11/02/2001
La
boucle locale radio en sept questions
Voir
aussi Boucle
locale radio : les opérateurs avancent mais des obstacles
demeurent
Cinq minutes de lecture pour comprendre le cadre
technique de la boucle locale radio.
D'où vient l'idée de la boucle locale radio
(BLR) ?
Historiquement, les zones isolées ou
trop éloignées géographiquement des
métropoles ne pouvaient être couvertes par
l'Internet à haut débit, pour des raisons
de coûts liés au déploiement des câbles.
De fait, l'installation d'une antenne, émetteur/récepteur
d'ondes radio, pouvait pallier ce manque.
Dans
le cadre de la libéralisation du marché
des télécommunications (effective au 1er
janvier 2001), le dégroupage de la boucle locale
filaire (lire le questions/réponses
sur les réseaux et leurs protocoles) a pris
un certain retard notamment du fait de la mauvaise volonté
de l'opérateur historique. Certains opérateurs,
comme Belgacom, FirstMark et Fortel, ont pris le parti
d'investir dans le déploiement d'antennes sur les
toits d'immeubles et de ne pas attendre que France Télécom
libère des emplacements dans ses centres au plus
près de l'abonné pour permettre aux opérateurs
alternatifs de s'y brancher et d'exploiter le réseau
filaire existant.
Ainsi est née la boucle locale radio, moins onéreuse
(pas besoin de creuser des tranchées comme pour
le câble) et indépendante de l'opérateur
historique national auquel il n'est pas besoin de verser
une licence d'exploitation.
A quoi sert une "station
de base", dispositif souvent évoqué
dans le sillage de la BLR ?
Les stations de base correspondent aux antennes
placées sur les toits d'immeubles et à tous
les équipements qui y sont reliés, chargés
d'émettre et de recevoir les paquets de données
sous forme d'ondes radio. La station de base est reliée
au centre de l'opérateur, et prend en charge les
transmissions avec les abonnés.
De quoi se compose une architecture
BLR et quels sont les équipementiers concernés
?
Au niveau de la station de base (en fait quatre
stations aux quatres coins de l'immeuble qui couvrent
chacune un faisceau d'ondes sur un angle de 90 degrés),
l'antenne est le maillon final qui émet et reçoit
les ondes radio. Avant celle-ci est située une
passerelle qui transforme le protocole réseau fixe
employé pour la transmission (par exemple ATM sous
forme de paquets de données) en un équivalent
propriétaire sous forme d'ondes radio. Bien évidemment,
il faut aussi que l'opérateur puisse générer
en amont ce flux ATM à partir de la fibre à
très haut débit, et il lui faut pour cela
un commutateur adéquat.
Chez le client, une petite antenne doit être placée
sur le toit de l'immeuble ou au minimum sur un balcon
exposé dans la bonne direction. Celle-ci est reliée
par un câble à un boîtier périphérique
de l'ordinateur, qui joue le rôle de modem (MOdulateur/DEModulateur
de fréquences).
Parmi les équipementiers concernés, l'on
retrouve souvent Alcatel, mais également Thales
Idatys, l'ancienne division telecoms de Dassault AT dont
le nom est désormais Thales e-Transactions SA.
A l'heure actuelle se poserait un problème dans
la fourniture de ces équipements, en particulier
chez Alcatel où les passerelles capables de transformer
le flux ATM en son équivalent propriétaire
pour la transmission par ondes radio seraient en rupture
de stocks.
Pourquoi le nombre d'opérateurs
pouvant exploiter la boucle locale radio est-il forcément
limité ?
Tout comme les emplacements pour brancher les
fils sur les commutateurs de France Télécom
sont en nombre limité, les fréquences qui
peuvent être attribuées le sont également.
