisations qui concerne plusieurs ministères."

Retards accumulés pour cause de passage à l'an 2000
En attendant, ces évolutions auraient déjà pu être menées depuis trois ans. Mais un autre chantier beaucoup plus important que prévu s'est alors interposé : celui du passage à l'an 2000. "Nous avons perdu trois ans à cause de cela", explique Eric Baudry. "En 1999, la situation frisait même la folie, car nous étions peu en interne pour gérer l'an 2000. Personnellement, j'y ai passé presque 18 mois à temps plein, et ce problème est venu se surajouter à la migration vers le web, pour une plus-value relativement discutable." Ceci dit, certains outils qui devaient être revus pour le nouveau millénaire en ont profité pour évoluer vers les technologies web. Une majorité d'applications x.25 classiques ont disparu au profit de développements sous Powerbuilder de Sybase, et de progiciels compatibles IP/web comme Business Objects pour accéder à l'infocentre de marque Informix (l'éditeur dont le nom est devenu Ascential Software a récemment revendu une partie de cette ligne de produits à IBM - voir article de JDNet Solutions).

1997: BoostSQL pour accélérer environ 30 applications
Dans ce contexte difficile, les installations successives de deux outils fournis par Boostworks sont venues améliorer les conditions de communication sur le réseau interne. Car en attendant d'évoluer vers une infrastructure tout IP, la seule solution possible et envisagée consistait à réduire le volume des données.

"Suite à notre contact avec Boostworks en 1997, nous avons d'abord commencé par régler le problème des applications classiques fonctionnant à l'aide de requêtes SQL", raconte Eric Baudry. "BoostSQL, qui s'appelait à l'origine Echopad, assure la compression des données à près de 85 %. Mais cela ne correspond pas vraiment aux gains réels sur le réseau en raison de l'encapsulation IP dans x.25. Après celle-ci, nous arrivons tout de même à deux tiers de bande passante économisée sur le réseau. Les temps de réponse sont meilleurs, et le service rendu est aussi plus performant." Actuellement, BoostSQL concerne une trentaine d'applications accédées de façon régulière par 1 000 à 2 000 personnes. Pour fonctionner, le produit doit être installé en version serveur sur les plates-formes applicatives, qui dialoguent avec des postes clients devenus des points de passage obligés sur chaque réseau local concerné.

1999: BoostWeb pour accroître le nombre d'intranautes
A partir du tournant web pris par le gouvernement en 1998, le flux http a commencé à devenir majoritaire. La question s'est alors posée de dénicher le même type d'outil pour résoudre les nouveaux problèmes d'engorgement du réseau. "En 1999, nous avons redemandé à Boostworks s'ils n'avaient pas une solution adaptée pour le web". témoigne Eric Baudry, "et ils nous ont proposé BoostWeb. Mais à l'inverse de BoostSQL qui était déjà pérenne, nous n'étions que le premier ou le deuxième client de cette solution dans le monde. C'est pourquoi nous avons du essuyer quelques plâtres." En clair, le produit n'existait alors qu'en bêta version, et les travaux menés de front avec le ministère ont pu aider l'éditeur à améliorer sa solution.

Concurrent du passage à l'an 2000, le projet s'est avéré laborieux et la mise au point corrective, entamée en avril 1999, n'a pu être finalisée qu'en septembre 2000. A partir de cette date, BoostWeb s'est imposé naturellement. Grâce aux quelques gigaoctets économisés par semaine, le nombre d'intranautes réduit au départ a pu passer à environ 5 000 utilisateurs pour qui le produit reste transparent. En effet, il suffit d'indiquer dans le navigateur client l'adresse du proxy de décompression. Ensuite, l'outil permet aussi d'accéder à deux autres réseaux privés qui se greffent dessus : le Réseau Santé Sociale, et l'ADER qui interconnecte l'ensemble des ministères français.

1 million de francs en licences vite rentabilisées
Au total, le budget consacré en deux temps a atteint la somme de 1 million de francs pour les licences. BoostSQL, qui compte pour 30 % de ce total, a réclamé un déploiement conséquent en deux mois, avec 30 installations côté serveur, plus 140 clients intermédiaires sur les réseaux locaux du central et des différentes Drass et Ddass. Les 70 % restants ont été dépensés pour les licences de BoostWeb, qui de son côté ne monopolise que 3 serveurs.

En face des dépenses, un retour sur investissement a pu être évalué. D'après Eric Baudry, "BoostWeb nous fait gagner entre 3 et 4 Go par semaine. Or, nous avons chiffré le gigaoctet à 18 000 francs car une facturation au volume s'applique à notre réseau x.25, et cela représente donc environ 72 000 francs économisés de façon hebdomadaire. Mais comme nous avons aussi plus de bande passante utilisée, il ne s'agit pas d'argent gagné mais de service rendu en plus." Sur la partie BoostSQL qui concerne les applications et non le nombre d'utilisateurs qui ne varie pas, l'outil a été rentabilisé en quelques mois seulement.

Début d'une love story entre gouvernement et Web
"A terme, nous espérons que BoostWeb profitera à plus de 10 000 personnes, car nous voulons l'ouvrir à toute la France", indique Eric Baudry. "Cet élargissement s'inscrit bien sûr dans la migration de l'infrastructure vers le tout IP. Car malgré la compression, le réseau actuel exploserait avec une telle couverture."

Dans le même temps, d'autres évolutions techniques sont prévues. Côté sécurité, par exemple, les firewalls sont déjà au rendez-vous. Ils devraient être complétés prochainement par le chiffrement des données en transit, éventuellement à l'aide d'une offre VPN (réseau privé virtuel). Pour parfaire l'architecture avec un troisième tiers, un serveur d'applications sera probablement installé en 2002. D'ici là, des solutions de web-to-host vont être rapidement mises en production pour deux importantes applications mainframe. Mais celles-ci ont une vocation temporaire, la première devant disparaître l'année prochaine, et la suivante en 2003-2004. Puis, BoostWeb va également favoriser la multiplication des extranets, pour l'instant peu répandus, qui sont prévus avec notamment les Caisses Régionales d'Assurance Maladie et l'URSSAF. Dans les années qui suivent, certains systèmes d'information territoriaux vont enfin pouvoir dialoguer de façon dynamique. Mais pour l'instant, ces échanges n'existent pas. Et leur entrée en application n'est pas seulement technique, mais aussi politique.


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