Deux jours seulement après
la divulgation par SCO, lors d'une conférence
à Las Vegas, des parties de code Unix qui auraient
été copiées dans le système
d'exploitation Linux, le mouvement Open Source jette
le doute sur les
affirmations de l'éditeur.
En voulant faire la preuve des accusations
portées contre IBM et l'ensemble des utilisateurs
de Linux dans un cadre commercial, SCO s'est en fait
exposé aux critiques et aux moqueries: d'après
plusieurs acteurs du monde du logiciel libre ayant eu
accès aux slides de la présentation, les
codes prétendument plagiés... n'appartiendraient
pas à SCO !
Coup
de théâtre manqué pour SCO
Durant la conférence,
SCO a choisi de dévoiler deux échantillons
du code Unix System V, qui, comparés au code
Linux, devaient lui permettre de convaincre des similitudes
existant entre l'un et l'autre. Malgré toutes
les précautions mises en oeuvre par SCO, qui
avait masqué une partie du code présenté
et fait signer une clause de non-divulgation aux spectateurs
de la conférence, des photos des slides concernant
le premier exemple de code ont été diffusées
dès mardi par le journal allemand Heise. Le second
exemple de code a par la suite été dévoilé
par SCO à IDG News Services.
En décodant les caractères grecs (à
l'aide d'un simple changement de police) utilisées
pour brouiller une partie des lignes de code diffusées,
Bruce Perens, fondateur de l'organisation Open Source
Initiative, aurait découvert
que le premier exemple de code viendrait d'un logiciel
placé sous licence Open Source BSD.
Selon le développeur, le code présenté
aurait pour origine le pare-feu Berkeley Packet Filter
(BPF), un logiciel développé par le laboratoire
Lawrence Berkeley.
Selon Bruce Perens, le code ayant été
légalement copié à la fois dans
Unix et dans Linux, il est donc parfaitement normal
de trouver des similitudes entre ceux-ci, SCO ne possédant
en aucun cas des droits sur ces lignes de code.
Les preuves sont encore à faire
La deuxième
portion de code concernait quant à elle les fonctions
d'allocation de mémoire implémentées
dans Unix System V. SCO s'était attaché
à mettre en avant la ressemblance entre ce code
et certaines lignes du kernel. Selon Bruce Perens, cette
portion appartiendrait à un code placé
sous licence Open Source d'abord par AT&T (ancien
propriétaire d'Unix), puis en 2002 par
SCO lui-même, alors nommé Caldera. La retranscription
du code dans le noyau Linux serait donc légale,
affirme le développeur.
En outre, M. Perens fait état
de nombreuses erreurs de codage, qui empêcheraient
selon lui de compiler le code présenté.
"Il ne peut pas s'agir d'une portion de code Linux",
affirme-t-il.
La réponse
de SCO ne s'est pas faite attendre. Le porte-parole de
la société a affirmé que celle-ci
connaissait exactement les portions de code Unix sur lesquelles
portent ses droits, et n'aurait cité ces deux exemples
figurant parmi de nombreuses autres violations. Suite
à l'échec de la conférence, SCO doit
néanmoins encore prouver qu'il est bien le propriétaire
de portions de code copiées illégalement
dans Linux, une mission délicate selon les experts,
au vu des échanges réalisées entre
les communautés Unix et Linux depuis des années.
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