Le constructeur automobile
deviendra-t-il dans quelques années un opérateur
de télécommunications mobiles avec ses
véhicules et leurs usagers ? Voici l'une des
questions auxquelles 103 dirigeants du secteur
de l'automobile ont été confrontées
par le cabinet KPMG LLP, filiale américaine de
KPMG International
basé en Suisse. Répartis entre 15 en
Europe et 88 en Amérique du Nord, les sondés
pilotent à 68 % des concessionnaires, et
à 32 % des constructeurs automobiles. Sur
la question ci-dessus, les réponses sont partagées.
Environ deux intervenants sur cinq pensent que leur
métier se rapprochera de celui d'un opérateur,
et un pourcentage similaire n'y croit pas du tout. En
revanche, une grande majorité voit le développement
et l'intégration de systèmes d'informations
embarqués dans leurs véhicules comme prioritaire.
Partie prenante d'une étude plus globale, le
sondage intitulé "KPMG's
Telematics Survey 2002" a été
mené sur le terrain en novembre 2001.
Le
rapport de synthèse vient d'être publié
sur le site du cabinet international, téléchargeable
au format Acrobat PDF. L'auteur apporte une définition
de Telematics qui n'a rien à voir avec notre
bonne vieille télématique française
associée au Minitel. Ici, le terme est un composé
des mots "telecommunications" et "infomatics",
lui-même dérivé de "information
technology". Pour être plus concrêt,
il s'agit d'un domaine à la croisée entre
les systèmes d'informations embarqués
à l'intérieur de véhicules, et
les technologies de communication sans-fil. Parmi les
flux envisagés, la voix et les données,
mais aussi du contenu large bande comme de la vidéo.
Résoudre
les problèmes de pollution et d'urbanisme
Sans trop de surprise,
les deux tiers environ des dirigeants du secteur approchés
par KPMG LLP s'intéressent davantage à
des applications pratiques de ces technologies qu'à
ce qu'ils considèrent comme des gadgets.
En haut des priorités en terme de conception
et de développement produit figurent les
systèmes de notification d'alertes pour 71 %
des répondants. Basés sur des capteurs
capables d'interpréter les chocs, ceux-ci peuvent
prévenir tout seuls les secours en cas d'accident
grâce à un positionnement localisé
par GPS (Global positioning systems) et à la
transmission des données relayées par
satellite. Puis vient l'aide au diagnostic et à
la réparation pour 68 % des dirigeants.
Toujours en appui sur des sondes et un mode de communication
non filaire, ces systèmes reliés à
des bases de connaissances devraient résoudre
toute une série de problèmes liés
à la pénétration croissante de
l'électronique embarquée dans les véhicules.
Dans le cas des systèmes de navigation et de
gestion du trafic, respectivement considérés
comme enjeux majeurs par 66 % et 60 % des
personnes interrogées, le GPS est toujours présent.
Les applications peuvent être très variées
avec des disparités en fonction des spécificités
géographiques en matière d'urbanisme.
Aux Etats-Unis, selon un article
d'une publication institutionnelle daté de
1998, les péages automatisés intéresseraient
davantage les constructeurs qu'en Europe, où
la question de fluidifier le trafic pour préserver
l'environnement apparaît davantage primordiale.
Parmi d'autres applications du genre, l'on peut citer
notamment la gestion optimisée des places de
parking, le conducteur pouvant être prévenu
avant d'atteindre sa destination s'il y trouvera un
emplacement vacant. Le Japon, enfin, semble avoir pris
une plus grande avance, comme en témoigne cette
liste de fournisseurs sur un site
dédié aux ITS (Intelligent transportation
systems).
Quid de la sécurité
pour le conducteur du véhicule ?
Pour clore ce chapitre sur les applications, l'on observe
que la messagerie et les portails de contenu (informations...)
ne constituent pas de réelles priorités
pour les constructeurs et concessionnaires, avec respectivement
33 % et seulement 19 % des suffrages. D'après
KPMG LLP, ceci s'explique par une connotation négative
de ces technologies, associées aux gadgets et
à la bulle spéculative autour d'Internet
- ce que le cabinet qualifie d'effet "dot-bomb".
En attendant, là n'est pas le frein à
l'adoption des systèmes embarqués par
le consommateur final. Si la notification d'alertes
d'urgence, par exemple, apparaît comme un facteur
notable d'amélioration de la sécurité
pour l'usager du véhicule, les acteurs interrogés
craignent pourtant à 61 % que ce dernier
n'adhère par totalement à la mise en pratique
de ces concepts pour des raisons de... sécurité.
D'une part, l'informatisation croissante ne va-t-elle
pas introduire des vulnérabilités à
de nouvelles formes de piratage ou de virus ? D'autre
part, les consommateurs sont dans leur majorité
sensibles à la protection de leurs données
personnelles. Les systèmes de localisation basés
sur GPS en sont un exemple. Paradoxalement selon l'auteur
du rapport, car moins de la moitié des dirigeants
sondés pensent que ces données leur seront
un jour utiles. La majorité ne sait pas trop
à quoi elles pourraient servir en dehors des
applications pratiques déjà envisagées.
Quoi qu'il en soit, l'auteur ressort, en introduction
de son rapport de synthèse, des estimations livrées
par Frost & Sullivan dans une étude
réalisée en août 2001. D'après
cette dernière, le marché américain
des systèmes dits "telematics" aurait
cru de 60 millions à 380 millions de
dollars entre 1999 et 2000. Dans la foulée, le
Telematics Research Group établi à Minneapolis
prévoit entre 2000 et 2010 une augmentation de
4 pour 1 000 à 200 pour 1 000 du
nombre de véhicules équipés. Si
le mouvement semble désormais bien engagé,
ce n'est donc pas tout de suite que les automobiles
et camions du monde entier parleront 3G/UMTS, IP et
SQL.
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