La
technologie RFID, permettant le repérage de produits
par radiofréquences, sera-t-elle le "Big Brother"
de demain ? C'est ce que semblent craindre de nombreux
consommateurs, voyant dans ces marqueurs un moyen d'espionner
leurs habitudes de consommation.
Des
documents confidentiels, émanant du consortium
Auto-ID Center
- qui développe actuellement des tags RFID pour
la grande distribution -
et rendus accidentellement accessibles au public,
auraient fait état de ces craintes et adressé
des recommandations aux sponsors afin d'imposer "en
douceur" les marqueurs RFID au grand public.
Un
système de marqueurs par radiofréquences
Les marqueurs
RFID fonctionnent grâce à l'émission
d'ondes radio, qui transmettent les informations contenues
à un récepteur distant (contrairement
à un simple code barre où la proximité
immédiate d'un lecteur est requise). Les données
sont plus ou moins modifiables selon le type de puce
utilisée, inscriptible ou seulement lisible.
Ces puces peuvent trouver des applications dans le domaine
de la grande distribution, mais sont également
très adaptées à la gestion des
stocks, en permettant de suivre les flux de marchandises
très précisement. De même, la technologie
RFID peut servir de système d'identification
lors de contrôles d'accès ou encore pour
les gares de péages.
Le consortium Auto-ID Center
développe, quant à lui, ces tags pour
la grande distribution. L'un de ses 103 sponsors, Wal-Mart
Stores avait ainsi commencé des tests en concluant
un accord avec Gillette, autre sponsor du projet, qui
devait équiper certains produits de puces.
Une
mise en place polémique
Les documents
confidentiels, mis en ligne par erreur et découverts
par CASPIAN (Consumers Against Supermarket Pivacy Invasion
And Numbering), un groupe de défense des droits
des consommateurs, ont trait à la réaction
attendue des consommateurs face à cette nouvelle
technologie. Destinés aux sponsors du projet,
ils décriraient une stratégie de réponse
aux attaques contre les tags RFID et de suggestions
de contre argumentations telles que comparer les puces
à de simples codes-barres, afin de prévenir
les oppositions a priori inévitables du public.
Le grand tabou de la traçabilité
figure en effet en plein coeur du sujet: d'après
un sondage réalisé par Auto-ID, 78% des
particuliers s'inquiètent des problèmes
de transgression des libertés individuelles que
pourrait provoquer la technologie RFID. L'organisme
CASPIAN s'est également déclaré
inquiet quant aux possibles utilisations détournées
de ces marqueurs.
Remise
en question ?
Désireux
de se justifier, le groupe aurait par la suite souhaité
rappeler que le marquage RFID est valide jusqu'à
l'achat, et non lorsque le produit est entré
en possession du consommateur. En outre, il aurait également
annoncé que le consommateur serait informé
de la mise en place de marqueurs RFID, et serait donc
en droit de refuser de tels systèmes.
La
reprise d'une telle polémique semble néanmoins
avoir incité Wal-Mart à s'orienter vers
d'autres aspects du produit. Après avoir abandonné
son partenariat avec Gillette, la compagnie a déclaré
vouloir se concentrer davantage sur les aspects de suivi
de flux de marchandises.
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