Face à la menace grandissante
que représente le système Linux, Microsoft
a changé de stratégie : la firme de
Redmond répond désormais de manière
dépassionnée aux questions que ses clients
se posent quant à la qualité comparative
des deux OS.
Et parmi les clients d'importance
de Microsoft... figurent un certain nombre de gouvernements,
qui s'interrogent notamment sur le prix des produits
de l'éditeur, et sur l'opportunité de
faire affaire avec un deuxième fournisseur, qui
leur permettrait de ne plus être dépendant
d'un seul, monopolistique qui plus est... Sans oublier
le problème de la sécurité de Windows,
réputée moins bonne que celle de Linux.
Mesure
apparemment radicale
Microsoft a réagi
en renforçant la protection de son code, mais
cela n'a pas suffi : les gouvernements continuaient
de se plaindre d'un manque de transparence
à cet égard. Qu'à celà ne
tienne : l'éditeur a annoncé lundi
que 60 états peuvent désormais avoir accès
au code source de Windows.
Microsoft n'y a pas été par quatre chemins :
les gouvernements pourront analyser le code source de
Windows (versions pro et grand public de Windows 2000,
Windows XP, Windows Server 2003 et Windows CE), soumettre
ce code à leurs propres tests de sécurité,
interroger directement les développeurs de Microsoft,
et même avoir accès aux documents de sécurité
interne qui concernent Windows. Les portes des locaux
de Microsoft leur seront grandes ouvertes. Nul doute
que les services secrets des 60 pays "éligibles"
se bousculeront au portillon.
Précisons que Microsoft partage déjà,
aussi bien avec des entreprises que des gouvernements,
une partie du code source de Windows dans le cadre de
l'initiative Shared Source depuis 2001. Par ailleurs,
le Government Source Licensing Program (GSLP), qui donne
droit à un support de l'éditeur, est également
en vigueur.
Contrer
Linux... et séduire la Chine !
Qu'espère Microsoft avec
cette nouvelle décision ? Couper l'herbe sous
le pied de Linux, dont le code est public et peut par
conséquent être analysé par quiconque
en a les compétences. Linux se targue d'être
plus sûr ? Aux experts d'en juger. Microsoft
semble confiant dans sa plate-forme pour jouer ainsi
carte sur table...
Dans tous les cas, il fallait
que le géant réagisse : plusieurs
Etats - dont le Brésil et l'Allemagne -
considèrent l'adoption de Linux de plus en plus
sérieusement. Des projets de loi sont en cours
d'élaboration. Il n'est pas jusqu'au Gartner
qui décourage l'utilisation de certains packages
logiciels estampillés Microsoft, en raison de
leur faible niveau de sécurité.
Mais il y a plus :
en agissant ainsi, Microsoft pourrait viser explicitement
la Chine, qui se méfie semble-t-il des produits
de Microsoft. "L'empire du milieu" donnerait
en effet du crédit aux rumeurs selon lesquelles
Microsoft a placé des "backdoors" dans
Windows, qui permettent aux services secrets américains
de se livrer à des activités d'espionnage
à distance.
En ouvrant son code aux officiels chinois, le géant
effacerait une bonne partie des soupçons nourris
par la Chine et d'autres pays. Ce serait en quelque
sorte la fin d'une rumeur qui a fait couler beaucoup
d'encre : celle qui veut que Bill Gates travaille
de concert avec la CIA.
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