Victime de piratages à répétition de son site, SCO a sommé un membre éminent de la communauté Open Source de dénoncer un coupable. La réaction virulente de Linus Torvalds, fondateur de Linux, ne s'est pas faite attendre... (Vendredi 12 septembre
2003)
La guerre qui oppose le clan
SCO au clan Linux dépasse désormais de loin
le cadre d'un simple procès pour violation de brevets.
Tandis que SCO avance par coups de bluff et intimidation
en facturant les
utilisateurs de Linux, sans même avoir fait la preuve
de ses droits sur le code Linux, certains partisans Open
Source ont entamé une petite guérilla contre
l'éditeur, et lancé trois attaques en déni
de service cet été contre le site de SCO.
Dans une "lettre ouverte à la communauté
Open Source", Darl McBride, directeur de SCO, a donc
sommé Eric Raymond, l'un des fervents défenseurs
du système libre, de dénoncer l'un des coupables
de ces attaques, dont il connaîtrait l'identité.
Côté Open Source, la riposte ne s'est pas
faite attendre. Deux lettres ouvertes cinglantes, rédigées
par Linus Torvalds, fondateur de Linux, Bruce Perens,
un développeur du système libre et Eric
Raymond, répondent à leur tour à
SCO, l'acccusant de calomnie.
Duel
par lettres ouvertes Après l'une
des attaques en déni de service qui avait mis le
site de SCO hors service durant près de trois jours,
Eric Raymond, président de l'association Open Source
Initiative, avait fait savoir qu'il détenait certaines
informations sur le pirate. E. Raymond avait par la suite
enjoint celui-ci à cesser ses agissements, ce qui
lui avait alors valu la reconnaissance de SCO. Laquelle
fut apparemment de courte durée...
Le ton est rapidement monté à la suite de
cette lettre. Les trois défenseurs de Linux
ont dénoncé ce comportement contradictoire,
et
ont fait savoir que Eric Raymond ne connaissait pas l'identité
du pirate, n'ayant pas été en contact direct
avec lui. Linus Torvalds a en outre raillé la stratégie
de SCO, qui aurait selon lui "gaspillé tout
son argent, et tenterait désormais de se servir
du système judiciaire américain comme d'une
loterie."
Si
la stratégie de taxation du code Linux par SCO
reste incompréhensible, voire criticable aux yeux
de nombreux analystes, tels ceux de Yankee Group ou d'Aberdeen
Group, les attaques lancées contre le site de SCO
semblent inaceptables aux yeux des professionnels et risquent
bien de porter atteinte à la crédibilité
de la communauté Open Source.En outre, que les
allégations de SCO soient ou non fondées,
elles ont le mérite de soulever pour la première
fois de bonnes questions quant aux pratiques de développement
des logiciels libres.
Des menaces judiciaires
aux attaques informatiques, la bataille juridique qui
oppose SCO et Linux s'enlise. SCO, actuellement en procès
avec IBM et Red Hat, et vraisemblablement sur le point
d'intenter une action contre Silicon Graphics, a par ailleurs
annoncé son intention de punir les pirates à
l'origine des attaques lancées contre son site.
Contrairement
à de nombreuses entreprises, telles Dell,
Red Hat ou IBM, Sun envisagerait de mettre en
place un plan de d'indemnisation de ses clients
au cas où ceux-ci feraient l'objet de
poursuites judiciaires de la part de SCO. Une
surtaxe portant sur la licence Java 2 Micro
Edition ferait ainsi office d'assurance contre
d'éventuels problèmes judiciaires.
Sun explique cette mesure par le grand nombre
de ses clients utilisant Java en combinaison
avec un OS Linux.