SCO s'est lancé courant
2003 dans une gigantesque bataille juridique ciblant les
acteurs informatiques positionnés sur le segment
Linux. Principal argument avancé par l'éditeur
: les grandes similitudes du code de l'OS Open Source
avec celui de son propre Unix (System V).
Le conflit a démarré fin 2003 avec des éditeurs
de logiciels et IBM en particulier; SCO est sur le point
de l'étendre et envisage désormais de s'attaquer
aux utilisateurs finaux de Linux... Lors d'un entretien
qu'il nous a accordé jeudi 15 janvier, Chris Sontag,
Senior Vice President et General Manager de SCOsource,
est revenu sur les tout derniers rebondissements de cette
affaire.
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Quelle est l'orgine du procès que vous avez intenté
à IBM ?
Suite au rachat
d'UnixWare et d'OpenServer, il a été décidé
courant 2002 de remettre à plat le positionnement
produit du groupe SCO (ex-Caldera) sachant que nous disposions
dès lors d'une distribution Linux et de deux versions
du système Unix - dont Unix System V. Après
avoir mené diverses enquêtes client, la direction
générale a très vitre envisagé
de combiner certaines bibliothèques Unix avec le
noyau Linux. L'objectif étant d'améliorer
les performances globales de nos plates-formes.
Dans la foulée, nous avons contacté plusieurs de
nos partenaires distributeurs pour préparer la
mise en oeuvre du projet. A cette occasion, nous avons
été surpris de constater qu'IBM considérait
notre initiative d'un mauvais oeil. En y regardant de
plus près pour essayer de comprendre cette réaction,
nous nous sommes rendu compte qu'IBM ne nous avait pas
attendu pour mettre en oeuvre cette idée: il exploitait
en effet déjà des extraits de programmes
issus de son système Unix (AIX), qui, rappelons-le,
s'adosse à Unix System V, au profit de ses développements
Linux [Open Source]...
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Ce qui vous a conduit à rompre le contrat signé
avec Big Blue autour d'Unix System V et à entamer
des poursuites ?
C'est exact.
En utilisant des codes issus d'AIX au sein de produits
Linux, IBM violait une partie de notre accord. Il s'agissait
notamment de la clause l'engageant à ne pas reprendre
le contenu de son produit au sein d'offres dérivées
(ou non-derivated clause). Des poursuites en
ont été initiées contre IBM par
la suite pour préjudice subi [NDLR ce procès
est en cours].
Dans les mois qui ont suivi, nous avons mis le doigt
sur des cas équivalents chez d'autres éditeurs,
Silicon Graphics par exemple... Nous avons découvert
que ces travaux d'adaptation, réalisés
pour la plupart en lien avec le projet Open Source de
Linus Torvald, avaient contribué à déplacer
des extraits entiers du code de l'Unix System V dans
plusieurs versions du noyau Linux, les versions 2.2,
2.4 et 2.6 notamment. Fin 2003, SCO s'est attelé
à sensibiliser les distributeurs Linux au problème.
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Quelles sont les mesures concrètes que vous allez prendre
?
Une campagne
de communication a été menée auprès
de nos clients. Il leur a notamment été
demandé de réaliser des audits quant à
l'utilisation de leur code source basé sur Unix
System V.
En outre, nous venons de
lancer au niveau mondial un programme de licence de
propriété intellectuelle à destination
des sociétés exploitant Linux dans un
cadre commercial. Il a pour but de leur permettre de
tirer parti des codes SCO contenus dans leur distribution
en évitant de violer les droits de propriété
intellectuelle que nous détenons.
Pour l'heure, entre 10 et 12 sociétés
(parmi les 25 contactées directement) ont d'ores
et déjà souscrit à ce programme.
Notez que nous n'excluons aucune solution le cas échéant,
y compris le lancement de poursuites - que ce soit contre
des grands groupes ou contre des PME d'ailleurs.
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