Acteurs
Faillites, attentisme, concentrations, dur, dur mais...
L'année s'est apparentée pour l'industrie du logiciel et des services informatiques en un exercice de survie en environnement hostile.Résultat des courses. (Lundi 23 décembre 2002)
     
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Une année noire, l'année 2002 ? Pour IDC en tout cas, l'année qui s'achève fut la plus mauvaise de l'histoire de l'informatique. Le CA global du secteur a reculé de 2%, ce qui n'est pas peu dire : 2002 a plongé l'industrie plus bas encore qu'en 2001, qui fut pourtant une année catastrophique pour l'informatique professionnelle. La pilule est difficile à avaler pour cet enfant gâté de l'économie occidentale, plutôt habitué à des taux de croissance flirtant avec les 10%.

Turbulences parfois fatales
Mécaniquement, ce retournement de conjoncture s'est traduit par plusieurs faillites et autres banqueroutes, en quantité limitée toutefois : il aurait fallu être fou pour investir massivement au début de l'année 2002, alors que Merril Lynch anticipait trois maigres points de croissance. La plupart des acteurs ont fait le dos rond en attendant des jours meilleurs, mais certains se sont tout de même laissés prendre.

A commencer par Reef qui, après avoir brûlé 80 millions d'euros de cash a tiré sa révérence fin juin. Peregrine a échappé de peu à la faillite : le géant de la gestion des ressources informatiques a fait banqueroute mais s'en tire par une pirouette, en revendant une fraîche acquisition - la société Remedy - pour la somme de 350 millions de dollars.

Les irréductibles gaulois ont eux-aussi traversé quelques turbulences. Citons Alcôve - une SSII spécialisée dans le libre - qui appartient désormais au groupe Génious, et Intégra - un hébergeur à valeur ajoutée (filiale de Genuity), qui a fait banqueroute.

Les télécoms posent un genou à terre
Mais ce sont les télécoms qui ont le plus souffert : une immense vague de licenciements est venue sanctionner la démesure des investissements consentis dans les années 90. Aux USA, le secteur s'est rendu responsable du quart des licenciements pour l'année 2002. C'est KPNQwest qui a ouvert le bal début juin avec une retentissante cessation de paiement.

Mais la banqueroute la plus déroutante et la plus sulfureuse de 2002, c'est évidemment celle de WorldCom. Avant de chûter, le géant tenait 50% du traffic Internet américain et fascinait ses concurrents, médusés par les bénéfices dégagés dans une période pourtant fort difficile. Mais ces résultats n'étaient en réalité qu'un feu de paille : WorldCom s'est livré à des manipulations comptables de grande envergure, allégeant ses comptes de près de 8 milliards de dollars. Pour se sortir de l'ornière, le géant des telcos a dû débaucher l'ex PDG de HP - Michael Capellas.

Vague de concentrations
C'est bien connu, les faiblesses des uns font le bonheur des autres. Les "happy fews" dont la santé était au beau fixe n'ont eu qu'à se pencher pour cueillir les restes de leurs concurrents, souvent à vil prix. 2002 fut très logiquement placée sous le signe de la concentration. Microsoft s'est distingué en absorbant l'éditeur d'ERP Navision - pour 1,3 milliards de dollars. Sony et Phillips se sont alliés pour racheter Intertrust - le géant de la DRM - moyennant une transaction dont le montant est resté secret.

Mais c'est IBM qui a eu l'estomac le plus grand : le géant s'est admirablement remis de la crise qui a failli l'emporter au milieu des années 90, et a déboursé 2,1 milliards de dollars pour se saisir de Rational, au nez et à la barbe de Microsoft. Big Blue a également absorbé le cabinet de conseil PwC Consulting pour 3,5 milliards de dollars. Sans même plonger dans le rouge, puisque le géant a réalisé près de 8 milliards de bénéfices en 2001, et s'apprête à renouveler l'exploit. Cette acquisition confirme la tendance au rapprochement entre consulting et intégration. En France, Syntégra a imité les leaders du secteur : la SSII a racheté l'entité française de KPMG Consulting.

2002, c'est aussi la fin du long épisode de la fusion HP/Compaq, finalisée en septembre après de longues tergiversations avec la justice. L'opération semble plutôt réussie, puisque le chiffre d'affaires du groupe ne recule pas. Le géant devient leader dans de nombreux segments de la vente de matériels informatiques.

Deux grandes inquiétudes
Mais que serait une année informatique sans un grand frisson ? Ces derniers mois, l'évènement le plus inquiétant fut sans doute l'attaque en règle des serveurs de DNS racines de l'Internet. Cette attaque massive, sciemment coordonnée, avait pour but faire tomber les noeuds indispensables au bon fonctionnement de la toile. Et bonne nouvelle : Internet a résisté.

Plus inquiétante encore : l'initiative de Microsoft, qui pourrait bouleverser l'informatique en général - à savoir Palladium. Beaucoup de bruits circulent à propos de cette puce de sécurité qui devrait créer dans quelques années un environnement parfaitement sécurisé au sein de chaque machine. La colère gronde, et certains accusent injustement Microsoft de vouloir contrôler chaque fichier et chaque logiciel sur toutes les machines. Une accusation infondée à l'heure qu'il est, mais - à bien y réfléchir - peut être prophétique. Microsoft pourrait être tenté de retirer des dividendes de Palladium dans dix ou quinze ans sans respecter ses engagements.

Microsoft se sort des remous
La firme de Bill Gates, justement, a paru fragilisée cette année, mais la termine plutôt bien (excellents résultats financiers, issue - provisoire ? - du procès antitrust particulièrement favorable). Il y a eu, tout de même, pour la firme de Redmond, la grogne des grands comptes mécontentés par sa nouvelle politique de licences - la Software Assurance. Et surtout la montée de Linux, qui n'en finit plus de conquérir des parts de marché dans le domaine des serveurs. Cette année, Microsoft a dû apprendre à jouer profil bas, et à communiquer humblement avec ses clients.

Car Microsoft a également dû affronter le mécontentement des administrateurs, qui estiment que ses produits comportent trop de failles de sécurité. Dans ce domaine, le géant s'est enfin décidé à engager une bataille : Microsoft a arrêté ses développements pendant deux mois pour relire le code de ses produits. Sans grand succès pour l'instant. Signalons tout de même que Microsoft devrait de nouveau revêtir en 2003 sa tenue de conquerrant, en mettant sur le marché un certain nombre de produits stratégiques.

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Terminons ce bilan sur une note d'espoir, que nous devons à trois sociétés qui, chacune dans leur domaine, ont prouvé qu'une bonne idée pouvait toujours attirer l'attention des investisseurs. A elles trois, ces jeunes entreprises (GridXpert, Telisma et Cedron) ont levé la coquette somme de 23,5 millions d'euros...

[Nicolas Six, JDNet]
 
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