L'inde continue d'attirer par milliers les délocalisations d'emplois IT venant des pays occidentaux. Quels sont ses atouts et ses perspectives de ce point de vue ? (Mercredi
14 janvier 2004)
On ne compte plus les déclarations
de sociétés américaines ou européennes
annonçant leur intention de délocaliser
une partie de leurs effectifs en Inde (ou de les renforcer)
ou encore d'investir de fortes sommes dans ce pays pour
y implanter une de leurs structures.
Que ce soit IBM, Veritas, Accenture, EMC, SAP, Altavista,
AOL ou Norwich Union - pour ne citer que ces sociétés
-, le choix de l'offshore touche plusieurs types de départements
: recherche & développement, centres d'appels,
centres de développement mais aussi parfois les
unités administratives...
Qualification
et communication au rendez-vous Cet engouement
s'explique notamment par un niveau de qualification local
élevé (notamment chez les ingénieurs
informatiques), un fort soutien étatique et une
facilité pour parler l'anglais, sans accent trop
prononcé. La qualité croissante des infrastructures
de communication nationales
et internationales permet en outre des échanges
longue distance performants.
Le gouvernement indien
a cependant récemment dû intervenir pour
défendre ce mouvement de fond - qui lui est fortement
bénéfique - contre les attaques de certains
syndicats ou hommes politiques, notamment américains
ou anglais, qui dénonçaient les pertes d'emploi
dans leur pays. Certaines sociétés comme
Dell ou certains Etats américains comme l'Indiana
ont récemment pris conscience des risques à
la fois qualitatifs et d'image liés à l'offshore.
Dell a purement et simplement rapatrié un de ses
centres d'appels et l'Indiana a annulé un contrat
d'outsourcing de 15,4 millions de dollars.
Des
emplois de plus en plus qualifiés Selon Deloitte
Research, ce sont quelque deux millions d'emplois qui
vont se déplacer des pays occidentaux vers l'Inde
d'ici 2008, dont une bonne partie sera qualifiée
et spécialisée dans les services "business".
Ce mouvement contrastera avec l'actuelle tendance qui
voit les centres d'appels embaucher par centaines des
chargés de clientèle peu qualifiés
traitant les courriels et appels au sein de centres CRM
multi-canaux de sociétés occidentales.
Selon les prévisions indiennes, la croissance globale
du pays devrait en outre être de 7% en 2004. Il
y a fort à parier - et les déclarations
dans ce sens se multiplient - que le phénomène
de délocalisation des équipes du secteur
IT en Inde ne s'arrêteront pas en chemin. Selon
ContactBabel.com, le salaire annuel d'un agent indien
en début de carrière est de 1 500 livres
sterling alors qu'il faut compter 13 000 livres pour son
équivalent anglais. Au niveau managerial, la différence
est également là : 5 000 livres contre
27 000 en moyenne.
Mais les entreprises qui se
lancent dans ce genre de projet sont bien conscientes
que les économies potentiellement réalisables
ne sont pas si facilement atteignables et qu'une organisation
et des processus sans faille doivent être présents
en leur sein, sous peine de voir leur investissement offshore
se transformer en véritable sinécure.