Infrastructure/Chantiers
Linux plus coûteux que Windows ?
Une récente étude d'IDC soutient que Linux affiche un prix de revient (TCO) plus élevé que Windows 2000. Deux cabinets concurrents soutiennent le contraire. Eclairages. (Vendredi 6 décembre 2002)
     
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Les cabinets d'études n'ont pas accordé leurs violons avant d'entonner à trois la sérénade du TCO : pour IDC, le coût total de possession de Linux est supérieur à celui de Windows 2000. Pour Cybersource et son confrère Robert Frances Group, c'est le contraire. Et pour les observateurs, c'est le désarroi : comment dans ces conditions séparer le bon grain de l'ivraie ?

Les chiffres : pour IDC, Linux est dans trois domaines sur quatre plus cher que Windows, le surcoût allant de 11 à 22 %. Windows est plus avantageux pour piloter une infrastructure de réseau, centraliser et gérer les impressions, et gérer la sécurité du SI. Linux tire tout de même son épingle du jeu dans le domaine des serveurs Web, où il est 6 % moins cher que Windows.

Pour le Robert Frances Group au contraire, Linux revient globalement deux fois moins cher que Windows - toutes applications comprises. Pour Cybersource enfin, Linux est 25 % moins cher que Windows, toutes
applications comprises. Chacune de ces études prenant en compte l'acquisition des matériels et des licences, les coûts d'implémentation, d'adminstration et de support. Si bien qu'au final, on ne sait plus à quel saint se vouer.

Le jeu des trois cabinets
Faut-il faire confiance au cabinet le plus réputé, en l'occurence IDC ?
Sans doute, sauf dans une situation exceptionnelle. Et c'est dans ce dernier cas que l'on se trouve. En effet, l'étude d'IDC a été financée par Microsoft. Une situation un brin incestueuse qui - en dépit de la réputation de sérieux dont jouit IDC - ne manquera pas de semer le trouble dans les esprits. Précisons également que l'étude de Robert Frances Group a été financée par IBM.

Faut-il donc se replier sur la comparaison des méthodologies des trois études ? On tient ici une clé intéressante : les trois cabinets n'ont pas procédé de la même façon. IDC a interrogé une centaine de grandes entreprises en séparant quatre catégories de produits, et il a étalé ses calculs sur une période de cinq ans. Robert Frances Group a interrogé un échantillon de 14 grandes entreprises, en étalant ses calculs sur une période de trois ans. A l'inverse d'IDC, Robert Frances Group n'a pas segmenté les applications Linux en plusieurs familles. Les données du cabinet sont donc infléchies par le poids de l'existant : elles évaluent majoritairement le TCO de serveurs Web.

Cybersource, quant à lui, a opté pour une démarche radicalement différente : le cabinet a construit un modèle mathématique basé sur un cas d'école simulant l'utilisation de plusieurs serveurs Linux dans une PME, et sur une période de trois ans.

Des incertitudes demeurent
Les enseignements qu'il faut en retirer sont les suivants : la méthodologie de l'étude d'IDC est la plus sérieuse, et son panel représente le meilleur échantillon in vivo. Mais elle souffre - comme toutes les autres - d'un problème de localisation : le coût d'un spécialiste de Linux est-il plus élevé aux Etats-Unis ou en France ? Deuxième limite : elle met l'accent sur les grandes entreprises, à l'extrême opposé de Cybersource. Ce qui n'est pas anodin comme nous le verrons plus loin.

Troisième limite : l'étude d'IDC se focalise sur une échelle de temps fixe, qui correspondra peu souvent à la réalité sur le terrain. Robert Frances Group met - à raison - l'accent sur les coûts cachés qui pourraient faire flancher les calculs de TCO les plus fins. Dans le cas où une entreprise voudrait faire monter ses serveurs en charge, Linux se montrerait par exemple beaucoup plus souple que Windows. En somme, IDC a fait l'évaluation d'un cas particulier. Et pas plus que les autres, le cabinet ne peut prétendre répondre à la question générale Linux est-il moins cher que Windows ?

