Acteurs
KPNQwest plonge ses clients dans le noir
Bureaux en cours de fermeture, extinction imminente du service... La fin est plus que proche pour l'opérateur pan-européen de réseaux IP qui venait de racheter Ebone. Du jamais vu sur le Vieux Continent.  (Lundi 3 juin 2002)
     

Vous avez de quatre à dix jours pour quitter les lieux. C'est, en gros, le message qu'auraient reçu mardi ou mercredi les clients de l'opérateur de réseaux IP pan-européen KPNQwest, joint-venture entre le néerlandais KPN et l'américain Qwest. Jeudi 30 mai en fin de journée, la société a publié sur son site un communiqué au ton plus qu'éloquent. Le quatrième paragraphe débute ainsi : "Dans l'intérêt de maintenir les activités des clients et la continuité du réseau, la Compagnie conseille à ses clients [d'envisager] de mettre en place des plans d'alternance avec d'autres opérateurs en l'éventualité d'une détérioration significative dans la performance du réseau EuroRings de KPNQwest."

Ce réseau couvre près de 25 000 km de fibre déployée dans 18 pays, une couverture accrue par l'acquisition d'un autre géant européen, Ebone, en octobre 20001. En plus de cela, KPNQwest dont nous avions interviewé l'ex-directeur général français en octobre 2001 disposait de plusieurs centres d'hébergement lui ayant coûté chacun une petite fortune. Par "détérioration significative", il convient d'entendre des "instabilités" voire "la mise hors tension totale" de ce réseau selon le communiqué suivant émis vendredi 31 mai en fin d'après midi.

Les événements se précipitent vers la dissolution
Une semaine auparavant, KPNQwest en quête de repreneur visait la protection de ses actifs derrière la Dutch Moratorium Law, équivalent néerlandais du chapitre 11 de la Loi américaine sur les banqueroutes.
A présent, c'est la fermeture qui est envisagée, aucun candidat au rachat ne s'étant fait connaître à temps pour la totalité de ses actifs. Dans le communiqué du 31 mai, KPNQwest déclare la conversion du moratoire en banqueroute, et indique vaguement la poursuite de négociations avec un repreneur dont le nom n'est pas évoqué. De nombreux analystes citent le nom du plus important opérateur américain, AT&T, comme providentiel du fait d'une volonté affichée par ce dernier de s'implanter en Europe.

A l'heure où nous bouclions cet article vendredi, le sort de la filiale française n'était pas encore connu. La direction aurait demandé aux commerciaux jeudi soir de rendre leurs véhicules de fonction. Une incertitude a été véhiculée au sujet du paiement des salaires, et il y a près d'une semaine l'abandon des projets était déjà mentionné en interne. Certaines filiales, cite le dernier communiqué, ont demandé leur protection selon les lois locales en vigueur. Mais le sort du siège des opérations internationales en Belgique, par exemple, apparaît déjà connu. D'après une dépêche de Reuters, c'est la fermeture pure et simple qui attend le bureau bruxellois.

Des risques qu'il faudra désormais prévoir, dixit Witbe
Selon un communiqué de l'agence d'informations financières Bloomberg, le fournisseur de services Internet BT Ignite, filiale de l'opérateur historique anglais British Telecom, et l'opérateur alternatif britannique Colt Telecom ont été appelés par plusieurs clients de KPNQwest.
Une information qui nous a été confirmée vendredi après-midi par le président-directeur général de Witbe, Jean-Michel Planche, qui cite également France Télécom parmi les sauveteurs providentiels contactés sur le sol français. D'autres sociétés tentent aussi de tirer leur épingle du jeu, dont le prestataire de réseaux privés virtuels Vanco. "Nous avons mis en place une équipe spécialement dédiée pour répondre aux demandes des clients mécontents de KPNQwest en un temps record", déclare Eric Havette, son directeur général France. "Nous ne possédons pas d'infrastructures en propre et nous travaillons chez différents opérateurs avec qui nous avons signé des accords de sous-traitance."

De son côté, le dirigeant du prestataire de gestion d'infrastructures indique que son entreprise figure parmi les clients de l'opérateur en déroute, en particulier en Italie. Selon Jean-Michel Planche, "sur Milan nous nous débattons pour migrer en priant que KPNQwest ne va pas couper plus vite le réseau qu'il ne l'a dit. Nous venions de déménager il y a deux semaines du centre d'Interxion qui nous a mis dans les bras de KPNQwest, et nous en avons marre de déménager d'autant plus que cela n'est pas gratuit. Fort heureusement, nous avons une politique multi-origines et multi-opérateurs. Mais ceux dont l'activité est purement concentrée sur Milan vont avoir de sérieux problèmes. Je connais de gros clients français qui sont dans l'embarras."

"Même en ce qui nous concerne", poursuit-il, "nous sommes en train de revoir tous nos contrats pour assurer la sérénité de la continuité de service, en incluant des clauses de pérennité, et il faudra qu'ils paient. [...] Nous avons repris des discussions avec la plupart des opérateurs historiques dans chaque pays, en regardant leurs capacités d'échange et leur niveau d'excellence. Mais nous sommes un cas quasi-atypique car nous sommes indépendants et nous ne fermons pas boutique si un opérateur fond. Notre stratégie consiste au maximum à être présent dans des lieux les plus neutres possibles." Une politique salutaire qui consiste aussi à ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, pour ceux qui en ont les moyens. Or, parmi les 165 000 clients en Europe que visait KPNQwest en octobre 2001 à l'issue sa consolidation avec Ebone, combien pourront sauver les meubles ? Si les grands comptes semblent d'avance être tirés d'affaires, il pourrait en être autrement des nombreuses PME dont une partie vivent de leurs revenus en ligne.

[François Morel, JDNet]
 
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