Presque
un an après le début de sa commercialisation
en Europe, l'offre ASP (Application Service Provider)
d'Oracle
n'a pas remporté le succès escompté
par l'éditeur de l'e-Business Suite 11i. Aujourd'hui
seule une petite quinzaine de clients a adopté
ce mode de distribution en Europe, et le chairman et
CEO de la société, Larry Ellison, lui-même
a préféré éviter d'aborder
lorsqu'il a clôturé jeudi dernier le salon
AppsWorld à Amsterdam. Pourtant les espoirs que
fonde Oracle sur l'ASP sont ambitieux : plus de 50%
du chiffre d'affaires global de l'éditeur devrait
provenir de ce service avant 2007.
Un
argument central : la baisse du TCO
Testée d'abord aux Etats-Unis et lancée
outre-Atlantique il y a deux ans, l'offre ASP d'Oracle
a été proposée pour la première
fois en Europe au Royaume-Uni, il y a dix mois.
Cette
offre comporte deux volets aujourd'hui : une option
d'hébergement dans le datacenter d'Oracle à
San-Francisco (dit
"our place"), une autre d'hébergement
sur les serveurs de l'entreprise cliente.
Dans le premier cas Oracle assure une maintenance complète
du système (matériel et logiciel), tandis
que dans le second, il ne s'engage que sur la maintenance
logicielle et les mises à jour automatiques des
versions de ses produits. Intérêt pour
le client ? " Le principal bénéfice
de notre service ASP réside dans une réduction
importante des coûts de déploiement des
logiciels, qui peut atteindre 50%", explique Barry
Goodwin, vice président EMEA d'Oracle.com que
nous avons intérrogé à Amsterdam
lors de Oracle
AppsWorld 2002.
Une poignée de clients
européens
Malgré ses promesses, le service n'a
pourtant pas à ce jour convaincu les utilisateurs
européens. Si Oracle compte en effet 150 convertis
aux Etats-Unis, 10% seulement ont adopté la solution
ici, parmi lesquels Tropicana.
Si ce dernier utilise 12 modules de l'e-Business Suite
selon Barry Goodwin, ce cas de figure n'en reste pas
moins exceptionnel ainsi que l'a reconnu Sergio Giacoletto,
Executive Vice President d'Oracle EMEA. "Nous en
sommes au tout début, a confié celui-ci,
et la plupart des entreprises qui utilisent l'ASP aujourd'hui
ne s'en servent que pour un ou deux modules comme le
Procurement et non pour toute la suite". Il a d'ailleurs
fallu que ce soit un membre de l'assistance qui l'interpelle
sur le sujet lors de sa conférence, pour que
Larry Ellison mentionne l'ASP, se contentant de mettre
en avant la "flexibilité" du système
d'applications hébergées.
Contradiction dans les termes
de l'équation
Faut-il pourtant
s'étonner de ce démarrage difficile pour
Oracle ? Par définition, une suite progicialisée
nécessite de nombreux paramétrages, et
on ne voit pas très bien comment Oracle pourra
résoudre l'équation complexe entre exigence
d'adaptation de ses clients et standardisation applicative
intrinsèque au modèle ASP. L'offre de
son principal concurrent SAP, mySAP.com, souffre d'ailleurs,
mais dans une mesure moins large, des
mêmes difficultés en France (voir
notre article).
Il semble donc improbable qu'Oracle parvienne d'ici
à cinq ans à tirer plus de 50% de ses
revenus de son offre ASP, comme l'ont annoncé
Larry Ellison et Sergio Giacoletto. A moins bien sûr
que ses clients ne finissent par accepter de modéliser
leurs processus de travail sur l'offre fonctionnelle
de l'éditeur, et non plus l'inverse. Ou qu'Oracle
ne trouve une incitation spectaculaire pour promouvoir
son offre...
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