Infrastructure & Chantiers
Les projets de "grille" enflamment la Toile
Les technologies de partage de capacités distribuées distantes descendent de leur piédestal scientifique. Et mettent le cap sur les applications d'entreprise et l'Internet grand public. (Vendredi 19 avril 2002)
     

"Il faudra deux ou trois ans pour que le grand public puisse accéder à la grille globale", nous déclarait en août 2001 Daron Green, directeur de la grille pour l'Europe chez IBM. Dans un article présentant ces technologies de partage de capacités distribuées entre ressources distantes, le porteur du projet évoquait un certain nombre d'applications possibles dans les grandes entreprises, en particulier dans les domaines de la gestion du cycle de vie des produits et de la recherche pharmaceutique. Et précisait que ni le géant de l'informatique ni la Communauté Européenne n'auraient investi des milliards d'euros si le champ de ces technologies devait demeurer restreint au monde scientifique.

Big Brother is watching hackers and viruses
Seulement huit mois plus tard, la situation a bien évolué. Si le grand public n'a pas vraiment accès directement à la grille globale pour son usage personnel, des services en appui sur
ces technologies commencent à éclore chez certains éditeurs. Cette semaine, par exemple, McAfee.com a dévoilé un plan ambitieux baptisé Grid Security Services. Sous la forme d'une gamme d'outils en ligne, celui-ci vise à développer un réseau virtuel entre ressources partagées pour améliorer la sécurité d'Internet tout autour de la planète. L'ASP spécialisé détenu en majorité par Network Associates - avec une structure en partie distincte de celle de l'éditeur McAfee aussi filiale de NAI - s'appuie en cela sur les technologies de grille, et le standard SOAP (Simple Object Access Protocol) pour la communication entre Web Services. Et qui bénéficiera de la mise en oeuvre de ces technologies d'avant-garde ? Les particuliers et les PMEs...

Mais à quoi peut bien servir cette grille de sécurité mise en place par McAfee.com ? L'opération a pour but d'alerter plus vite les personnes qui se seront inscrites gratuitement sur son site des débuts de cyber-menaces selon leur niveau réel de dangerosité et leur caractère répétitif. Une fois enregistré, l'utilisateur télécharge une suite d'outils de protection et de capteurs entourant un composant central: SecurityCenter. Sur le volet de la protection, il se retrouve équipé de tout un arsenal comprenant anti-virus, pare-feu, détection d'intrusion avec traçage de l'origine de l'attaque, filtrage d'e-mails abusifs, et protection d'identité.

De leur côté, les senseurs servent à réceptionner les alertes envoyées suite à la détection d'une menace chez un ou plusieurs autres utilisateurs. Ils ont également pour but d'envoyer les alertes générées par les kits de surveillance répartis de part et d'autres, vers le coeur du dispositif chez McAfee.com : le "Grid Nucleus". Les informations échangées sont normalisées au format Grid Exchange Language spécifié en XML, SOAP s'occupant de leur transmission. Au niveau du "noyau de la grille" sont effectuées les analyses des risques à partir des données récoltées, des correctifs étant développés dans la foulée. De la sorte, tout le réseau virtuel formé par les PC des personnes inscrites au service bénéficie de l'expérience de chacun.

HP exploite la grille sur des datacenters "plug'n'play"
A l'heure actuelle, McAfee.com semble être le seul acteur - à part les associations de lutte contre les maladies comme le cancer - à faire participer le grand public à un partage des ressources sur la grille globale. Mais dans les huit mois écoulés, l'on a vu apparaître en parallèle d'autres initiatives lancées par d'importants éditeurs et équipementiers à destination des grands comptes principalement. Selon les informations que nous avions obtenues l'été dernier auprès d'IBM, la tendance se vérifie donc et les entreprises sont dans les temps.

