22/08/01
Wap
2.0 : trop complexe ?
Le 1er août dernier
le consortium Wap
Forum publiait la version
2.0 des spécifications du Wap. Plus de 2600
pages de spécifications qui dessinent l'infrastructure
sur laquelle bâtir les services de données
des prochains réseaux de téléphonie
mobile. Wap 2.0 apportera-t-il le nouveau souffle tant
attendu sur le marché dit de "l'internet
Mobile" ? L'analyse qu'en donne Ubicco
à travers un libre blanc ne rend pas forcément
très optimiste.
En
soixante pages, la filiale de Fi System, éditeur
d'un serveur multi-terminaux, passe en revue de manière
plutôt exhaustive et critique les sous-ensembles
de cet environnement - protocoles, langages, passerelles,
navigateur, etc. Une lecture fort instructive: si Wap
2.0 marque indiscutablement un saut qualitatif par rapport
à la version 1.2.1 publiée en juin 2000,
il se caractérise aussi par une complexité
croissante, aussi bien en ce qui concerne le terminal
que les architectures serveur. "La spécification
est complexe, certains sous-ensembles sont prêts-à-l'emploi
tandis que d'autres s'apparentent davantage à
des lignes de direction, observe Cédric Nicolas,
directeur technique d'Ubicco. Du coup, il semble probable
que les composants de Wap 2.0 seront mis en oeuvre de
façon très progressive. En fait, c'est
sans doute ce qui manque le plus à Wap 2.0 :
un calendrier qui hiérarchiserait l'implémentation
des différentes briques". A défaut,
la complexité de Wap 2.0 laisse planer de gros
doutes sur la capacité du marché à
mettre en oeuvre une telle plate-forme.
Sur le papier, les améliorations pour l'utilisateur
sont pourtant nombreuses. On notera entre autres que:
- le terminal devient "auto-configurable"
- les serveurs assurent sa configuration à distance
- la sécurité est enfin assurée
de bout en bout. Sur le chapitre de la sécurité,
précisons aussi que le Wap Forum retient le modèle
des infrastructures à clefs publiques.
- ll devient possible de naviguer sur un site XHTML
(dialecte de XML qui sert de base au W3C pour la ré-écriture
d'un langage de présentation plus "propre"
que HTML)
- Un système de messagerie multimédia
est décrit
- Un modèle
unifié est proposé pour la représentation
des pictogrammes
- L'interface pour accéder à des périphériques
externes au terminal est standardisée
Bref, des améliorations
bienvenues mais qui, dans le détail de leur implémentation,
semblent souvent complexes, inachevées ou encore
excessivement coûteuses en ressources. Sur plusieurs
points, dixit le libre blanc d'Ubicco, le Wap Forum
donne aussi l'impression d'avoir chercher à "réinventer
la poudre". Trois exemples:
- Si la version 2.0 du langage de présentation
WML est conçue autour de XHTML, fondation de
la prochaine évolution de HTML, la nécessité
d'assurer une compatibilité ascendante avec WML1
rend le langage délicat à manipuler. En
tous cas, WML2 reste encore bien loin de la simplicité
du cHTML utilisé par l'i-Mode japonais.
- La messagerie multimédia (Multimedia Messaging
Service), qui vise à échanger des messages
riches en contenu en mode asynchrone, représente
une belle intention mais dessine un système parallèle
à ceux déjà déployés
(qu'il s'agisse des protocoles SMTP/PO3/IMAP4 ou des
messageries comme SMS). Raisonnable ?
- Pour gérer les relations entre une application
Wap et des périphériques externes au terminal,
le Wap Forum propose le standard EFI (External Functional
Interfaces). Une initiative intéressante mais
qui semble encore inachevée. La manière
de télécharger des pilotes de périphériques
reste encore très floue. De plus, la manipulation
de ces interfaces demande de recourir à des API
WML et WMLscript. Pourquoi ne pas avoir tenté
de capitaliser sur Java ?
Une architecture serveur de plus en plus complexe
Certes, on peut imaginer que les travaux à venir
complèteront des protocoles qui laissent parfois
un goût d'inachevé. En revanche, il est
plus difficile d'estimer le temps nécessaire
pour déployer l'environnement Wap 2.0, tant au
niveau des terminaux que des serveurs.
Sur le terminal, la multiplication des couches protocolaires
(TCP/IP fait d'ailleurs son apparition) va demander
beaucoup plus de puissance processeur et de mémoire
qu'aujourd'hui, sans oublier la question de l'autonomie.
Du côté des serveurs aussi, l'architecture
du Wap 2.0 demande d'empiler les passerelles et proxies:
passerelle d'en/décodage entre le terminal Wap
et les protocoles du Web, proxy de transmission des
profils de terminaux, proxy de cache, serveur dit de
provisionning (pour la configuration à distance
du terminal), serveur PKI (pour la création de
certificats à clef publique)... Et la liste est
loin d'être exhaustive. Le déploiement
d'une architecture, dont les serveurs seront répartis
entre opérateurs, autorités de certification,
fournisseurs de contenus et portails divers, va forcément
demander beaucoup de temps.
Bref, Wap 2.0 dessine
une vaste et complexe infrastructure de services de
données dimensionnée pour des réseaux
GPRS, voire UMTS. Une haute ambition qui ne semble pas
faire l'unanimité puisque qu'un autre organisme,
la GSM Association,
a lancé cet été l'initiative "m-services"
qui s'apparente à un sous-ensemble de Wap 2.0.
Une initiative plus modeste donc mais qui pourrait profiter
des temps de déploiements de l'environnement
Wap 2.0... Il est d'ailleurs probable que, dans l'attente
d'une mise en oeuvre réelle de cette infrastructure,
certains opérateurs optent pour des technologies
intermédiaires. Ubicco cite l'i-mode bien sûr
mais aussi Java MIDP de Sun, le système STIP
du consortium homonyme ou encore le recours à
des navigateurs fondés sur des dérivés
de XML. La complexité de Wap 2.0 devrait laisser
le temps d'explorer ces voies...
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