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La gestion des connaissances
est en train de prendre un nouveau visage. Discipline
hier réservée à des spécialistes, mettant en jeu des
notions linguistiques parfois complexes, elle se tourne
aujourd'hui vers des applications résolument concrètes.
Et son objectif évolue : on ne cherche plus à mettre
au point des bases de données les plus sophistiquées
qui soient, mais à mettre en relation des individus
qui ont un intérêt professionnel à partager leurs idées,
leur expérience. On semble moins chercher à construire
des mémoires d'entreprises qu'à établir des mises en
relation directes, de personne à personne. Ou à faire
en sorte que les savoir-faire disséminés dans l'entreprise
puissent être facilement assimilés par les collaborateurs.
Obtenir l'information n'est
plus un problème. N'importe quel moteur de recherche
rapportera docilement des kilos de pages et de liens
en quelques secondes. Obtenir de l'information en rapport
direct avec son activité est beaucoup plus difficile
: généralement, on devra passer un temps précieux à
passer au tamis ces kilos de données pour en extraire
quelques pépites. Ce constat se vérifie que l'origine
de l'information provienne de l'extérieur ou de l'intérieur
de l'entreprise. A moins de mettre en place une organisation
et des systèmes de tri assez efficaces pour que les
précieux éléments soient dirigés directement vers leurs
destinataires.
Une
firme comme Factiva illustre bien le phénomène. Issue
du rapprochement des agences Dow Jones et Reuters en
1999, elle serait capable d'abreuver en informations
la plupart des entreprises dans le monde. Mais son cheval
de bataille est ailleurs. En effet, selon Claire Hart,
son p-dg, une grande partie de l'activité de Factiva
consiste désormais à identifier les sources d'informations
qui résident dans les entreprises, à savoir comment
elles sont organisées et qui en possède les droits d'accès.
De fournisseurs d'informations, Dow Jones et Reuters
ont évolué vers un métier d'organisateur d'information.
Factiva effectue des audits des actifs des connaissances
de l'entreprise. Et la firme va jusqu'à fournir des
vocabulaires normalisés hiérarchisés, les taxonomies,
en fait des outils de raffinage de l'information qui
seront exploitables par des outils informatiques. Ainsi
les 8000 sources de données proposées pourront être
indexées suivant les besoins de l'utilisateur.
Faire
converger le système de hiérarchisation des informations
d'une entreprise donnée avec la taxonomie d'un fournisseur
comme Factiva risque d'être un travail de réflexion
et d'organisation délicat où la technologie a peu de
rôle à jouer. Mais le jeu en vaut la chandelle : au
bout du compte, l'entreprise mieux informée prendra
des décisions plus pertinentes et... plus rapides.
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