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Idée reçue No 2 "Il existe deux types de logiciels: les uns sont propriétaires, les autres standards"
Deuxième épisode de notre série consacrée aux idées reçues de l'e-business. Au menu du jour, la notion fort équivoque de "standard informatique". (Mercredi 6 mars 2002)
     

JDNet Solutions inaugure une nouvelle série d'articles consacrés aux idées reçues de l'informatique. Avec un double objectif: examiner dans quelle mesure les promesses des technologies ont été tenues et permettre au plus grand nombre de prendre le train en marche.

Voir l'Idée reçue No 1 "La première qualité de Java, c'est son caractère multi-plate-forme"

Si le clivage entre les logiciels dits propriétaires et ceux dits standards n'est pas né avec les technologies du Web, celles-ci ont toutefois largement contribué à le renforcer. Et pour cause: le Web, c'est avant tout des standards comme TCP-IP, HTTP, HTML, XML, etc. Logique donc que l'univers du logiciel prenne la forme d'un monde bipolaire opposant ceux qui se conforment aux standards et les autres.

Dans le langage courant, ce clivage propriétaire/standard tend à résumer d'autres oppositions, notamment celle entre logiciel "fermé" et "ouvert", autrement dit entre les logiciels dont le code source est accessible et ceux dont le code est jalousement gardé par l'éditeur. Ceux qui suivent, même de loin, l'actualité informatique l'auront compris, dans le discours ambiant, la logique propriétaire est sensé être incarnée de manière caricaturale par un éditeur comme Microsoft, et la logique des standards par des logiciels libres (comme le serveur web Apache par exemple). Dans les faits pourtant, ce clivage paraît assez simpliste. Pour deux raisons au moins. Primo, parce qu'un logiciel fermé (par opposition à un logiciel dont le code source est ouvert) peut très bien se conformer à des standards. Secundo, parce que la notion de standard en informatique est tout sauf une notion univoque...

En théorie en effet, un standard c'est une technologie dont les spécifications ont été élaborées et validées par un organisme indépendant des éditeurs, organisme qui veille au respect des règles du jeu de la standardisation. On peut citer au moins deux organismes de ce type qui jouent un rôle crucial dans l'élaboration des protocoles du Net: l'Internet Engineering Task Force (IETF) et le World Wide Web Consortium (W3C). Un éditeur qui veut conformer son annuaire au standard Ldap ou son éditeur de contenu au standard XML trouvera les spécifications officielles auprès de ces deux organismes. A eux deux, l'IETF et le W3C produisent une bonne partie des standards du Net. Une bonne partie mais pas la totalité...

Standard et... standard
Contre-exemple: l'ensemble des technologies de l'univers Java (notamment les services du modèle J2EE) sont élaborées dans le cadre d'un programme, le Java
Community Process Program (JCP), mis en place par Sun. Certes, les partenaires de Sun dans le JCP (IBM ou BEA par exemple) sont très impliqués dans ce programme mais le JCP ne peut toutefois pas être comparé à un organisme de standardisation. Et, pourtant, les technologies Java sont bel et bien perçues par les différents acteurs du marché (éditeurs, utilisateurs, prestataires) comme des "standards". Pour une raison simple: ces technologies ont atteint sur le marché une masse critique (en terme de reconnaissance et d'utilisation) qui en font des standards de fait. En témoigne, l'empressement des éditeurs à revendiquer leur conformité avec "les standards J2EE".

On le voit, la notion de standard en informatique est avant tout pragmatique. On est bien loin de la notion de "norme". Pour s'en convaincre, il suffit de s'arrêter sur les formats de document de Microsoft Office. Ces formats (qu'il s'agisse de Word, d'Excel, de Powerpoint, etc.) ne sont évidemment pas des standards de droits. En revanche, ce sont des standards de fait, à tel point que des outils concurrents (comme Open Office, suite bureautique dont le code source est ouvert) affichent parmi leurs qualités premières leur aptitude à gérer ces formats...

Standard = interopérable ?
Pour achever d'esquisser cette notion de standard informatique, ajoutons encore que la conformité d'un logiciel avec un standard ne garantit pas qu'il puisse fonctionner exactement comme un autre logiciel qui se conforme avec ce même standard - les multiples incompatibilités entre les navigateurs Web ou encore les serveurs d'applications "J2EE" l'illustrent assez bien. En effet, parce qu'un standard est jugé incomplet par des éditeurs ou encore parce que sa spécification ne donne pas tous les détails de sa mise en oeuvre, il laisse de la place à des interprétations. Interprétations qui, si elles se répandent suffisamment sur le marché, peuvent être considérées comme des standards de fait et parfois être entérinés comme des standards de droit par les organismes de standardisation ! - phénomène que l'on observe par exemple actuellement dans le domaine des réseaux sans-fil.

Dans cette confusion inhérente à la réalité du "standard informatique", sur quels critères l'utilisateur peut-il s'appuyer pour conduire ses choix technologiques ? Comment peut-il évaluer la pérennité d'un standard ? Si nous devions retenir un critère, sans doute choisirions-nous le nombre de grands éditeurs impliqués dans le standard, avant même de nous demander s'il est ou non validé par un organisme reconnu. Tout en gardant à l'esprit que la conformité à un standard d'un logiciel ne représente pas à elle seule une garantie d'interopérabilité avec les autres logiciels mettant en oeuvre ce même standard. C'est frustrant mais c'est ainsi. La frontière entre ce qui est standard et propriétaire ne dessine pas deux camps opposés de fournisseurs de technologies ; elle existe en fait au sein même de chaque offre, dans le détail technique de leur mise en oeuvre.

[Cyril Dhenin, JDNet]
 
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