Martin
Fink (Hewlett Packard) : "Le marché des Unix est trop
important pour être abandonné"
A l'occasion du salon Solutions Linux, focus sur la stratégie Linux du constructeur et zoom sur une offre qui vient en complément de son Unix historique (HP-UX). (Mercredi 4 février 2004)
A l'occasion du salon Solutions
Linux, qui se tient actuellement au CNIT de la Défense,
le vice-Président Linux de Hewlett Packard - Martin
Fink - revient sur la stratégie Linux du constructeur,
sur son implication au sein de la communauté des
développeurs Open Source et sur la complémentarité
des offres Linux et Unix (HP-UX), sans oublier l'incontournable
affaire SCO contre laquelle HP a décidé
de couvrir ses clients, en prenant en charge tous frais
de justice éventuels.
JDNet Solutions. Comment décrire
la stratégie Linux de Hewlett Packard ? Martin Fink. Notre stratégie
repose sur une volonté clairement affichée
de proposer à nos clients une qualité de
service identique quel que soit l'environnement considéré
: Windows, HP-UX et Linux. C'est pourquoi l'ensemble de
nos serveurs, solutions de stockage, logiciels, stations
de travail, PC portables et un panel très large
de services sont désormais multi-systèmes
d'exploitation et supportent Linux.
Notre
implication au sein de la communauté des développeurs
Linux est par ailleurs, depuis 10 ans, toujours aussi
forte. Nous sommes membres fondateurs du Linux Standards
Base (LSB), de l'OSDL (Open Source Development of Linux),
de Linux International et membres notamment du projet
Eclipse et du Linux International Board. Nous supportons
aujourd'hui les distributions Red Hat, SuSE, TurboLinux,
Debian et Connectiva.
Comment
Linux s'accorde-t-il avec
HP-UX, votre
propre Unix ?
Le marché des Unix devrait être stable jusqu'en
2007, peut-être légèrement en baisse,
le volume d'affaires annuel atteignant les 20 milliards
de dollars (pour les serveurs). Windows, qui progresse
de 18% par an en moyenne, devrait également atteindre,
toujours pour les serveurs, un volume de 20 milliards
de dollars. Linux, de son côté, passera de
3 à 9 milliards de dollars.
Comme vous pouvez le constater, il n'y a clairement pas
chez nous de projet d'abandon de HP-UX ou de plan de migration
systématique vers Linux. Le marché est trop
important, il faut le laisser grandir, tout simplement.
Cela fait 20 ans que nous vendons des solutions HP-UX
et nous possédons une base de clients bien établie,
qui ne change pas de système du jour au lendemain.
Nous continuons donc d'investir dans HP-UX. En fait, entre
HP-UX et Linux, la différence se situe dans la
façon d'aborder le développement des applications.
Deux logiques sont en effet ici présentes : le
scale up (un seul gros système) ou le scale
out (plusieurs petits systèmes). C'est au client
de choisir ce qu'il souhaite pour son entreprise.
Vos
choix irritent-ils votre partenaire Microsoft et comment
réagissez-vous aux actions de SCO ? Nous avons un très
fort partenariat avec Microsoft en effet mais nous leur
expliquons que ce qui compte avant tout, c'est le choix
des clients. Les clients ne viennent pas en disant "je
veux du Microsoft ou du Linux", ils ont simplement
besoin d'une application donnée pour résoudre
un problème, et nous leur proposons plusieurs environnements
pour cela. Il y a parfois des tensions avec Microsoft,
des conflits, mais nous les gérons de mieux en
mieux.
Quant à SCO, c'est un éditeur dont l'Unix
n'était plus bien accueilli par les clients. Sa
réflexion a été de se dire que ce
qui lui restait, c'était de la propriété
intellectuelle, c'est tout le sens de leurs actions en
ce moment. Si SCO réussit dans ses démarches
judiciaires, ses seuls revenus seront issus des licences
de sa version d'Unix. Sinon, je pense que la société
disparaîtra.
En tout état de cause,
chez HP, nous avons analysé le risque que SCO pouvait
représenter et nous avons décidé
de le couvrir : si nos clients sont poursuivis par SCO,
les coûts légaux seront intégralement
pris en charge par Hewlett Packard, car ce qui peut faire
peur à certains de nos clients, ce n'est pas de
perdre un procès contre SCO, mais de devoir dépenser
des sommes importantes pour se défendre.