Difficile de passer à
côté des multiples initiatives prises autour
d'XML par des administrations du monde entier. Etats-Unis,
Royaume-Uni, France, Finlande: l'intérêt
pour la technologie de structuration de contenu textuel
est bien là, et ce en vue d'applications diverses:
les échanges de données, bien sûr,
où l'XML fait figure de nouveau standard tant il
se prête à l'exigence d'interopérabilité;
le stockage de l'information, également: le modèle
relationnel (centré sur la donnée, où
l'information est "éclatée" en
lignes et en colonnes) laisse la place - grâce au
XML - à un modèle centré sur le "document"
dans son intégrité.
XML
n'est pas un outil de niche pour les gouvernements
Selon
une enquête menée par le Government-On-Line
(GOL) Network auprès de responsables des problématiques
d'e-gouvernement dans dix-sept nations dans le monde,
et dont les résultats ont été publiés
au début du mois d'août 2002, une majorité
de répondants témoigne d'une bonne connaissance
des possibilités et enjeux d'XML pour interopérer
des systèmes hétérogènes
et constituer une solution simple pour les applications
à destination des citoyens comme des entreprises.
Par ailleurs, les problématiques de gestion intergouvernementales
apparaissent - d'après les résultats de
l'enquête - comme l'une des premières priorités
des gouvernements.
Dans ce cadre, XML apparaît
comme un outil à fort potentiel, mais il important
de noter que ce potentiel n'est pas encore déployé,
principalement - à en croire les gouvernements
interrogés dans l'enquête - parce que les
coûts d'implémentation d'applications basées
sur XML sont à la fois mal évalués,
et jugés probablement non négligeables.
Beaucoup
de réflexion autour de la technologie
Il reste que
les exemples témoignant d'un intérêt
fort pour les technologies XML sont légion. On
peut ainsi citer (du plus éloigné de nous
au plus proche):
- Le gouvernement fédéral
américain, tout d'abord, s'est ainsi doté
depuis plus de deux ans d'un organisme de promotion
et de développement des applications XML d'e-gouvernement:
le XML Working Group qui a notamment participé
à l'élaboration de structures de données
XML (définitions de type de document) permettant
à des entreprises d'interfacer leurs systèmes
d'information avec les systèmes gouvernementaux.
- La Commission Européenne,
de son côté, a permis - parmi d'autres
réalisations - l'élaboration d'un vocabulaire
XML spécifique à la description de la
fourniture de contenu et services aux citoyens et entreprises
par les gouvernements. Son nom: GOVML (Governmental
Markup Langage).
- En France, l'ATICA (Agence
pour les Technologies de l'Information et de la Communication
dans l'Administration), joue le rôle de relai
entre les administrations et des groupes de travail
comme ceux de l'OASIS, qui vient de lancer un Comité
Technique autour des "Standards basés sur
XML pour l'e-gouvernement", un comité instigué
notamment par des représentants des gouvernements
du Royaume-Uni, de la Finlande et des Etats-Unis. Rappelons
qu'OASIS est un organisme de standardisation et de spécification
sur des technologies comme XML ou les Web Services.
Quelles
applications envisager dans le futur ?
Notre
confrère Computerworld cite un exemple émanant
du General Accounting Office (GAO), aux Etats-Unis -
un organisation par ailleurs critique sur les bénéfices
d'XML - qui décrit une application XML encore
hypothétique permettant de lier efficacement
des bases de données totalement hétérogènes,
incompatibles dans leur format: il s'agit de définir
une série de documents XML qui forment un ensemble
cohérent afin qu'une demande de permis de conduire
puisse à la fois être traitée par
l'agence fédérale concernée, mais
aussi être reliée aux informations (fédérales)
pertinentes (casier judiciaire, infractions au code
de la route ou encore informations fiscales du demandeur)
afin qu'une décision soit prise sans négliger
d'importants éléments.
Dans
nos colonnes, en juillet dernier, Andreas Zeitler, Member
of Executive Board, responsable Ventes & Marketing
chez Software AG (une entreprise qui se présente
sous l'appellation: "The XML Company"), insistait
sur l'utilité d'XML pour le stockage dans ce
format de documents émanant du gouvernement (feuilles
d'impôts par exemple), principalement pour des
questions de non-répudiation.
Mais
des problèmes demeurent
L'un des principaux
arguments tempérant l'enthousiasme autour d'XML
est son caractère ouvert, et donc plus facilement
accessible ou manipulable par une personne mal intentionnée.
En particulier, d'après le GAO cité par
Computerworld, l'échange de données "malignes"
au format XML pourrait dans certains cas contourner
les contrôles de sécurité inhérents
aux solutions d'anti-virus. Gardons toutefois à
l'esprit qu'un document XML reste du texte, et non de
l'applicatif: seul son traitement par une application
peut causer du dommage, et bien sûr le fait que
son contenu usurpe un contenu légitime.
Par ailleurs, XML souffre
d'une image un peu "fouillie", où la
multiplicité des vocabulaires construits autour
du format nuirait dans l'esprit de certain à
la vocation d'interopérabilité de la technologie.
Mais le véritable problème n'est pas là:
l'esprit même d'XML est de permettre la déclinaision
de vocabulaires spécifiques. Seulement, on constate
que si les besoins verticaux sont adressés très
correctement, les besoins "horizontaux" tels
que ceux de l'e-gouvernement ne sont pas encore assez
développés.
Si l'XML et même parfois
les Web Services (basés sur XML, rappelons-le)
sont pris au sérieux par les gouvernements, les
priorités sous-jacentes (partage de données,
sécurité) inscrivent les initiatives dans
une perspective plus large qui d'une part rapproche les
besoins de l'e-gouvernement de ceux de l'entreprise étendue,
d'autre part conduit les premiers à adopter une
approche similaire à celle des seconds dans la
budgétisation de leurs dépenses informatiques.
Décidemment, l'XML fédère au delà
même de son champ de compétences.
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