Parmi les applications des technologies de grille en grandeur réelle figure leur combinaison avec des centres d'hébergement automatisés à la mode HP, baptisés UDC pour Utility Data Center. L'autre géant a procédé à son annonce la semaine dernière. Selon Gartner cité par le communiqué, celui-ci aurait pris 18 mois d'avance sur le marché grâce à la mise en commun de ces techniques. Pour résumer, Hewlett Packard semble avoir trouvé le moyen de rassembler des milliers de serveurs au sein d'un unique cluster. Cette gigantesque "grappe de serveurs" constitue un moyen de partager un grand nombre de ressources physiques pour mieux répartir la gestion des tâches entre les capacités disponibles (CPU, stockage...) au sein de l'ensemble aggrégé. La grille intervient ici comme une répartition virtuelle complémentaire des ressources comme le temps de calcul entre les processeurs situés sur des machines qui peuvent être distantes, et ce dans des délais records.

Dans le même temps, la combinaison avec le logiciel d'administration centralisée OpenView de HP, mis au goût du jour, apporterait des possibilités d'automatisation inespérée dans la prise en compte dynamique des changements survenant au sein de l'infrastructure. Le géant serait ainsi capable de fournir des centres d'hébergement clef en main avec des niveaux de sécurité et de disponibilité inégalés. L'objectif de HP est clair : étendre l'informatique de grille à un usage commercial.

Sun Grid Engine après le rachat discret de Gridware
Or, IBM et HP ne sont pas les seuls sur ce créneau. Pendant que ces deux-là travaillaient de leur côté sur le développement de ces technologies en interne, le concurrent Sun Microsystems procédait à une acquisition au cours du mois de juillet 2000, celle de l'éditeur Gridware. Depuis ce rachat, le produit Codine 5.1 de ce dernier s'est intégré dans l'offre du troisième géant et porte désormais le nom Sun Grid Engine. Téléchargeable gratuitement pour Linux et Solaris sur le site de l'éditeur, l'outil en question présente un but similaire de celui évoqué par HP: constituer des grappes (=clusters) de ressources distantes, logicielles et matérielles, pour en optimiser l'utilisation. D'après Sun, il serait ainsi possible sur un ensemble de ressources mises en commun d'exploiter jusqu'à 98 % de capacité supplémentaire. On croit rêver...

Le modèle gratuit autour de cet outil n'est pas sans rappeler celui du kit d'intégration et de développement d'applications de grille Globus, sponsorisé par IBM, Microsoft et Cisco. Pour Big Blue, mais également Sun et HP, il faut en passer par là pour que la grille soit démocratisée partout. En attendant, ce modèle n'est pas celui de tous les acteurs impliqués à fond dans ces technologies. Parmi ceux-ci, un éditeur canadien du nom de Platform Computing qui dispose de bureaux et de représentations un peu partout dans le monde, et en France notamment. Celui-ci a repris à son compte le kit de développement Globus et vient d'en sortir la version bêta d'une toute nouvelle mouture qui, elle, sera payante. Adieu donc le modèle gratuit.

OLAP et data mining distribué en temps réel ?
L'éditeur a pourtant signé des alliances globales avec notamment HP, IBM et Sun, mais aussi Compaq, SGI et SAS. Plus récemment, il vient d'annoncer un partenariat technologique OEM avec Cognos. Il faut dire que les offres de Platform Computing se destinent principalement à des grands comptes de l'industrie et de la finance. D'où l'implication progressive des acteurs de la business intelligence. Pour SAS, le domaine de la grille n'est pas nouveau car l'éditeur sert les intérêts de nombreuses communautés scientifiques dans le monde avec ses outils statistiques. Pour Cognos, il est peut-être plus récent même s'il est difficile de connaître en profondeur le contexte des contrats signés avec ses clients.

Et même si les applications tournent encore autour du design collaboratif de produits, ou de la recherche et du développement, elles s'étendent au monde financier comme le montrent les quelques clients de ce type, minoritaires dans la liste sur le site de Platform. Des clients qui, toutes catégories confondues, comprennent la Deutsche Bank, Alcatel, Airbus, EADS, PeugeotCitroën, Renault, ElfTotalFina et même le studio de production cinématographique DreamWorks de Steven Spielberg. Et bientôt, l'entreprise de la grande distribution, par exemple, pourra aussi profiter des technologies de data mining suivant un mode de calcul et de stockage distribué. Il sera ainsi possible d'effectuer des opérations complexes sur des volumes de données très importants. Peut-être alors parlera-t-on d'applications analytiques et de data mining en temps réel.

[François Morel, JDNet]
 
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