Ces quatre dernières
décennies, Sony et Philips ont à eux deux
imaginé une grosse partie des supports de contenu
grand public qui ont émergé - CD, cassette
audio et minidisc en tête. Et qui dit création
de support dit nécessairement protection contre
la copie. A chaque nouvelle génération de
support, les efforts des fabriquants pour déjouer
la duplication illégale se renforcent, surtout
quand ces fabriquants sont eux-même éditeurs
de contenus comme c'est le cas pour Sony.
Depuis
lors, la dématérialisation des supports
a fait son chemin, et c'est tout naturellement que Sony
et Philips ont tourné leurs regards vers les
solutions de protection des fichiers numériques.
En mai 2002, Sony a porté son dévolu sur
Intertrust en achetant le droit de jouir de ses produits -
et d'une partie de ses licences passées, présentes,
et à venir.
Optique
rentabilité et savoir-faire
Sony a renouvellé cette semaine sa confiance
à Intertrust en rachetant l'éditeur avec
Philips. Sony s'épargne au passage le devoir
de s'acquitter du
paiement des licences. Le fabriquant nippon pourra intégrer
les solutions d'Intertrust à sa gamme de produits
grand public - ordinateurs, matériels sonores
fixes ou portables, appareils vidéo, etc ...
Il pourra également diffuser de façon
sécurisée ses contenus sur Internet -
et sur support physique - sans verser le moindre
centime.
Pour Sony comme pour Philips,
le calcul de rentabilité ne s'arrête pas
là. La gestion des droits numériques (DRM)
est un marché prometteur - qui connaît
il est vrai un retard notable à l'allumage. Intertrust
détient dans ce domaine 26 brevets importants,
et un savoir faire que seule une petite poignée
d'enteprises a su acquérir. Intertrust continuera
donc de vendre ses produits de protection anticopie
à tous les acteurs de l'industrie des médias.
Bonne
opération pour Intertrust
Pour l'éditeur de solutions de DRM, la transaction
est une véritable aubaine. Intertrust était
empêtré dans des difficultés économiques
qui l'avaient conduit à licencier 70 % de
ses employés. Il était également
engagé dans une coûteuse procédure
judiciaire engagée par Microsoft, qui l'accuse
d'avoir utilisé des brevets sans son accord.
Intertrust avait donc besoin
d'un soutien financier fort. En vendant leur société
à deux géants des médias, les fondateurs
gagnent d'ailleurs sur tous les tableaux : il y
a quelque mois, Intertrust a essayé de se diversifier
en se lançant dans la protection des oeuvres
grand public - une opération vitale pour
l'éditeur. Mais ses parts de marché demeuraient
confidentielles. Philips et Sony feront profiter Intertrust
de leur connaissance du mileu, de leurs poids stratégique
dans le secteur - Sony est la deuxième major
de l'industrie du disque - et de leurs compétences
en marketing.
La dimention d'Intertrust
change considérablement, et son offre pourrait
rapidement concurrencer celle des deux grands leaders
du marché de la DRM grand public : Macromedia
et Microsoft. Seul regret probable pour les fondateurs
d'Intertrust : celui d'avoir vendu trop tard, alors
que leur société éprouvait des
difficultés qui n'ont échappé à
personne.
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