Microsoft ne sait plus par
quel bout saisir le problème. Les parts de marché
du logiciel libre explosent, la notoriété
de Linux progresse de jour en jour dans les entreprises
les plus conservatrices. Force est de constater que la
stratégie d'endiguement du géant du logiciel
a échoué. Ce constat, Microsoft a été
manifestement assez lucide pour le faire, et assez prudent
pour le faire connaître à ses employés.
Seulement voilà :
l'un d'entre-eux a semble-t-il jugé bon de divulguer
l'intégralité d'un rapport écrit
au site opensource.org (Microsoft n'a pas confirmé
la provenance de ce document). Qu'y apprenons-nous ?
Que le géant a mené une modeste étude
de notoriété sur cinq des marchés
les plus importants, et auprès de son audience
clé - les administrateurs réseau
et bases de données, ainsi que les cadres dirigeants.
Microsoft
face à la réalité
Résultat ? Linux et l'opensource sont connus
et appréciés par une grande majorité
des sondés. Au chapitre des louanges, ils citent
dans 40 %
des cas l'excellent TCO (Total Cost of Ownership
- coût total d'acquisition) de ces logiciels,
et dans 33 % des cas le fait que les produits opensource ...
n'appartiennent tout simplement pas à Microsoft.
Quant aux prétendus
défauts de l'open-source, que Microsoft s'était
employé à dénoncer, ils n'ont pas
terni l'image du logiciel libre. Aux yeux des sondés,
Linux ne viole pas de brevets, l'opensource ne manque
pas de fiabilité, pas plus qu'il ne souffre de
faiblesses face aux virus. Les rapporteurs de l'étude
ont même souligné que certaines de ces
critiques s'étaient retournées contre
la firme de Redmond.
Microsoft semble perdre
la bataille de l'image qu'il avait engagée il
y a un peu plus d'un an. Rappelons que Bill Gates en
personne avait rapproché l'esprit opensource
de celui de ... Pac-Man. Quant à Steve Ballmer,
il avait apparenté son modèle de licences
à un cancer qui rongerait la propriété
intellectuelle.
Quelle
stratégie pour Microsoft ?
Après ces étonnantes turbulences, Steve
Ballmer a fait machine arrière - reconnaissait
notamment fin septembre que Linux était un concurrent
sérieux. L'ère du dénigrement est
révolué, l'heure de la bataille frontale
a sonné. Pour bouter l'OS au pingouin et toute
sa suite en dehors de ses territoires, le géant
du logiciel fourbit ses armes.
La première est
la plus classique : Microsoft pourrait revoir ses
logiciels afin qu'ils présentent un meilleur
TCO, dans le but de regagner du terrain sur Linux. La
deuxième - tout aussi bon enfant :
faire en sorte de resserrer les liens avec les partenaires
stratégiques, afin de constituer un semblant
de "communauté".
Dernière solution
préconisée par les rapporteurs, bien plus
agressive : engager une bataille de brevets. En
multipliant les procès contre l'opensource, Microsoft
pourrait bien donner du fil à retordre à
la communauté du libre. Microsoft dispose pour
celà d'un atout considérable : un
immense catalogue de brevets, dont une partie est restée
inexploitée. Un arsenal dans lequel on trouve
de tout, et qui peut légitimement faire trembler
la communauté Linux.
Microsoft a dressé
un état des lieux sévère de la
bataille de l'image qui l'oppose au libre. Pour améliorer
sa position, le géant peut-il recourir à
l'arme des brevets ? Pas si sûr : l'image
de Micosoft s'en trouverait encore considérablement
dépréciée, particulièrement
dans les rangs des administrateurs et des informaticiens
d'entreprise, dont une partie reste très attachée
au libre. Cruel dilemne pour un géant dont les
parts de marché s'effritent inexorablement...
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