Le
pôle conseil de Deloitte France prend son indépendance
Une trentaine d'associés ont décidé de racheter les activités de conseil de Deloitte, afin d'acquérir la nécessaire indépendance requise par rapport au pôle d'audit. (Jeudi
23 octobre 2003)
Confrontées à
des contraintes réglementaires de plus en plus
fortes (loi de sécurité financière, double commissariat
au compte, etc.) mais aussi à la pression de clients
qui ne veulent plus que l'audit et le conseil soient assurés
par une même entité, les acteurs pluridisciplinaires
- tels que Deloitte - s'organisent.
Anticipant le mouvement de fond qui est en train de s'opérer
sur ce terrain, vingt-neuf anciens associés (actionnaires
ou non) de Deloitte France ont procédé à
un R.E.S. (Rachat de l'Entreprise par les Salariés)
appliqué aux activités de conseil en stratégie,
en organisation et en systèmes d'information de Deloitte
France. La nouvelle structure s'appelle INEUM
Consulting (prononcer "inéom").
Indépendance
fermement affichée "Le double
commissariat au compte imposé aux sociétés
cotées signifiait que nous étions mathématiquement
dans l'impossibilité, au sein de Deloitte, de conseiller
50% de ces entreprises. Plutôt que de voir l'activité
décliner, nous avons préféré
anticiper les choses", précise Didier Taupin,
président du directoire d'INEUM Consulting.
La nouvelle structure se définit comme totalement
indépendante, les 17,5% du capital détenus
par Deloitte France - sans droit de vote ni contrôle
sur le management - étant destinés à
disparaître d'ici à cinq ans.
"Nous avons passé avec Deloitte un accord
de partage des connaissances et d'accès aux méthodologies
pour pouvoir continuer de se connecter à son système
de knowledge management, ajoute Didier Taupin. Mais il
n'y aura aucun flux financier ni contrat de sous-traitance
entre Deloitte et nous. Si un client veut de l'audit chez
Deloitte et du conseil chez Ineum, deux contrats distincts
seront signés", conclut le dirigeant. A noter
que les plates-formes informatiques des deux sociétés
seront, elles aussi, désimbriquées.
Des
perspectives de croissance raisonnables
Pour l'exercice 2003/2004, qui sera clos fin mai 2004,
l'équipe dirigeante table sur un chiffre d'affaires
étal par rapport à l'exercice 2002/2003,
à savoir 85 millions d'euros (chiffre d'affaires
pro forma). La reprise de la croissance de l'activité
est attendue pour 2005 et dès que les entreprises
auront retrouvé leur santé, des taux de
croissance à deux chiffres sont espérés.
Le
capital d'INEUM
Consulting
- 41 %
: associés opérateurs
- 40 % : 3i
- 17,5 % : Deloitte (sans droit de vote
et voués à disparaître d'ici
5 ans)
- 1,5 % : Jacques Manardo (Président
du Conseil de surveillance)
Le chiffre d'affaires se ventile
actuellement de la manière suivante : 20 millions
d'euros pour, respectivement,
l'activité investissement/finance, le manufacturing
et pour un pôle
dénommé "services" (secteur public,
santé, prévoyance, immobilier...). Le reste
est assuré à hauteur de 7 millions d'euros
par, respectivement, le consumer business, les
telecoms et le secteur énergie. A l'heure actuelle,
500 consultants composent les équipes d'INEUM.
L'opération de R.E.S. a été organisée
avec le concours du capital risqueur 3i, qui a déjà
réalisé 16 opérations de ce type
en Europe pour un montant global de 2,6 milliards d'euros.