Deloitte Touche Tohmatsu, PriceWaterhouseCoopers,
KPMG et Ernst & Young. Depuis le début
du mois, ces quatre géants de l'audit et du conseil
croquent les restes de l'activité d'audit d'Andersen,
le cinquième "Big Five" pris dans la
tourmente de l'affaire Enron aux Etats-Unis. Pour l'instant,
la section française dédiée à
cette activité n'a pas trouvé de repreneur
officiel. Le projet d'accord sur l'Hexagone avec KPMG
aurait touché à sa fin mardi, et le nom
de Ernst & Young serait revenu sur le
tapis.
En mars, successivement Deloitte Touche Tohmatsu et
KPMG se sont montré intéressés
par une reprise d'Andersen au niveau mondial.
L'une
après l'autre, ces discussions ont été
abandonnées du fait de nombreux rapprochements
locaux. Ainsi, Deloitte Touche enclenchait la valse
des fusions à la fin du mois dernier en reprenant
les actifs d'audit du géant au Brésil,
puis au Portugal et en Espagne. Dernièrement,
la Grande-Bretagne puis le Canada ont rejoint le même
wagon. Ernst & Young, de son côté,
a commencé à avaler les entités
d'Andersen en Océanie, à Singapour et
en Russie, puis en Malaisie et à Taiwan, pour
se retourner en ce début de semaine sur l'Argentine
et les Pays Baltes. Chez PwC, c'est le sous-continent
chinois qui a entamé la série. A présent,
le Moyen-Orient viendrait compléter son tableau
de chasse. Et au final, KPMG qui était pressenti
comme partenaire le plus sérieux d'un point de
vue global se retrouve avec une portion congrue: une
filiale japonaise d'Andersen baptisée Asahi.
Des fusions en vrac qui ne concernent
que l'audit
"Toutes
ces négociations s'inscrivent dans la logique
de séparation des activités d'audit et
de conseil et de la création d'une norme mondiale
à cet égard", précise judicieusement
Alain Richemond, directeur des études économiques
et de la communication du pôle Business Consulting
d'Andersen France. "Aujourd'hui, tous les jeux
(traduire les rapprochements décrits plus haut,
ndlr) sont à comprendre à la lumière
de cela. Et nous parlons bien ici de l'audit."
"Nous, en tant que Business Consulting, continue-t-il,
recherchons toujours une solution globale en terme de
réorganisation. Paradoxalement, alors que le
réseau d'auditeurs d'Andersen est éclaté,
le réseau de conseil garde sa cohésion
et ses collaborateurs veulent continuer ensemble. Nous
pouvons avoir un rôle moteur, au niveau de l'Europe,
dans la recomposition des activités du groupe
au plan mondial. Il faut que ces affaires se fassent
en deux temps. Nous devons détourer les activités
de conseil pour qu'elles soient bien séparées
de l'audit." A noter que le président de
l'entité française, Aldo Cardoso, est
allé remplacer le CEO démissionnaire du
groupe. Un extension normale de sa fonction, du fait
qu'il en était également le président
du directoire.
Plusieurs scénarios possibles
pour l'activité conseil
Depuis début mars, la division Business
Consulting d'Andersen France aurait gagné près
de 50 % de prises de commande supplémentaires,
soit désormais un chiffre d'affaires de 120 millions
d'euros avec 800 consultants. Mais qu'adviendra-t-il
réellement de l'activité conseil du cinquième
Big Five ? "Nous ne savons pas encore jusqu'où
la marque est atteinte", indique Alain Richemond.
"Toutes les opportunités sont donc possibles,
du maintien de l'activité sous le même
nom à sa poursuite dans le cadre d'une alliance,
en passant par une LBO", c'est à dire une
reprise de la société par les employés.
"Les autres Big Five sont dans les négociations",
ajoute-t-il. "Nous bénéficions d'un
réseau international et toute solution globale
est importante. Maintenant, nous attendons de savoir
ce qu'il va se passer pour l'activité Business
Consulting."
L'activité conseil d'Andersen paraît donc
moins touchée que celle d'audit. D'après
Alain Richemond, "nous sommes le chaînon
manquant entre les cabinets de conseil en stratégie
pure (comme le BCG, ndlr) et des sociétés
comme Accenture et IBM GS. Nous intervenons en même
temps dans les domaines stratégiques et opérationnels.
Et les gens qui viennent d'un côté ou de
l'autre voudraient bien mettre la main sur ce chaînon
manquant." Une autre possibilité ? Pourquoi
pas, puisque rien ne serait encore décidé.
Quant à Aldo Cardoso, "son souci est de
conduire le transit de Andersen vers un autre réseau
afin de se mettre en ligne avec l'air du temps"
indique le directeur de la communication France de l'activité
Business consulting. "Quant à Olivier Chatin",
qui dirige cette activité au plan français,
"il regarde quel rôle nous pouvons jouer
dans cette recomposition."
|