"Les Web Services vont-ils remplacer l'EAI ?".
Impossible aujourd'hui d'assister à une conférence
sur les technologies d'intégration sans entendre
quelques participants poser en substance cette question.
Cette interrogation illustre assez bien le genre de raccourcis
qui accompagnent généralement la présentation
des Web Services. Un simplisme qui, in fine, pourrait
desservir tout le monde, les utilisateurs comme les fournisseurs
de technologie.
Reconnaissons
que la nature même des Web Services encourage
les raccourcis. De quoi parle-t-on exactement ? D'un
ensemble de standards qui décrit un modèle
d'invocation de services à travers le réseau.
Ce modèle présente 3 grandes qualités
:
1. il masque l'hétérogénéité
des systèmes d'information, les services pouvant
interagir indépendamment de leur environnement
technologique d'origine
2. il permet aux services de s'auto-découvrir,
ce qui permet d'envisager des interactions "à
la volée", c'est-à-dire, sans travail
de conception préalable dès lors que les
parties se conforment aux standards des Web Services
3. il offre un procédé de "couplage
lâche", expression souvent utilisée
pour décrire un procédé d'intégration
peu intrusif pour les applications impliquées.
Au regard de ces qualités
on comprend pourquoi les Web Services sont présentés
comme un modèle d'intégration pragmatique.
Problème, cet argumentaire des Web Services est
de plus en plus souvent utilisé pour les présenter
comme une alternative aux plates-formes d'EAI aujourd'hui
accusées de tous les maux. A entendre les déçus
de l'EAI, ces plates-formes ne tiendraient pas leurs
promesses : elles devaient rationaliser et simplifier
l'orchestration des échanges ; au final, elle
sont perçues comme avant tout une nouvelle source
de complexité.
A qui la faute ? Aux éditeurs
qui ont simplifié à l'extrême la
présentation de leurs offres ? Aux prestataires
qui n'ont pas osé effrayé les clients
en détaillant le lourd travail de conception
et de préparation que nécessite un déploiement
EAI ? Aux clients enfin qui attendent trop et trop vite
de la technologie ? Possible. Ce qui est sûr en
revanche, c'est que les Web Services sont bien partis
pour conduire à une autre déception.
Car, à l'instar
de l'EAI, les Web Services ne peuvent nullement s'apparenter
à une baguette magique de l'intégration.
La migration vers les Web Services ne sera pas une opération
indolore. Qu'il s'agisse d'exposer des traitements existants
sous forme de Web Services ou d'administrer ces nouveaux
flux, le chantier qui accompagnera le déploiement
des Web Services est encore largement sous-estimé.
Il est donc urgent de calmer
le jeu. Pour prendre le temps d'évaluer ce chantier
; pour analyser aussi les cas de figure dans lesquels
les Web Services prennent effectivement tout leur sens.
Un travail qui aidera à comprendre que les standards
des Web Services ne vont pas à eux seuls "
remplacer " le modèle d'intégration
de l'EAI mais plutôt l'amender et le compléter.
Un travail qui évitera surtout des malentendus
lourds de conséquences.
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