KPNQwest, c'est plus de
160 000 clients professionnels répartis
dans toute l'Europe. La moitié des capacités
du câblo-opérateur est utilisée
directement par des entreprises (en VPN),
l'autre moitié est vendue à des hébergeurs,
des ISP, etc. Autant dire que c'est le réseau
européen dans sa totalité qui est menacé
par la faillite de KPNQwest. Alors, que se passe-t-il
lorsque l'un des plus grands câblo-opérateurs
du vieux continent chute ?
Chez KPNQwest, Guy
link, Directeur Marketing et Communication n'est pas
en mesure de répondre : "Tout
dépend
du nombre de filiales qui resteront debout. Les choses
risquent d'être difficiles pour nos clients d'ici
quelques jours si toutes les branches de notre réseau
arrêtent leurs serveurs". Faut-il craindre
ce scénario ? KPNQwest est en cours de liquidation,
et on devrait savoir dans une ou deux semaines si ses
filiales ont trouvé preneur. Dans l'éventualité
où personne ne se déclarerait intéressé
par les tuyaux et les serveurs de KPNQwest, on pourrait
alors s'attendre à de sérieux problèmes
sur le réseau européen.
Migrer
au plus vite
Tous les clients de KPNQwest sont sur le pied de guerre
et tentent de migrer vers d'autres cieux afin de préserver
leur service. Comme indiqué dans un précédent
article,
chaque client a reçu mardi dernier un mail de
l'opérateur large bande leur conseillant avec
insistance de trouver une solution de remplacement au
plus vite. Suite à ce courrier, Chello - fournisseur
d'accès Internet via le câble - a fait
à son tour parvenir à ses abonnés
un email plutôt alarmiste : "UPC (ndlr
le propriétaire de Chello) utilise KPNQwest comme
l'un de ses principaux fournisseurs [...] UPC
s'attend à un ralentissement de tout le réseau Internet
en Europe. Si vous deviez rencontrer un problème avec
votre service Internet dans les jours à venir, merci
d'éviter de nous appeler: toutes les ressources disponibles
sont utilisées afin de développer une solution rapide".
Chello a toutefois souhaité préciser qu'à
l'heure où nous parlons le problème a
été réglé.
Les migrations des
clients de KPNQwest seront donc réglées
au cas par cas. Pour Peter Eustace, directeur de la
communication chez Cable and Wireless, concurrent de
KPNQwest, "le réseau européen va
tenir le choc. Il n'y aura pas de perte de service car
nous allons tout faire pour ne pas laisser nos clients
sans aide. Nous sommes décidés à
faire tout ce qui est nécessaire pour assurer
la transition. A ce titre, Cable & Wireless n'écarte
pas l'éventualité de rachats ciblés
sur les tuyaux de KPNQwest".
Rachats
en cascade ?
Le scénario qui se dessine est donc le suivant :
les concurrents directs de KPNQwest vont profiter de
l'aubaine de la faillite de l'opérateur pour
jeter leur dévolu à moindre coût
sur ses infrastructures, et plus encore sur sa précieuse
base de clients. Les équipes de tous les opérateurs
sont d'ailleurs sur le pied de guerre pour absorber
la demande. Mais une partie du réseau pourrait
ne pas trouver preneur : plusieurs experts ont
souligné la surcapacité
des tuyaux sur le vieux continent, un surplus de bande
passante dont il serait facile de se débarrasser
en laissant à l'abandon une partie de l'infrastructure
de KPNQwest. L'actualité des réseaux devrait
donc être chargée dans les semaines qui
viennent.
Deux questions épineuses
demeurent : qu'adviendra-t-il des employés
de KPNQwest ? Guy link nous a confié son
désarroi face à une faillite aussi soudaine
que surprenante, et qui laisse tous les employés
de l'entreprise sans travail dans les pays où
une protection contre la banqueroute n'est pas envisagée.
Deuxième interrogation : y aura-t-il une flambée
des prix de la bande passante sur le marché des
réseaux européen ? Une question bien
lourde de conséquences, à laquelle nous
ne pourrons répondre que dans quelques semaines.
|