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09/04/2001

Comment Web Profils met les logiciels libres au service... des informaticiens

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En mai 2000 naît la société Web-Profils, avec pour objectif unique la création d'une place de marché dédiée aux échanges d'informaticiens entre SSII. La société, qui démarre avec un capital de 686 000 euros environ, financés par des fonds propres, se décrit en trois traits principaux : être exclusivement concentrée sur les échanges b-to-b, ne s'adresser qu'aux prestataires de services intellectuels dans le domaine du conseil et de l'informatique, et s'appuyer sur une facturation des utilisateurs en tournant le dos à la publicité. Pour gérer la place de marché, quatre personnes travaillent à plein temps, les considérations d'ordre technique étant entièrement confiées à des prestataires externes.

Après 5 mois de travaux dont 10 semaines de conception et développement assurés par l'agence web Cardiweb de juin à décembre 2000, le site web-profils.com entre en production sur des serveurs hébergés chez Uunet et gérés par la société de conseil en infrastructures Sys-Com. Au début de l'été, l'opérateur de la place de marché déclare environ 1 200 SSII et 300 donneurs d'ordre participant aux transactions. En ligne cohabitent près de 300 profils de compétences, et 150 appels d'offres tournent en permanence. Depuis le démarrage de la facturation en janvier 2001, le chiffre d'affaires se monte à 70 000 francs par mois avec un équilibre attendu pour le deuxième semestre 2002.


Budget: 1 million de francs exclusivement en services

Jean-Luc Gardie
Fondateur et président
"Nous fonctionnons sur le principe de la mise en relation", déclare Jean-Luc Gardie, fondateur et président de Web-Profils. "Quelqu'un qui cherche une compétence va pouvoir la trouver, mais nous ne nous immiscons pas dans les contrats d'affaires. Les SSII et les entreprises intéressées paient un abonnement mensuel de 700 francs, ou un peu plus de 6 000 francs l'année selon nos formules dégressives. Ensuite, le tarif varie un peu si notre client choisit un seul ou plusieurs mots de passe pour gérer plusieurs comptes."

Techniquement, l'architecture du site repose sur un socle de composants Java gérés par le serveur d'application libre JServ sous Linux RedHat. Le serveur web est Apache et la base de données PostgreSQL. Alors que les pages dynamiques sont générées à l'aide de JSP (Java Server Pages), une partie des objets Java provient d'une solution standard développée par Cardiweb et nommée Cardibox. Même le moteur de recherche, htdig, est gratuit. "Notre philosophie s'est tournée vers 100% Java/Linux ou Solaris", indique Christophe Semur, directeur de la production de Cardiweb. "Cardibox compte des clients comme le Gan, Generali et les Editions Atlas. Nous la donnons gratuitement à nos clients avec la propriété non exclusive et ils peuvent travailler avec sur d'autres projets." Pour cette raison, Web-profils aura théoriquement dépensé 1 millions de francs pour son site d'ici fin 2001, exclusivement en services. D'après Jean-Luc Gardie, "nous avons un peu dépassé le plafond de notre fait, après avoir défini le cahier des charges sur les plans graphiques et fonctionnels. Quand nous avons vu ce que donnaient certaines choses, il a fallu procéder à des réajustements."

Des classeurs pour gérer les prises de contact
La bourse d'échanges intègre quatre principales fonctions. Tout d'abord, la base des compétences comprend les déclarations des personnes disponibles. Auprès des clients finaux et des SSII qui cherchent à sous-traiter tout ou partie d'un projet, les CV sont proposés en fonction du profil recherché. Puis, la base des appels à compétence renferme des "mini-appels d'offres non formels" selon les mots du dirigeant,consultables par les SSII qui ont des ressources disponibles. En troisième lieu, le service de mise en relation est accessible par le biais des deux précédentes bases, et peut permettre à deux acteurs de rentrer en contact de façon anonyme ou déclarée. Des classeurs virtuels sont mis à leur disposition en vue de gérer les dialogues de mise en relation, qui peuvent parfois s'avérer complexes. Enfin, la quatrième et dernière fonction est un système d'alertes personnalisées par e-mail. Par dessus, l'on peut citer également un annuaire des SSII et un observatoire des offres et des demandes avec des ratios par catégories.

Protection légale des salariés sur des contrats de régie
Mais il s'avère que pour lancer une bourse d'échanges comme Web-profils, il faut tenir compte d'un certain nombre de spécificités du marché. "Pendant très longtemps, les informaticiens eux-même cherchaient des ressources en ignorant leur service achat", explique Jean-Luc Gardie. "Or, ils ignoraient jusqu'au terme 'délit de marchandage'. Par le passé, beaucoup ont été rattrappés par cette législation qui tient sur deux articles du Code du travail. Tout contrat ayant pour but lucratif le prêt et la fourniture exclusifs de main d'oeuvre est interdit sauf pour des sociétés de travail temporaire. Et ceci, pour éviter que des SSII puissent se désengager de leurs responsabilités envers leur personnel."

"Ensuite, poursuit-il, le deuxième article stipule que tout contrat ou disposition qui pourrait amener à léser les salariés en les mettant à l'écart des avantages de la vie normale de la société est interdit. De fait, le bon vieux contrat de régie qui stipule la mise à disposition d'un programmeur à 4 500 francs par jour est illégal. Pour peu que dans les termes, le client soit chargé de la gestion, le délit est aggravé. Et si en plus le client commet l'erreur de traiter le collaborateur extérieur comme s'il était interne en lui donnant un badge d'accès et en le mettant dans l'annuaire, l'inspection du travail se régale avec ces éléments de preuve."

Pas de délits de marchandage incités par Web-profils
Dans une situation pareille, le premier risque pour une bourse d'échanges serait de tomber dans l'incitation au délit de marchandage. Un écueil que Web-profils s'est empressé d'éviter en soignant les tournures employées pour qualifier les prestations proposées. En outre, "nous avons organisé un séminaire où nos clients ont vu que les incidences avec Web-profils étaient extrêmement mineures", rappelle Jean-Luc Gardie. Car suite à des affaires avec l'inspection du travail dans des grandes entreprises françaises, "de plus en plus de services achats interviennent pour passer les contrats. Et ces derniers sont mieux informés à propos de la législation." Par conséquent, il fallait les rassurer sur le fait que la place de marché ne risquait pas de favoriser ce type de commerce illégal.

Une bourse d'échange de compétences comme Web-profils se devait de se conformer aux règles de fonctionnement non écrites de son marché. Ainsi en va-t-il, par exemple, des inter-contrats avec prêts de ressources entre SSII. Et c'est pourquoi l'opérateur de la place de marché conseille l'inscription deux mois à l'avance d'une personne dont l'employeur sait qu'elle sera libre, pour lui donner la possibilité d'étudier plusieurs propositions. Pour conserver un informaticien, il faut le motiver. "Nous avons aussi du changer notre mode de tarification", termine Jean-Luc Gardie. "Au départ, la facturation variait selon la taille de l'entreprise car de grandes SSII voulaient d'abord tester le site sur une agence. Donc elles prenaient un abonnement, et les autres agences n'en prenaient plus. Ce principe n'était donc pas adéquat au démarrage, mais reviendra peut-être un jour lorsque la place de marché aura muri."


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