Peoplesoft
devient numéro deux des ERP en rachetant JD Edwards
Les deux acteurs du monde des ERP décident de se rapprocher dans un mouvement amical et concerté. Le leader SAP reste cependant encore loin devant. (Mercredi 4 juin 2003)
PeopleSoft ferait-il une très
belle affaire en rachetant son concurrent J.D. Edwards
? Beaucoup le pensent, car J.D. Edwards possède
un important portefeuille de clients positionnés
sur le très prometteur et convoîté
segment des PME et des grosses PME (mid-market),
des entreprises qui réalisent jusqu'à 500
millions de dollars de chiffre d'affaires : 4 500 de ses
6 500 clients font en effet partie de cette catégorie,
selon Gilles Lambret, vice-président et directeur
général pour l'Europe du Sud de J.D. Edwards.
Un
rachat stratégiquement complémentaire Qui plus est, la
complémentarité entre les deux offres semble
presque parfaite tant les deux sociétés
ne jouaient pas jusqu'à présent, selon les
protagonistes de ce rachat, dans les mêmes cours.
PeopleSoft est en effet spécialisée dans
les services - notamment en matière de ressources
humaines et de relation clients - auprès des grands
comptes et du secteur gouvernemental et institutionnel.
J.D. Edwards s'adresse de son côté aux secteurs
manufacturiers, industriels et de la chaîne logistique
- notamment grâce à son module production
- en ciblant les PME.
Avec ce rachat,
le nouveau groupe totalisera 2,8 milliards de dollars
de chiffre d'affaires. Cela équivaut, pour la France,
à l'addition de parts de marchés de 11 %
(PeopleSoft) et 7 % (J.D. Edwards) - soit 18 % -,
derrière SAP et ses 32 % de parts de marché
(sources P. Audoin Consultants).
Combler
l'écart avec SAP Le numéro
3 rachète le numéro 4 et devient le numéro
2 du marché au niveau mondial, devant Oracle. La
situation peut se résumer ainsi. Mais dans la course
à la consolidation qui anime le marché des
ERP depuis quelques années, les différents
acteurs tentent avant tout de réduire l'écart
qui les sépare du leader incontesté SAP.
Baan
: le temps des soldes
Baan, éditeur leader des progiciels d'entreprise
axés sur l'industrie, mais déficitaire,
vient d'être cédé par le groupe
d'investissement Invensys à un autre groupe
financier. Cette cession préfigure la fusion
de Baan avec un autre poids lourd du secteur, SSA
GT, que possède déjà ledit
groupe financier. La transaction avoisine les 135
millions de dollars, soit à peine un cinquième
de la valeur de l'entreprise 3 ans plus tôt.
Le nouveau groupe constitué prend la 4e place
du marché, derrière Oracle.
"Le marché souffre d'une
absence d'alternative complète et de taille suffisante
au mastodonte SAP. Les offres alternatives existent sur
le plan fonctionnel, mais pas au niveau de la taille critique",
précise Gilles Lambret, de J.D. Edwards. Une taille
critique qui faisait elle aussi défaut à
J.D. Edwards dont la croissance du chiffre d'affaires
était insuffisante pour envisager sereinement l'avenir.
Mais
la route vers SAP reste longue Mais le nouveau
groupe, même s'il prévoit de réaliser
des économies d'échelle conséquentes,
de l'ordre de 80 millions de dollars par an pour les dépenses
dites "administratives", va devoir faire face
à l'existence de deux offres parallèles,
même si les deux sociétés déclarent
ne s'être affrontées commercialement que
très rarement par le passé. Il est néanmoins
intéressant de se demander ce que va devenir, par
exemple, l'offre de PeopleSoft à destination des
PME. Ou l'offre CRM (issue du rachat de YouCentric) de
J.D. Edwards. Sans parler de l'intégration technique
en elle même, toujours source de conflits ou de
retards.
"La segmentation sera
très certainement à revoir, il y aura des recoupements
inévitables" déclare Christophe Letellier,
P-DG de PeopleSoft France. Mais le dirigeant est confiant
: "nous développerons des points d'intégration
naturelle entre les deux offres, pour notamment faire
de la vente croisée, de sorte que les offres CRM
et RH de PeopleSoft puissent rencontrer favorablement
les offres manufacturing de J.D. Edwards". Ces points
d'intégration naturelle font d'ailleurs partie
des priorités que l'éditeur a exposées
lors de son Leadership Summit qui vient de se terminer
à Paris.