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Utility Computing :peut-on tout externaliser ?
Oubliés les serveurs et les systèmes de stockage. L'utility computing propose de ne garder en interne que les postes clients, le reste étant outsourcé chez un prestataire. Faut-il y croire ? (Jeudi 29 août 2002)
     
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Avec l'Utility Computing, la salle blanche d'une entreprise risque fort de ressembler à un pot de yaourt vide. Disparues les batteries de serveurs, envolés les systèmes de stockage : le vent du changement n'a épargné que le réseau ethernet et les postes clients. Mais où est donc passé le coeur de l'infrastructure ? Chez un prestataire, qui devient par conséquent le principal responsable de la qualité du service du système informatique. En résumé, l'entreprise se souciera uniquement de la façon d'utiliser la puissance du système, et non plus de la façon de la produire.

Les avantages ? Ceux de l'externalisation, à commencer par la flexibilité : si la conjoncture se retourne, il est facile de se débarrasser du coût d'une infrastructure outsourcée, sans souci d'amortissement. A l'opposé, si l'activité croît de façon spectaculaire, il est possible de demander au prestataire une montée en puissance rapide, sans risque de surinvestissement. De son côté, le prestataire gère beaucoup mieux que ses clients les aléas conjoncturels : il compense les déboires de l'un par le succès de l'autre, et maintient une activité relativement stable.

Big Blue, évidemment
La flexibilté a un autre atout : elle permet au client de s'aventurer dans des expériences plus risquées, puisqu'il peut se désengager aussi facilement qu'il s'engage. Reste à savoir si cet avantage se paye au prix fort. Et il semble que non : les spécialistes de l'Utility Computing revendiquent des prix moyens inférieurs à ceux d'un système internalisé. Ce qui se vérifie - dans certains cas - sur le terrain.

Le concept de l'Utility Computing a son gourou en la personne d'IBM, qui clame que dans 20 ans la majorité des entreprises auront massivement externalisé leur infrastructure informatique. D'autres géants des services ont d'ailleurs emboité le pas à Big Blue, sans toutefois tenir un discours aussi radical.

Vrai/faux Utility Computing
HP propose ainsi des services d'Utility Computing qui diffèrent de ceux d'IBM. Avec HP, toute l'infrastructure informatique demeure chez le client, mais les machines sont télé-administrées. L'entreprise ne paye que pour ce qu'elle utilise ... ou au moins en a-t-elle l'impresion : HP n'ayant pas la possibilité d'utiliser pour d'autres clients les ressources inemployées, elle est obligée de facturer l'intégralité du matériel, d'une façon ou d'une autre. Chez HP, l'Utility Computing est donc réduit à un simple modèle financier.

La méthode de Big Blue est tout autre. Signe qui ne trompe pas : la facture qu'IBM envoie à American Express pour son infrastructure d'Utility Computing ne ressemble à aucune autre facture. C'est une véritable marque de fabrique : en sus d'un coût fixe, on y trouve un taux variable pour l'usage des mainframes, l'hébergement du web, la quantité de stockage utilisée, le temps de hotline comptabilisé, et surtout le nombre d'heures de calculs mobilisées sur les processeurs d'IBM. Le client paye réellement ce qu'il consomme.

Un pari risqué
Ce tour de force a un coût pour IBM : le géant doit régulièrement agrandir ses parcs de ressources, qui sont conçus pour être extrêmement flexibles, et pour pouvoir accepter plusieurs clients sur chaque machine. Heureusement, la conjoncture semble favorable aux ambitions de Big Blue : la compagnie n'a qu'à se baisser pour cueillir à faible coût les salles blanches des opérateurs de télécom en faillite...

Mais le pari demeure risqué : reste à convaincre les clients potentiels qui se posent une foule de questions pertinentes. Quelle sera la qualité du service s'il est hébergé à distance ? Qui prendra en charge le choix et l'implémentation de l'infrastructure ? Si c'est le prestataire, l'entreprise ne risque-t-elle pas de perdre un précieux savoir-faire, et d'être à la merci des choix technologiques de son fournisseur ? (IBM pourrait par exemple profiter de sa position pour faire payer ses développements au prix fort, et pour imposer son offre logicielle). N'est-il pas gênant de laisser des informations stratégiques transiter par les salles blanches du prestataire ? Ses infastructures sont-elles résistantes aux attaques informatiques ? Autant de points sur lesquels IBM va devoir rassurer.

Le marché décolle à peine
En attendant, le marché de l'Utility Computing peut être qualifié de "niche commerciale". Aucune entreprise n'a opté pour une externalisation complète, et la plupart des marchés remportés concernent seulement l'un des trois pôles majeurs d'une infrastructure : le stockage, la gestion du réseau et la gestion des ordinateurs.

IBM est le seul à maîtriser les trois, mais chaque pôle a son spécialiste : Inkra Networks s'est fait un nom dans l'outsourcing des problématiques réseau ;
Jareva, Moonlight, Terraspring et Think Dynamics ont une compétence reconnue pour la gestion des ordinateurs. Storage Networks est le spécialiste de l'externalisation du stockage.

Un coup de Poker pour IBM
La bataille de l'Utility Computing ne fait donc que commencer. La première cible d'IBM sera celle des très grandes enteprises - qui sont particulièrement demandeuses d'externalisation. Le coeur de cible : les grands comptes pour qui l'informatique n'est pas la ressource la plus stratégique, et qui prévoient un grand changement d'architecture sous peu. Ce sont eux qui décideront de l'avenir de l'Utility Computing. Et sans doute aussi un peu de la santé d'IBM - extrêmement impliqué dans cette aventure.
[Nicolas Six, JDNet]
 
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