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Mais toutes les informations issues de ces études ne sont pas caduques. Pour éclaircir ce tableau fort obscur, nous avons jugé utile de présenter ci-après les conclusions saillantes de ces études. Par souci d'objectivité, nous avons fait en sorte de séparer les questions qui restent en suspens de celles auxquelles il est possible de répondre.

 

Ce que l'on sait Ce que l'on ne sait pas

- Les deux OS se tiennent dans un mouchoir de poche.
Selon toute vraissemblance, aucun des deux systèmes d'exploitation ne creuse un écart de TCO rédhibitoire par rapport à l'autre. Linux n'est donc pas largement moins cher que Windows. La raison est la suivante : le TCO d'une licence est conditionné par ses coûts de maintenance et d'administration plus que par ses coûts d'acquisition.

- Plus l'entreprise est petite, plus Linux est intéressant.
L'étude d'IDC n'a pris en compte que les grosses entreprises, dans lesquelles le télédéploiement et la télémaintenance sont très coûteux, et donc stratégiques. Ce qui est moins vrai dans les petites entreprises.

- Linux est moins cher pour les serveurs Web.
Les trois cabinets d'études s'accordent sur ce point. Le TCO de Linux est au minimum 4 % meilleur que celui de Windows, et au mieux 100 % meilleur.

- Les compétences Linux sont plus chères que les compétences Windows
IDC souligne le coût supérieur des compétences Linux par rapport aux compétences Windows. Robert Francis Group modère les chiffres donnés par IDC, mais souligne qu'un administrateur Linux coûte légèrement plus cher qu'un administrateur Windows. Ce n'est toutefois qu'un élement de jugement parcellaire.

- Linux souffre d'une pénurie d'outils de maintenance et d'administration.
L'argument d'IDC paraît irréfutable. Cependant, le cabinet d'analyse souligne que cette faiblesse n'est que temporaire, et qu'elle devrait se résorber progressivement : plusieurs éditeurs s'engouffrent actuellement dans le brèche.

- Windows est-il moins cher que Linux ?
Question à laquelle aucune étude actuelle ne peut répondre de façon exhaustive. Il faudrait pour cela recourir à un protocole de recherches plus ambitieux, qui permettrait sans doute à chaque entreprise de se retrouver dans les chiffres finaux. Dans le cas présent, seuls certains DSI pourront lire ces études avec intérêt. Pour finir, il faudrait que l'étude soit réalisée dans un contexte d'indépendance complète et indubitable.

- Windows est-il moins cher que Linux, au delà du TCO ?
S'il était avéré que le TCO de Windows était meilleur, cela ne voudrait pas dire que Windows serait plus intéressant que Linux pour un DSI. Le TCO de la suite bureatique Microsoft Works est sans doute moins lourd que celui de la suite Office. Mais les deux produits sont différents, et les services apportés par la suite Office sont donc plus riches pour l'entreprise. Pour bien faire, il faudrait donc savoir lequel des deux systèmes d'exploitation est le plus performant, au delà du TCO.

- Windows est-il moins cher que Linux, dans votre cas précis ?
Les études présentent couramment le travers de lisser la réalité. Et pour cause : dans certains cas, Linux reste bien plus intéressant que Windows, et vis versa. Si le serveur que vous souhaitez installer est beaucoup plus performant dans sa version Linux, que vous disposez de bonnes compétences Linux en interne, et que l'application est réputée pour ne jamais planter, toutes les conditions sont réunies pour que Linux soit plus intéressant que Windows. Si au contraire l'application Linux est encore immature, et que les compétences Linux sont difficiles à trouver dans votre région, le TCO de Linux sera sans doute prohibitif.

[Nicolas Six, JDNet]
 
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