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Stopper le piratage logiciel : le bouclier, le glaive ou la parole ?
La BSA traque les pirates sur Internet et les fait condamner, avec une efficacité relative. Et si la communication était la meilleure des armes ? L'opinion du bras armé des éditeurs de logiciel. (Lundi 10 février 2003)
     
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Les éditeurs de logiciels ne se contentent pas de protéger leurs productions du mieux qu'ils peuvent, ils financent parallèlement la Business Software Alliance (BSA) qui, rappelons-le, est investie d'une double mission : éduquer le grand public et réprimer les actes de piratage.

Car à la tactique du bouclier s'oppose une réalité incontestable: quelques jours après leur sortie, la plupart des logiciels majeurs sont "crackés" et mis en libre téléchargement sur Internet. A celle du glaive, au moins, l'action de la BSA semble plus féconde.

Celle-ci s'est en effet dotée d'une équipe d'investigateurs Internet chargés de repérer les pirates, puis d'intervenir. Ces investigateurs sont confrontés à tous types de délinquances, des plus gros réseaux mafieux aux plus petits internautes qui s'échangent des logiciels illégalement.

Concentrer les efforts sur les gros pirates

"Nous agissons de façon stratégique, par ordre d'importance - indique Bertrand Salor, porte parole de la BSA pour la France. Nous repérons les réseaux organisés, les revendeurs actifs sur le Web, l'IRC, les sites d'enchères, etc ... De deux choses l'une : soit il s'agit d'un très gros réseau, et nous collaborons avec la police pour en venir à bout - et même si la police répond peu souvent présent, il y a tout de même eu 113 perquisitions en Europe depuis 1998 -, soit il s'agit d'un petit réseau, et nous demandons au FAI qui l'héberge de fermer le site sur lequel il s'appuie. Dans 95 % des cas, le FAI accepte : le pirate perd alors son site, le trafic qu'il générait, son mail, ses liens avec les autres sites de la communauté, etc.".

De quoi décourager les moins persévérants. L'année dernière, la BSA a ainsi fait fermer une dizaine de milliers de sites dans le monde. Mais quid des petits revendeurs sous le manteau qui sévissent dans les cours d'école, et autre mordus des réseaux de peer-to-peer ? "En volume, ce sont eux qui nuisent le plus aux marges des éditeurs, et de très loin. Mais nous n'allons pas poursuivre 10 millions de personnes".

Piratage "à la petite semaine"
Ces "pirates à la petite semaine" - selon les termes de la BSA - auraient pourtant bien tort de se croire à l'abri : "nous avons mis au point des outils de traçage des abonnés ADSL qui utilisent les réseaux de peer-to-peer pour échanger des cracks. Le mois dernier en France, nous avons isolé une dizaine de milliers d'adresses IP, qui correspondent à autant de petits pirates, et que nous avons communiquées à leurs fournisseurs d'accès ".

Le système est récent : "difficile de dire comment les FAI perçoivent cette mesure ; cependant, ils adressent pour la plupart des mises en demeure aux personnes que nous pointons du doigt. Au bout de quelques avertissements, certains vont même jusqu'à déconnecter les abonnés récalcitrants". Pourquoi un tel soutien ? "La surcharge des connexions ADSL par le peer-to-peer est une calamité pour les FAI. Ils cherchent eux-aussi des mesures pour limiter les téléchargements. La déconnexion des utilisateurs assidus est une solution, au même titre que la taxation des téléchargements au delà d'un certain seuil".

La BSA va-t-elle plus loin ? Des amendes ? De la prison ferme ? Ce sont là des cas extrêmement rares ; la BSA dénonce pourtant les "napsteriens" les plus actifs à la police. Mais la plupart du temps, "la police a mieux à faire que de s'occuper des petits délinquants. Cependant, dans certains pays, les forces de police ont parfois du temps à y consacrer" - affirme Bertrand Salor.

Une goutte d'eau dans la mer
Bilan des courses ? Si le risque de se retrouver en prison est réel pour les chefs de réseaux mafieux, les sanctions contre les membres actifs des petits réseaux d'échanges ne devraient pas être empêcher le piratage de progresser, au contraire. On peut ainsi noter que, même dans les entreprises, la masse des logiciels piratés serait passée de 39 % en 2000 à 46 % en 2002.

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Et c'est là que la parole refait son apparition. "C'est notre meilleure arme pour défendre la cause des éditeurs : la prévention, et l'éducation (...). C'est tout un pan de l'économie européenne et mondiale qui vit des logiciels. 46 % de logiciels piratés, c'est autant d'argent en moins dans les caisses des éditeurs français, et autant d'informaticiens qui ne trouveront pas de travail dans ces mêmes entreprises".

Un discours cependant fort mal reçu en France car selon Bertrand Salor lui-même: "nous sommes tous un peu des pirates, il faut bien l'avouer".

[Nicolas Six, JDNet]
 
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