12/07/2001
AOL
et American Express rejoignent le projet Liberty Alliance
de Sun
A seulement vingt-quatre
heures d'écart, AOL et American Express ont annoncé
cette semaine qu'ils ralliaient le projet Liberty
Alliance initié notamment par Sun Microsystems
en septembre dernier. Avec l'adhésion de ces
deux nouveaux membres de poids, le projet concurrent
de Passport (voir
notre article) - la plate-forme d'identification
mutualisée de Microsoft - acquiert une légitimité
qui pourrait inquiéter l'éditeur de Redmond.
America
Online et ses 32 millions d'abonnés comme
AmEx
avec ses 4 millions de possesseurs de Blue Card
ne sont en effet pas des partenaires tout à fait
ordinaires, et Microsoft ne peut pas l'ignorer.
Une
nouvelle donne
Il y a encore deux mois, le p-dg de Microsoft Steve
Ballmer avait beau jeu de faire remarquer qu'un programme
lancé par Sun auquel son partenaire AOL ne participait
pas manquait un peu de crédibilité...
C'est
désormais chose faite. Avec en outre l'arrivée
d'American Express dans le projet, les choses deviennent
sérieuses. Parmi les 33 sociétés
partenaires de Liberty, on trouvait en effet jusqu'à
hier des profils assez variés de sociétés
appartenant à des secteurs divers : télécommunications
(Cisco, Nokia, NTT DoCoMo, Sprint, Bell Canada, etc.),
transport aérien (American Airlines, United Airlines),
électronique (Gemplus et Schlumberger notamment),
et quelques experts de la sécurité (ActivCard,
Entrust, RSA Security, Verisign). Mais de solution de
paiement point. C'est désormais chose faite également.
Quant à savoir si pour autant Liberty Alliance
peut maintenant représenter une alternative viable
à Passport, ce qu'elle prétend être
en théorie, il y a encore loin du principe à
la réalité.
Des
atouts dans la manche de Microsoft ...
Côté réalité, on peut observer
en premier lieu que Microsoft possède une longueur
d'avance tout à fait réelle sur le projet
de Sun. Passport compterait ainsi 200 millions d'utilisateurs
actuellement selon Microsoft. Même si on corrige
ce chiffre et ne comptant que les utilisateurs réels
du service qui s'enregistrent pour bénéficier
d'un login unique et du service de paiement associé
(et non pas les souscripteurs à Hotmail que comptabilise
l'éditeur), on arrive tout de même à
quelque 2 millions d'utilisateurs, selon certains analystes
américains. On peut également noter que
la société de Bill Gates a déjà
mis en route sa plate-forme sur plusieurs centaines
de sites partenaires, et qu'il faudra du temps aux membres
du projet pour faire de même.
Mais
également dans celle du challenger
Mais sur le principe, plusieurs arguments jouent en
faveur de l'alliance construite autour de Sun. La notoriété
de ses membres d'abord, et la liste plus haut est exemplaire.
L'esprit du projet ensuite, qui se veut un contre-exemple
de de la solution de Microsoft, présentée
comme monopolistique par ses adversaires, et qui joue
l'ouverture contre la fermeture. Ainsi le président
et p-dg d'AOL n'a t-il pas hésité à
déclarer : "Nous sommes convaincus que l'approche
coopérative et décentralisée de
Liberty Alliance encouragera à la fois la compétition
et la liberté de choix des utilisateurs, tout
en protégeant la sécurité et la
confidentialité". Et bien entendu, la virginité
dont jouit pour le moment l'alliance en termes de sécurité
- et pour cause, puisque rien n'existe aujourd'hui.
Les récents failles de Passport mises à
jour le mois dernier par un membre de l'Apache Software
Foundation (voir
notre article) font peser quelques doutes sur les
mesures de sécurité Microsoft, et on peut
penser qu'un projet averti en valant (au moins) deux,
l'alliance sera extrêmement prudente lors du lancement
de sa propre solution.
Le responsable stratégique de Sun, Jonathan Schwartz,
a indiqué que de plus amples détails sur
l'avancée des opéations du projet seraient
donnés dans les semaines qui viennent. On peut
penser que d'ici là Microsoft aura réagi
et, pourquoi pas, peut-être même pour annoncer
un rapprochement au moins partiel avec son principal
rival ?
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