Sécurité
La cryptographie quantique n'est plus de la science-fiction
C'est le premier succès informatique de la physique quantique : offrir une protection réputée inviolable aux données sensibles. Une technologie proche de la phase d'industrialisation, et que les services secrets surveillent de près. (Mardi 19 novembre 2002)
     
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Faudra-t-il bientôt disposer d'un doctorat en physique quantique pour pirater les communications cryptées de demain ? On pourrait le croire, au vu des recherches menées par une équipe de scientifiques américains appartenant à la NorthWestern University - partenaires de BNN et Telcordia, dont les premières expériences ont été menées à bien.

Dans l'état actuel des connaissances scientifiques, la cryptographie quantique semble inviolable. Sans entrer dans les détails, mentionnons d'abord que les communications cryptées en question sont véhiculées sur fibre optique. De fait, quiconque voudrait les intercepter devrait être capable d'en détourner les photons. Et c'est là que les propriétés quantiques interviennent...

Altération par toute tentative de lecture

Si une communication est cryptée de manière logique - avec un algorithme mathématique, il reste à forcer cette protection - ce qui est parfois possible lorsque l'on dispose d'un gros caculateur. Par contre, si cet algorithme est protégé de façon physique - en l'occurence avec une clé quantique -, les choses se compliquent : le message est "pollué" dés que l'on tente de capter le moindre photon, tant est si bien qu'il devient illisible. Toute lecture altère irrémédiablement le message.

Ceci découle des propriétés de la physique quantique: à l'échelle du photon, l'état physique est mieux décrit en termes de probabilités de présence d'une particule, qui se comporte alors comme une onde (phénomène de dualité onde/corpuscule), et toute expérience visant à préciser cette probabilité entraîne la "résolution" de l'état physique en l'une des possibilités offertes: bref, et pour aller vite, le système physique est altéré par l'expérience et le "bruit quantique" qu'elle introduit.

Retard à l'allumage
Problème : comment le destinataire s'affranchit-il de cette loi quantique, qui empêche le pirate d'intercepter le signal ? Entrons plus avant dans les explications : la clé quantique unique dont disposent les deux correspondants contient des informations relatives à différentes propriétés de la lumière (et notamment sa polarisation) telle qu'elle a été émise. A la réception, le correspondant exploite ces informations pour recevoir le message sans engendrer une grande quantité de "bruit quantique", du moins une quantité acceptable pour lui permettre de déchiffrer le contenu sans encombre. La protection devient donc physique - et non plus logique : elle exploite les propriétés de la lumière plutôt qu'une formule mathématique.

Sur le papier, les promesses sont alléchantes. Pourtant, force est de constater que la cryptographie quantique ne marche pas sur ses deux jambes : les expériences en laboratoire sont concluantes, mais on est encore loin de la phase d'industrialisation. Les débits demeurent trop lents, la technologie s'appuie sur des matériels propriétaires, et les scientifiques peinent à envoyer un signal à plus de 70 kilomètres de distance.

Grande avancée
Cependant, Les chercheurs de la Northwestern University ont fait un grand bond en avant. Leurs expériences sur des matériels optiques traditionnels ont été un succès, avec des débits de 250 Mbit/s. Reste cependant une étape à franchir : celle de l'amplificationdu signal qui permet de le relayer sur les longues distances.

On s'approche à grands pas de la commercialisation dd'une offre opérationnelle. Les premiers séduits seront - à n'en pas douter - les agences d'espionnage et de contre espionnage, ainsi que l'armée. Leurs besoins en moyens de cryptage sont considérables. Mais d'autres organismes - ainsi que certaines entreprises - pourraient être séduites : il n'existe pas à ce jour de clé mathématique facile à manipuler qui puisse garantir l'intégrité d'une donnée sur plusieurs décennies.

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La cryptographie quantique résout ce problème en empêchant le pirate de récupérer des informations intègres. Reste qu'elle ne sait protéger que les communications optiques, ce qui exclut les données statiques - les informations stockées. Il demeure possible de dupliquer une information sensible contenue sur une baie de stockage, avant même qu'elle ne transite sur une fibre optique. La cryptographie quantique - "incassable" jusqu'à preuve du contraire - n'est donc pas une méthode de protection des données universelle.

[Nicolas Six, JDNet]
 
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