Près de 20 millions
d'euros de CA en 2000 contre un peu plus de 9 millions
en 1999, des plans de recrutement ambitieux ces dernières
années et quelques gros contrats en 2001... La
SSII Neurocom
exclusivement positionnée sur les problématiques
de sécurité, un secteur d'apparence très
porteur, ne montrait visiblement aucun signe de fatigue
si l'on s'en tient à ces indicateurs. Pourtant,
la société a déposé le bilan
le 15 mars dernier. Le 21, le Tribunal de Commerce
de Nanterre a statué sur une période d'observation
de six mois, et a nommé un administrateur judiciaire.
Celui-ci est rentré dans ses fonctions le lendemain
afin de trouver un repreneur d'ici le 26 avril. Trois
semaines seront consacrées ensuite à l'analyse
des offres, et le nom de l'acquéreur devrait
être connu à la mi-mai.
Co-fondée en 1991 par Michel Gérard, son
actuel pdg et Olivier Erena, un niçois à
la tête du conseil d'administration de l'agence
web Orlando (selon
Societe.com), Neurocom arbore un double positionnement
d'intégrateur et d'éditeur de logiciels.
Fin 1998 bourgeonne la filiale NetSecure Software en
charge de la deuxième activité, dont le
président du conseil d'administration est aussi
Olivier Erena (fiche).
Cette
dernière se retrouve également aujourd'hui
en dépôt de bilan dans la perspective d'une
reprise conjointe ou séparée de celle
de sa maison-mère. Dans une lettre du pdg de
Neurocom datée du 22 mars à l'attention
de ses clients, celui-ci envisage "sereinement
l'issue de cette procédure" car "nous
savons que plusieurs entreprises sérieuses préparent
une offre".
Par ailleurs, "ceci ne doit pas affecter les relations
que nous pouvons avoir avec nos clients" continue
la lettre. Des clients qui comprennent de très
grands noms parmi lesquels d'importants contrats signés
début 2001 (article
de la publication locale Azur Entreprises) : la
sécurisation de la R&D de Gemplus au niveau
mondial, celle des services en ligne de Air France pour
une enveloppe d'environ 1,5 millions d'euros, et
celle de l'ensemble des sites de la Compagnie Française
des Jeux.
La structure
tient bon d'ici la probable acquisition
Le matin du jeudi 28 mars,
nous avons été prévenu du dépôt
de bilan par un message anonyme. Peu de temps après,
une personne que nous avons contactée nous a
évoqué la fermeture simultanée
de la filiale canadienne.
La
rumeur est vite démentie par le directeur commercial
et marketing de la SSII en France, Gilles Hemery : "Neurocom
Canada existe toujours en tant que structure juridique".
Selon lui, les autres antennes hors de l'hexagone poursuivent
leurs activités, aussi bien celles du groupe
(Canada, Tunisie) que celles de la filiale d'édition
de logiciels (Italie, Espagne et Canada). Les agences
régionales de Neurocom à Nice et Toulouse
sont toujours ouvertes, et il n'y a pas lieu de s'alarmer.
Sans compter l'effectif de NetSecure, "Neurocom
emploie 210 personnes qui sont toujours en poste,
[dont] 110 contrats sur site", déclare Gilles
Hemery.
La question se pose donc de savoir pourquoi une entreprise
qui présente une bonne santé apparente
se retrouve dans telle situation. "Le niveau des
commandes a augmenté de façon considérable
dans les trois dernières années",
explique le directeur commercial et marketing. "La
sécurité prend aujourd'hui le même
chemin que la qualité dans les années
80. Quand nous avons commencé, les délais
de prise de décision étaient de deux mois
dans les entreprises pour s'équiper d'un firewall.
Aujourd'hui, la taille des projets a augmenté,
les projets sont plus ambitieux et les délais
plus longs, parfois jusqu'à un an, un an et demi.
[Or], il n'existe pas de société de même
envergure que nous qui ait un même périmètre
d'activité concentré exclusivement sur
la sécurité. En général,
les autres cumulent ce savoir-faire avec des activités
réseaux dont la marge permet de supporter l'activité
sécurité."
Ce seraient donc essentiellement
des problèmes de trésorerie qui auraient
conduit Neurocom vers le dépôt de bilan.
Nous n'avons pu obtenir les noms des repreneurs potentiels,
mais il s'agirait de structures d'une certaine envergure
souhaitant étendre leurs activités dans
le domaine de la sécurité. "Le marché
de la sécurité est un peu bouclé
pour les raisons que je viens de vous exposer",
indique Gilles Hemery. C'est la raison pour laquelle
"Neurocom devrait être extrêmement
séduisante [pour] certaines entreprises qui voudraient
y prendre pied".
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