En janvier dernier, SCO (ex-Caldera),
éditeur américain de solutions d'infrastructure, annonçait
tambour battant sa volonté de faire valoir ses droits
en matière de technologies Unix. Dans son communiqué,
il mettait d'emblée en cause les distributeurs Linux en
pointant du doigt les étranges similitudes de ce clone
Open Source avec son noyau original (voir l'article).
Début mars, SCO lançait une action en justice contre IBM
en l'accusant d'avoir fait main basse sur certains secrets
de fabrication d'Unix et d'exploiter ces derniers au bénéfice
d'une stratégie de développement axée autour de Linux
(voir l'article).
La société d'Utah précise dès
lors avoir recueilli suffisamment de preuves pour faire
tomber IBM... Dans une réponse intervenue mercredi
dernier, ce dernier réfute ces accusions en bloc.
IBM
attaqué en justice pour plagiat
Pour soutenir
son argumentaire, SCO qui, rappelons le, possède depuis
1995 les droits de propriété d'une des versions de Unix
les plus utilisées au monde (Unix System V) cite
un accord remontant à 1985. Dans ce contrat,
AT&T, ex-propriétaire des brevets du système
d'exploitation, autoriserait IBM à réaliser
des développements à partir du noyau en
question... Et ceci selon certaines conditions : les
informations relatives au code source de la technologie
d'AT&T devaient notamment rester confidentielles.
Dès le début de l'année, SCO engageait une équipe de
consultants pour comparer UNIX System V à ses
petits frères. Dans un article publié le premier
mai dernier par notre confrère américain News.com, Darl
McBride, directeur de SCO, dévoile les conclusions de
ce travail. "Nous sommes en mesure de mettre en évidence
des librairies du code source de Linux qui se retrouvent
à l'identique dans notre Unix", affirme t-il sans vouloir
donner plus de détails sur les instances incriminées.
Et François Mauny, directeur de SCO France, que
nous avons interrogé, de préciser :
"ces extraits concernent l'UNIX d'IBM (AIX) mais
également certaines distributions Linux".
Les
éditeurs Linux touchés également ?
Selon certains observateurs,
la partie serait encore très loin d'être
jouée. Principale raison invoquée: nombre
d'ouvrages, articles et autres publications parues depuis
des années font également référence
à des données relatives à la propriété
intellectuelle de SCO concernant Unix System V. Linux
et autres AIX ne représenteraient donc pas, et
de loin, des cas particuliers en matière de violation
de brevets Unix.
Reste qu'une décision favorable à SCO
pourrait entraîner un effet domino touchant l'ensemble
des acteurs du monde Linux, au premier rang desquels
figure Red Hat.
IBM
en porte drapeau de la cause Open Source
Du détournement
de secrets de fabrication aux actions de concurrence
déloyale en passant par la rupture de contrat, IBM s'oppose
à l'ensemble des griefs avancés par SCO.
"Nous possédons l'ensemble des droits intellectuels
nous autorisant à exploiter ce logiciel propriétaire",
indique notamment Big Blue. Dans son communiqué,
il reproche également à SCO de vouloir
mettre la communauté Open Source au pied du mur.
"Si nous tentons de faire barrage à IBM, c'est que nous
avons espoir de gagner, lance le directeur de SCO France.
En cas de décision en notre faveur, les autres fournisseurs
Linux auront tout intérêt à transiger."
En attendant, la procédure
pourrait nécessiter "entre 12 et 18 mois". Une
période qui devrait donner tout loisir aux éditeurs
Linux de peaufiner leur défense. "Dans tous
les cas, nous devrions aboutir à un arrangement
avec nos alliés également positionnés
sur ce segment, les membres du groupement United Linux
principalement (TurboLinux, Connectiva et SuSE)",
conclut le responsable.
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