Mardi dernier, le Gartner Group
a lâché une information pour le moins épicée
dans le monde des bases de données. IBM
détiendrait désormais 34,6 % du marché
global des serveurs de bases de données pour
l'année 2001 alors qu'Oracle ne serait plus qu'à
32 % en valeur. IBM détrônerait donc
son concurrent sur un marché de 8,8 milliards
de dollars, deux ans après qu'Oracle ait déclaré
que Big Blue n'était pas un acteur sur ce même
marché...
La réaction
d'Oracle ne s'est pas faite attendre : dés le
8 mai, lendemain de la publication des résultats
de l'étude par le Gartner Group, Oracle a violemment
attaqué les conclusions auxquelles le cabinet
d'études Américain était parvenu.
L'éditeur a mis en avant ses propres chiffres,
qui, à la différence de ceux du Gartner
seraient validés par des "experts indépendants".
Le Gartner Group puiserait en effet ses données
chez les éditeurs de bases de données,
IBM et Microsoft notamment, ce qui remettrait en question
la validité même des chiffres, si l'on
en croit Jeff Henley, directeur financier d'Oracle.
Accusations
injustifiées ?
Les analystes du Gartner démentent les accusations
d'Oracle. Dans un article
publié par news.com, Betsy Burton, co-auteur
du rapport du Gartner, affirme que la méthodologie
de l'étude sur les bases de données n'avait
pas été contestée jusqu'à
ce jour. Le protocole du Gartner Group semble solide
: les chiffres obtenus font chaque année l'objet
de 1 000 entretiens avec des utilisateurs, ce qui
permet de produire une estimation au plus juste. Par
le passé, Oracle n'avait d'ailleurs jamais mis
en question la méthodologie du Gartner Group.
Oracle met aussi
en doute les choix éditoriaux du rapport
: l'étude prendrait en compte la totalité
du marché des bases de données pour serveurs,
alors que le coeur du marché
serait
constitué par des bases de données 'modernes'
qui tournent sous Unix, NT ou Linux : les bases de données
relationnelles. Ce qui permet à Pascal Rawsin,
responsable marketing bases de données chez Oracle France
de dire que son "entreprise garde son avance dans
ce secteur stratégique". Pourtant, l'étude
du Gartner prend également en compte les bases
de données relationnelles, et si Oracle reste
le leader sur ce segment, il est cependant en nette
perte de vitesse. En un an, Oracle est passé
de 42,5 à 39,8 % de parts de marché,
alors qu'IBM passait de 32,6 à 34 % dans
le même temps.
Les
parts de marché d'Oracle se tassent
Pour Pascal Rawsin,
"Ces chiffres traduisent bien un léger affaissement
des ventes d'Oracle, mais pas une progression d'IBM
: il faut attribuer leur croissance au rachat d'Informix
l'année dernière." Et de concéder
: "il y a bien un acteur qui consolide ses positions
en ce moment, mais ce n'est pas IBM : c'est plus probablement
Microsoft". Quant au reflux d'Oracle, il faut y
voir l'effet de deux facteurs :"D'une part, la
chute du marché de feu les dots-com, qui étaient
très nombreuses à nous faire confiance.
D'autre part, le lancement d'une offre ambitieuse dans
le domaine des serveurs d'applications, qui nous a demandé
beaucoup d'énergie, et qui nous a tenus un peu
à l'écart des enjeux essentiels des bases
de données".
Même si Pascal
Rawsin ne souhaite pas communiquer sur la santé
économique d'Oracle, il confirme qu'"Oracle
a souffert ces six derniers mois, [et que] beaucoup
d'investissements ont
été bloqués". Mais il pense
que l'entreprise rebondira sous peu: "Nous n'avons
pas la puissance marketing d'IBM ou de Microsoft, qui
proposent des solutions globales et peuvent se permettre
de perdre de l'argent à un endroit pour en récupérer
ailleurs. Mais nos solutions techniques sont reconnues,
et nous jouissons d'une bonne réputation."
A l'avenir, Oracle
va se concentrer sur des marchés plus sûrs
: "les PME, les PMI et les grands comptes. Par
la suite nous allons mettre de côté nos
arguments technologiques - qui étaient notre
grande force sur le marché des dotscoms pour
revenir à des arguments plus adaptés aux
nouvelles inflexions du marché : la sécurité
des bases, la fiabilité des sauvegardes et la
protection contre le crash". Des
arguments qui permettront peut-être à Oracle
de stabiliser ses parts de marché dans un secteur
où la croissance est faible - 1,4 % pour
2002 - et la concurrence forte.
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