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Vous en avez assez de nettoyer votre messagerie tous
les matins, de perdre votre temps à trier les messages
importants de toutes les inepties dont on vous submerge
toutes les nuits, de passer des heures à essayer de
paramétrer un filtre efficace qui ne passe pas à la
trappe les messages importants de vos collaborateurs
: bref, vous en avez assez du Spam. Votre réaction est
plus que compréhensible. Mais le phénomène du Spam dépasse
largement cet agacement quotidien. Cela commence à devenir
un véritable fléau économique. Les dernières estimations
du cabinet Jupiter Research sont alarmantes : 260 milliards
de messages non sollicités auraient été expédiés en
2003; près de 5000 milliards le seraient en 2003; et
l'on pourrait dépasser les 10.000 milliards en 2005.
Le
Spam commence donc à constituer une sérieux frein à
la productivité, comme le confirment Frédéric Aoun et
Bruno Rasle, auteurs du très édifiant "Halte au Spam"*.
D'une part, parce qu'il nous empêche désormais de travailler
correctement en mélangeant allégrement les messages
commerciaux "normaux" et ceux qui relèvent
purement et simplement de l'escroquerie; d'autre part,
parce qu'il coûte cher. Loin de se contenter de donner
des recettes techniques pour diminuer la pollution de
nos boîtes, ces deux experts envisagent le phénomène
dans son ensemble en le définissant assez précisément
: "il s'agit d'un e-mail d'exemplaires identiques, envoyé
en nombre de façon automatique, non souhaité, non sollicité,
au contenu non désiré, recueilli sans le plein consentement
du destinataire."
Selon
les deux auteurs, les nuisances du Spam sont multiples
: sollicitation des infrastructures avec un engorgement
significatif du réseau et un allongement des délais
de connexion, perte de productivité avec une dilution
de l'attention sur des messages inutiles, risque juridique
lorsque des salariés attaquent leur entreprise pour
ne pas les avoir protégés d'incitations à la visite
de sites pornographiques. Bref la liste des méfaits
du Spam est longue et l'addition salée : la communauté
Internet supporterait ainsi une charge de 10 milliards
d'euros chaque année à cause des spammeurs. Une sorte
d'impôt sur l'usage d'Internet...
Alors
que faire ? Prendre des mesures juridiques : en France,
la CNIL a à peu près cerné le phénomène mais les spammeurs
ne craignent pas grand chose. Il faudra donc, jusqu'à
ce que la répression soit effective, que chaque entreprise,
chaque internaute comprenne le business des spammeurs
afin de se protéger efficacement. Là encore, l'ouvrage
de Frédéric Aoun et Bruno Rasle représentera une aide
précieuse : les méthodes, les outils, voire les règles
de bonne conduite sont clairement expliqués au lecteur.
Il ne reste alors plus à ce dernier qu'à retrousser
ses manches pour lutter contre cette nouvelle pollution.
Bon courage.
*
Halte au Spam, par Frédéric Aoun et Bruno Rasle, Editions
Eyrolles, 294 pages, 36 euros.
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