Si deux opérateurs tentaient d'émettre sur
la même fréquence, les flux risqueraient
d'être superposés et des incohérences
empêcheraient un envoi ou une réception correcte
des données ou de la voix. Or, seulement deux bandes
de fréquences exploitables ont été
retenues suite à la phase d'expérimentation:
autour de 3,5 GHz et de 27,5 à 29,5 GHz.
Or, comme cette dernière plage apparaît en
conflit avec des transmissions satellitaires, l'armée
a bien voulu concéder une partie qu'elle n'exploitait
pas des fréquences autour de 26 MHz.
Cette limitation des fréquences avait amené
l'ART (Autorité de régulation des télécommunications)
à attribuer au total 54 licences à
des opérateurs, dont 2 au niveau national
qui ont été remportées par FirstMark
et Fortel, 44 sur les régions (Belgacom en
tête), et 8 dans les DOM-TOM.
La boucle locale radio est-elle
aussi fiable que les réseaux métropolitains
en fibre optique ?
Cela dépend de la distance entre la
station de base et l'abonné. Au delà de
quelques kilomètres, de 2 à 4 km
selon les offres et les capacités supportées
par les équipements situés au niveau des
stations de base, une déperdition peut survenir
dans la qualité du transfert des données.
Pour éviter une déperdition trop importante
au niveau de la voix, les opérateurs renouvellent
les paquets manquants. Pour les données, c'est
le protocole TCP au dessus de IP qui dans le fonctionnement
normal du réseau Internet garantit l'intégrité
des transferts. Au delà de 6 à 10 km,
un opérateur de boucle locale ne fournit en général
aucune offre, car elle ne serait pas d'une qualité
suffisante. Enfin, il peut arriver qu'un autre immeuble
de plus grande taille, ou une colline élevée
se situe sur le passage des ondes radio et génèrent
des zones d'ombre provoquant une mauvaise transmission.
En revanche, et surtout pour les hautes plages de fréquences
(voir question précédente), le débit
proposé au client final peut être supérieur
dans une courte distance, à celui offert par le
réseau câblé ou les liaisons ADSL
classiques. Ainsi, Belgacom qui profite d'une fréquence
autour des 26 Mhz, propose des liaisons spécialisées
par ondes radio jusqu'à 10 Mbps par abonné.
Est-il possible d'intercepter
un flux hertzien par malveillance et de nuire à
la confidentialité des échanges ?
Pour cela, il faudrait se situer exactement
entre la station de base radar et l'équipement
situé chez l'abonné. A partir de là,
le matériel émetteur/récepteur placé
par l'opérateur chez l'abonné dispose d'une
clef d'identification, et la personne qui cherche à
intercepter le flux doit disposer d'un matériel
s'identifiant avec la même signature. Enfin, l'établissement
d'un tunnel de données chiffrées par l'intermédiaire,
par exemple, d'un réseau privé virtuel,
n'est pas plus complexe dans le cadre de la transmission
par ondes radio que par voie filaire, puisqu'il s'appuie
sur des protocoles applicatifs indépendants du
réseau lui-même.
A
quel point est-il compliqué de déployer
des stations de base ?
Le véritable
problème est juridique. En juillet dernier, un
texte de loi a donné un droit de regard aux gérants
d'immeubles, en les autorisant à révoquer
l'installation d'antennes pour la BLR sur leurs toits.
Comme ces derniers commencent à être saturés
d'antennes diverses (relais satellites pour la télévision
ou la téléphonie mobile, etc.), et que dans
ces derniers cas le droit de regard n'existe pas, il se
pourrait que certains gérants se rattrapent sur
cette prérogative qui leur est accordée.
Or, lorsque France Télécom est déjà
présent sur le toit de l'immeuble, il lui serait
possible d'accorder un espace à l'opérateur
de boucle locale radio pour y placer ses antennes. Mais
l'opérateur historique n'a a priori aucun intérêt
à faciliter la vie de ses concurrents.
A lire aussi:
Questions/réponses
sur les réseaux et leurs protocoles
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