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La renaissance du réseau Iridium de téléphonie par satellite
Donné pour mort en 1999, Iridium a su renaître, grâce notamment au gouvernement américain. On peut encore téléphoner depuis les zones les plus reculées grâce à un réseau de satellites en orbite basse, d'autant que les tarifs ont considérablement baissé. (Jeudi 20 février 2003)
     
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MIS A JOUR LE 24 FEVRIER
A l'origine d'Iridium, un pari technologique fou : faire tourner 88 satellites à haute vitesse en orbite basse autour de la Terre pour téléphoner depuis n'importe où. Contrairement à Immarsat - qui exploite un réseau de satellites géostationnaires - Iridium n'affiche aucune zone d'ombre : on peut téléphoner avec un petit combiné depuis le pôle Nord jusqu'au pôle Sud, en passant par l'équateur.

Iridium a pourtant bien failli sombrer dans l'océan : après sa banqueroute retentissante en 1999, les 66 satellites restants devaient être précipités dans la mer, comme spécifié dans les statuts de l'entreprise en cas de faillite. Heureusement, "Iridium a été racheté in extremis pour la somme de 25 millions de dollars par une entreprise de Virginie" se souvient Philippe Perrette, fondateur de GéoLink, qui distribue Iridium en France. Une somme qu'il faut rapporter aux huit milliards de dollars brûlés par Iridium en quelques années.

Une excellente affaire pour les repreneurs ? Impossible à savoir : "les comptes d'Iridium sont d'une grande opacité - déplore Philippe Perrette. Si Iridium cherchait à liquider ses actifs, l'entreprise n'en tirerait pas grand chose. Quant à sa rentabilité, je ne peux pas vous en dire plus puisque je ne connais pas ses coûts d'exploitation".

Peu de concurrence
"Je n'ai donc qu'un point de repère : dès le lendemain du rachat d'Iridium [NDLR: décembre 2000], l'administration américaine a signé un accord pour l'utilisation de ses 20 000 téléphones satellites. Il lui en coûte 3,5 millions de dollars chaque année". Détail intéressant : l'administration américaine est la seule à disposer de sa propre station d'écoute branchée sur le réseau Iridium. Fin 2002, le Département de la défense (DoD) a renouvelé le contrat passé avec Iridium pour une année supplémentaire.

Iridium a peu de concurrence : au delà de l'originalité de son modèle technologique, le système imaginé par Motorola affiche des caractéristiques étonnantes. Un système Immarsat pèse au minimum deux kilos - contre 300 g pour un téléphone Iridium. Immarsat est lent à déployer - il faut l'orienter vers un satellite avant usage -, ce qui n'est pas la cas d'Iridium.

Iridium remporte également la bataille des tarifs : un combiné Immarsat coûte 4 000 euros contre 1 000 euros pour un téléphone Iridium ; une communication Iridium coûte désormais 1,5 dollars la minute au maximum là où Immarsat la facture 2 dollars minimum. De plus, les tarifs tombent à un demi dollar lorsqu'on appelle depuis un téléphone Iridium vers un autre téléphone Iridium.

Qualité de service moyenne
Mais ce système a deux défauts : la qualité de service. Une fois orienté, Immarsat ne souffre presque jamais d'interruption de service, tandis qu'Iridium éprouve encore parfois des difficultés à passer d'un satellite à l'autre, ce qui peut provoquer des coupures occasionnelles. Signalons au passage que les téléphones satellites ne sont pas conçus pour la ville : ils fonctionneront rarement dans une rue étroite.

Mais c'est surtout au chapitre des transferts de données qu'Immarsat marque un point : Iridium plafonne à 9 Kbit/s pour 1,5 dollar la minute, là où Immarsat propose un flux de 64 Kbit/s pour 6 dollars la minute.

Pour la téléphonie, Iridium n'a finalement que deux concurrents : le GSM - il est possible de souscrire à un abonnement mondial au téléphone mobile traditionnel - et Globalstar (voir encadré). Mais si l'on en croit Philippe Perrette, "les tarifs du roaming GSM sont moins intéressants que ceux d'Iridium, et même si la plupart des pays du monde sont couverts, les zones se limitent souvent aux villes et à leurs environs".

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Pour des utilisations extrêmes
Mais qui peut bien utiliser Iridium ? "Des militaires, des responsables d'ONG et d'OIG, des aventuriers, des marins - dont les coureurs de la Route du Rhum -, des forestiers, etc ..." Au total 3500 clients pour GéoLink, le 4ème distributeur Iridium dans le monde. Un chiffre relativement modeste, qui pourrait d'ailleurs croître "si Iridium sortait se son mutisme et communiquait un petit peu" regrette Philippe Perrette.

Le réseau Iridium est bel et bien sous-utilisé. Mais voyons plutôt le mal dans le bien : de ce fait, "la durée de vie du réseau a été prolongée de quatre ans". Iridium devrait donc s'éteindre dans huit ans, après quoi les globe-trotters connaîtront probablement des lendemains difficiles :"il est peu probable que quiconque investisse une somme énorme dans un service non rentable. Si le prix d'une galaxie de satellites en orbite basse ne diminue pas drastiquement, il n'y aura probablement pas de successeur à Iridium". Aventuriers : c'est le moment où jamais !

> Globalstar : le concurrent direct

Au dessus de nos tête gravite une deuxième constellation de 64 satellites en orbite basse - Globalstar -, en mauvaise posture financière également. Nadia Mordelet a pris la tête de la joint-venture française chargée de commercialiser Globalstar en 1995 : "TESAM a été liquidée début 2002 (cette société appartenait à Alcatel et FT). Mais la maison mère devrait bientôt émerger de la banqueroute. Elle revendique 83 000 clients dans le monde".

GlobalStar et Iridium ne fonctionnent pas de la même façon : les satellites d'Iridium sont capables de communiquer entre eux, une seule station relai terrestre suffisant à acheminer les communications. De leur côté, les satellites de Globalstar ne savent pas communiquer entre eux : ils doivent renvoyer toutes leurs communications vers une station relai terrestre à proximité immédiate. D'où la nécessité de multiplier les stations relai partout dans le monde. Globalstar n'a pas les moyens de déployer des stations dans le monde entier : la couverture du réseau demeure donc lacunaire. Elle ignore notamment la presque totalité de l'Afrique.

 

[Nicolas Six, JDNet]
 
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